AGRIPPA D'AUBIGNE (1552-1630)
Agrippa d'Aubigné est un battant. Figure originale et ardente, autant homme d'épée qu'homme de plume, il a engagé ses qualités de guerrier et d'écrivain au service de la cause protestante pendant les guerres de religion. Son oeuvre longtemps ignorée a été redécouverte au XIXème siècle et appréciée comme l'expression caractéristique de la littérature baroque en France.
Orphelin de mère, Agrippa d'Aubigné reçoit de son père une éducation soignée. Il fait de solides études à Genève et comprend le latin, le grec et l'hébreu. Très jeune, un événement va décider de toute sa vie; il a huit ans lorsque son père lui fait jurer de se consacrer à la vengeance les chefs protestants décapités après l'échec de la conjuration d'Amboise. Trois ans plus tard, son père meurt, mais l'enfant tient son serment.
A seize ans, il rejoint les rangs des huguenots; dès lors, il vit en homme de guerre. C'est par miracle qu'il échappe au massacre de la Saint-Barthélémy; mais en 1572 il est blessé au combat. Il est recueilli et soigné par une jeune fille dont il tombe amoureux: Diane Salviati. Mais il est protestant et elle est catholique, le mariage est impossible.
Il devient l'écuyer d'Henri de Navarre, futur Henri IV, et aussi l'un de ses principaux conseillers. Une nouvelle fois grièvement blessé au combat en 1577, il est contraint au repos et commence son oeuvre majeure: les Tragiques. Se sentant trahi par la conversion d'Henri de Navarre au catholicisme en 1593, Agrippa d'Aubigné se retire en Vendée dans une place-forte protestante. Mais il doit finalement se réfugier à Genève où il continue à travailler aux Tragiques et où il meurt en 1630.
Soldat autant que poète, il s'est fait le champion de la cause protestante. Passionné et intransigeant, il ne faiblit jamais dans la défense des huguenots et il ne pardonne pas à Henri sa conversion. Violent, il attaque ses ennemis avec une férocité qui semble parfois rejoindre le fanatisme. Mais c'est aussi un homme sensible épris d'un idéal de justice et dans les Tragiques il prend la défense du petit peuple, des faibles et des opprimés contre les injustices des grands.