LIRE & ECRIRE AU 19ème SIECLE
Reconnaissance des droits d'auteur
C'est la Révolution de 1789 qui institue le droit de propriété de l'auteur sur son oeuvre. Le droit d'auteur est "la plus sacrée, la plus personnelle de toutes les propriétés" (loi Le Chapelier du 19 janvier 1791).
Les écrivains peuvent désormais vivre de leur plume mais sont soumis aux lois du marché commercial.
Un roman de Victor Hugo publié 2500 exemplaires est payé 3000F à 4000F à l'auteur, un roman de Balzac tiré à 1200 exemplaires est payé 1000F, un recueil de poésie de Musset tiré à 500 exemplaires est payé 200F (à cette époque, le salaire moyen par jour d'un ouvrier est de 1 à 3F).
La littérature à l'école
En 1880, les programmes de français des lycées modifiés, des notions d'histoire littéraire sont ajoutées. Il faut transmettre aux élèves des connaissances sur la vie et sur les oeuvres des auteurs reconnus.
L'image du "grand écrivain" qui s'est construit tout au long du 19ème siècle va marquer durablement l'enseignement de la littérature, les biographies des manuels scolaires en témoignent.
Les cabinets de lecture et le colportage
Dans la première moitié du 19ème siècle, à Paris et dans certaines villes de province, se développent des "cabinets de lecture". Ce sont des lieux où l'on peut louer des livres à lire sur place ou à emporter chez soi.
Dans les campagnes, comme sous l'Ancien Régime, des petits boutiquiers ambulants proposent en plus de leur marchandise (petis objets de mercerie ou de quincaillerie) des ouvrages de littérature populaire c'est "la littérature de colportage".
La presse
Le 1er juillet 1836, deux nouveaux quotidiens sont lancés, La Presse par Emile de Girardin et Le Siècle par Armand Dutacq. Leur succès est imposant, ils sont beaucoup chers que les journeaux existants et ils innovent en publiant des romans-feuilletons. Alexandre Dumas, Eugène Sue et Honoré de Balzac y publient leurs romans en feuilleton.
Naissance de l'édition moderne
L'édition prend un nouvel essor au 19ème siècle grâce à plusieurs facteurs:
► La Révolution de 1789 donne la liberté de publier (à noter que cette liberté est fragile, Napoléon en 1810 rétablit l'autorisation préalable à l'édition d'un livre)
► Le développement de l'enseignement primaire et secondaire s'accompagne d'une demande importante de livres
► Les progrès techniques facilitent la fabrication et la diffusion des livres.
Louis Hachette est l'exemple de l'éditeur moderne. Vers 1835, il se lance dans l'édition de manuels scolaires; il crée une véritable entreprise capitaliste et engage des banques dans ses publications.
(...) Le chemin de fer est en pleine expansion, comme l'a été l'école en 1833. Louis Hachette propose aux compagnies de chemin de fer de créer, sur le modèle anglais, des bibliothèques de gares. La première s'ouvre à la gare du Nord le 21 mars 1853 et à la fin du siècle, Hachette a couvert la presque totalité du réseau ferré avec 1179 points de vente. L'initiative est féconde: elle utilise à la fois le moyen de pénétration géographique en plein développement qu'est le train, et le créneau d'une clientèle aisée et oisive durant de longues heures de "loisirs forcés"(...).
En 1855, Louis Hachette rachète le fonds Lecou qui comprend notamment des oeuvres de George Sand, Victor Hugo, Théophile Gautier et Gérard de Nerval. L'année suivante, il rafle tous les in-18˚de Hugo. Grâce aux ventes de ce format courant, il parvient à dépasser les tirages de Lévy, l'éditeur attiré du grand écrivain. (...) Il lance quelques-unes des grandes aventures intellectuelles du 19ème siècle: "le Littré" et "l'Histoire de France" de Lavisse.
"La saga de Louis Hachette", entretien avec Jean Hebrard, L'Histoire, no 100, mai 1987,
D.R.