Hakkımda

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Şişli / İstanbul, (0533 2490843) vildan_ornadis@hotmail.com, Türkiye
Chers abonnés et visiteurs du blog;Tout au long de ma vie scolaire,j’ai reçu un enseignement français.Après avoir terminé le collège français “Sainte-Pulchèrie” j’ai continué à ma vie lycéenne au “Lycée Français Saint-Michel”.J’ai reçu mon diplôme de fin d’études secondaires 3 ans plus tard. À la suite du lycée,j’ai étudié la philologie et la littérature française à “L’Université d’Istanbul, dans “La Faculté des Lettres”;simultanément j’ai étudié la formation pédagogique à L’Université d’Istanbul,dans“La Faculté d’Éducation”(“Formation à L’Enseignement”).Après 4 ans d’études de double licence je suis diplômée en tant que philologue,aussi professeur de français.Toutes les formations que j’ai acquises m’ont perfectionnée dans les domaines tels que la langue, la littérature et la culture française ainsi que la formation pédagogique. Depuis 11 ans, je partage mes connaissances avec ceux qui veulent apprendre la langue,la culture et la civilisation française. J’enseigne les gens de tout âge et de tout niveau depuis les élèves des écoles françaises,jusqu’aux étudiants de diverses universités sans oublier les hommes ou femmes d’affaires ni les amateurs de la francophonie

Présentation

Sevgili Blog Takipçileri;
Tüm eğitim hayatımı fransızca gördüm. İstanbul'da bulunan‘’Özel Sainte-Pulchérie Fransız Kız Ortaokulu’’nu bitirdikten sonra liseyi İstanbul'da bulunan ''Özel Saint-Michel Fransız Lisesi’’nde okudum. Ardından ‘’İstanbul Üniversitesi Edebiyat Fakültesi Batı Dilleri ve Edebiyatları Bölümü‘’ içinde yer alan ‘’Fransız Dili ve Edebiyatı Anabilim Dalı’’nda dört yıllık lisans eğitimimi tamamladım.Bu süre içerisinde ‘’İstanbul Üniversitesi Eğitim Fakültesinde Pedagojik Formasyon’’ alanında eğitim görüp çift anadal diploması aldım. Böylece hem filolog (Dilbilimci) hem de öğretmen olarak mezun oldum. Aldığım bütün bu eğitimler bana hem Fransız Dili, hem Fransız Edebiyatı hem de Pedagoji alanlarında büyük bir yetkinlik sağladı. Onbir yıldır teorik olarak edindiğim tüm bilgileri, pratikte bu dili ve kültürü öğrenmek isteyen her yaştan her gruptan kişilere aktarıyorum. İstanbulda bulunan fransız kolejlerinde eğitim gören öğrenciler başta olmak üzere üniversite öğrencileri, iş adamları, fransız kültürüne meraklı olup kendini geliştirmek isteyen her yaştan her meslek grubundan kişiler meslek hayatım süresince öğrencim olmuştur ve olmaya devam edecektir.

EĞİTMENLİK YAPTIĞIM ALANLAR ►

MES DOMAINES D'ENSEIGNEMENT-EĞİTMENLİK YAPTIĞIM ALANLAR

Grammaire – Littérature – Biologie ( Pour les élèves des écoles françaises - Fransız kolejlerinde eğitim gören öğrenciler için )

Préparation au concours organisé par L'Université de Galatasaray - Galatasaray Üniversitesi iç sınavına hazırlık

Préparation au concours de langue étrangère - YDS (Üniversite Yabancı Dil sınavı) ye hazırlık

Toutes sortes de conseils d'orientation scolaire en France (licence, master) - Fransa’da yüksek öğrenim (lisans , yüksek lisans) görmek isteyen öğrencilere, üniversite seçimlerinden motivasyon mektubu yazımına kadar her türlü alanda eğitim danışmanlığı

Etudes spéciales (privées ou en groupe) pour les adultes -Yetişkinler için kişiye özel birebir ve grup çalışmaları

Cours de la langue Turque (grammaire - conversation) pour les étrangers - Yabancılara türkçe (dil bilgisi ve konuşma) dersleri

BLOGU BİRLİKTE GELİŞTİRELİM (Développons ensemble le contenu du blog)

Le contenu du blog est bilingue. Le blog sera développé grâce à la contribution des abonnés. On présentera les oeuvres des écrivains français, on partagera des résumés ainsi que des analyses et des commentaires sur le blog. Pour mieux concevoir la littérature contemporaine, on va traiter les nouveaux auteurs et courants, on va discuter sur les extraits de leurs oeuvres pour autant la littérature classique et antique. On va honorer les célèbres auteurs classiques en parlant de leurs oeuvres et des courants qu'ils ont initiés à la très chère littérature française. Parfois, on parlera d'une époque soit artistique, soit historique; ou bien on va donner des informations générales ou spécifiques sur la France, la culture française etc...
Pour tout cela il est nécessaire que nos abonnés soient en contact et en collaboration avec nous.

İçerik hem türkçe hem fransızcadır. Siz takipçilerin katkılarıyla gelişecektir blog yazıları. Fransız yazarların eserlerinin tanıtımı kimilerinin özetleri, farklı dönemlerden yazarlar ve eserleri hakkında analiz ve yorumlarla çeşitlendireceğiz blogumuzu. Klasik edebiyata olduğu kadar çağdaş metinlere de önem vereceğiz yeni yazarları işleyeceğiz eserlerinden alıntılar yapacağız. Kimi zaman bir dönemi ele alacağız, bazen de Fransa ile ilgili genel bilgiler, tanıtımlar yapacağız. Katkılarınızı bekliyoruz...

Merci Bien - Teşekkürler

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Böylece,bir gün üyesi olmayı hedeflediğimiz Avrupa Birliğine katıldığımız zaman farklı kültürlere uyum sağlamakta zorluk çekmeyeceğiz.

3 Mart 2011 Perşembe

L'INTELLIGENCE D'UN CHIEN

Louis-Frédéric Rouquette (1884-1926) dans le grand silence blanc évoque sa vie à travers les solitudes glacées de l'Alaska. Un jour qu'il a fait halte dans un bouqueteau, le chien de tête de son attelage, Tempest, le force à repartir.

-En route puisque vous le voulez. Vosu êtes le maitre de ma vie allez devant, je vous suis...
Pendant que j'attelle ses compagnons Tempest reste à mes côtés surveillant tous mes gestes; la dernière courroie serrait, il va de lui-même se placer en tête. A peine son harnais est-il assuré, qu'il lance l'appel du départ et file un train d'enfer.
J'ai juste le temps de sauter sur le takou où je tombe debout, les reins en main.
Il a le diable dans le corps, il tire de tous ses muscles, existant les autres chiens de la voix; ceux-ci, gagnaient par cette belle ardeur, dont toutes leurs forces; si l'un deux paraissent ou se ralentit, le chien d'à côté lui morde les pattes.
La vitesse les grise... Jamais mon team n'a donné un tel effort. Vainement, j'essaie de modérer son ardeur. Allez donc vous faire écouter de ces labradors et de ces huskies conduits comme des enragés par un fou comme Tempest.
Je les salais, les guides molles. Le chien ne se sentant plus soutenu, redoublant d'ardeur. Nous prenons des virages fantastiques, mon équipe est attelée à la façon indien. Automatiquement l'éventail se referme. Nous frôlons des gouffres sombres, nous rasons des satins dont les branches me gifflent au passage.
-Holà, démonce, arrêtez-vous!
Le team n'obéit plus à ma voix. Les chiens suivent, la langue en loque, les flancs en soufflet Tempest qui tire, tire, tire...
J'ai la sensation nette qu'au premier tournant, nous allons nous briser. Il n'en ai rien. Le virage est pris avec une courbe savante. Nous dévalons. Enfin, nous voilà dans la plaine...
Alors, seulement Tempest s'arrête, les jarrets raidis, comme pour soutenir seul toute la charge. Heureusement, les autres chiens ont aussi freiné. Je tombe moi-même sur les genoux, n'importe. Ils ont reçu un fameux choc. Le traineau pattine. Trois chiens, s'affaissent dans la neige en hurlant... Je me précipite. Un examen sommaire. Rien de cassé. Je saute sur le siège.
-Allons, mes petits frères, en route!
Personne ne bouge. Je descend et les excite de la voix:
-Mush on, mush, boys...
Rien n'y fait. Pour me narguer, Tempest se couche sur le flanc. Je prends le fouet. Le fouet claque, je tire sur les courroies. Les chiens n'ont pas fait un pouce en avant...
-Vous n'allez pas me planter là, je suppose.
Alors Tempest se dresse et de ses pattes de devant, il fouille le sol et lance la neige à gauche et à droite.
-Tu veux te reposer? Je sais vous m'avez conduit d'un train peu ordinaire, mais le but n'est pas ici...
Pour toutes réponses Tempest gratte, gratte, gratte furieusement.
Découragé, je dételle le team. Aussitôt libre, les chiens font leur trou comme pour se coucher.
La neige est bientôt déblayée, l'ouverture à ses larges, les bêtes se tapissent.
Tempest a fait son trou plus vite que les autres, mais il est aussitôt ressorti.
Ses bonc grands yeux me regardent et me disent:
-Comment, tu ne te couches pas aussi?... Vite, vite, fais comme nous:
Il va vers son gite, reviens vers moi, et ne me quitte plus du regard. Alors, pour faire comme lui, dans cette immensité où rien ne parait ou rien ne vit, ayant rangé mon traineau et sorti mes outils, je commence à construire un abri pour la nuit.
Hâtif, je façonne une hutte de neige, un igloo à la façon des esquimos. Un peu d'eau jetée sur les blocs les unit plus solidement que le meilleur mortiller. Au bas, j'ai ménagé une porte étroite sous laquelle on passe en rampant. On pénètre ainsi dans une chambre circulaire de quinze pieds de diamètre... Je jette sur le sol battu, deux peaux de phoque et une couverture. Je ménage une place pour ma cantine... Une étagère s'improvise bientôt pour mes objets usuels.
Le chef de vôute est un bloc de glace equarri. J'y suspends ma lampe, une lampe primitive où brûle une lumignon qui flotte dans l'huile de phoque...
L'odeur m'écoeur toujours un peu. Mes nerfs de civilisés sont encore sensible.
Je sors... Mes chiens ont disparu sous la neige. Seul Tempest m'attend sur le seuil. Son oeil pétille de satisfaction. Il remue la queue avec contentement, je lui tapote les flancs. Il disparait heureux dans son trou de neige.
Et comme je reviens un peu étonné vers mon igloo en levant ma tête, j'aperçois devant moi par dessus le mont que nous avons descendu à une allure si vertigineux, j'aperçois un tourbillon qui vient à la vitesse d'un cheval au galop.
Ho! ho! nous allons avoir une sacrée tempête...
Et je comprends, tout à coup, la hâte de mes chiens et l'esprit de Tempest qui a prévu l'ouragan. Il a senti que, si nous étions surpris par lui en montagne, c'était la mort.
La bête, avec son intelligence sûre a eu conscience de cette chose.
Elle m'a sauvé la vie tout simplement...

Louis-Frédéric Roquette "Le Grand Silence Blanc"
L'OEUVRE DU SIXIEME JOUR

Née à Auxerre en 1883, Marie Noël est un poète qui, dans un langage très simple, exprime des pensées et des sentiments d'une grande délicattesse. Elle sait aussi pratiquer l'humeur, comme dans ce conte où elle interprète à sa façon la Genèse, cette partie de la Bible qui dit comment Dieu, après avoir fait le ciel, la terre, les eaux et les animaux, au cours des cinq premiers jours, créa l'homme le sixième jour.

Dès que le Chien fut créé, il lécha la main du Bon Dieu et le Bon  Dieu flatta sur la tête:
"Que veux-tu Chien?
-Seigneur Bon Dieu, je voudrais loger chez toi, au ciel, sur le paillasson devant la porte.
-Bien sûr que non! dit le Bon Dieu, je n'ai pas besoin de chien  puisque je n'ai pas encore créé les voleurs.
-Quand les créeras-tu Seigneur?
-jamais. Je suis fatigué. Voilà cinq jours que je travaille, il est temps que je me répose. Te voilà fais, toi, chien, ma meilleure créature, mon chef d'oeuvre. Mieux vaut m'en tenir là. Il n'est pas bon qu'un artiste se surmène au-delà de son inspiration. Si je continuais à créer, je serai bien capable de rater mon affaire. Va, chien! Va vite t'installer sur la terre. Va et sois heureux".
Le chien poussa un profond soupir:
"Que ferai-je sur terre, Seigneur?
-Tu mangeras, tu boiras, tu croitras et tu multiplieras".
Le chien soupira plus tristement encore.
"Que te faut-il de plus?
-Toi, Seigneur Mon Maitre! Ne pourrais-tu pas, toi aussi, t'installer sur la terre?
-Non! dit le Bon Dieu, non, chien! Je t'assure. Je ne peux pas du tout m'installer sur la terre pour te tenir compagnie. J'ai bien d'autres chats à fouetter. Le ciel, ses anges, ses étoiles, je t'asssure, c'est tout un tracas".
Alors le chien baissa la tête et commença à s'en aller. Mais il revint:
"Ah! si seulement Seigneur Bon Dieu, si seulement il y avait là-bas une espèce de maitre dans ton genre?
-Non, dit le Bon Dieu, il n'y a pas".
Le chien se fit tout petit, tout bas et supplia plus près encore:
"Si tu voulais, Seigneur Bon Dieu..., tu pourrais toujours essayer...
-Impossible, dit le Bon Dieu. J'ai fait ce que j'ai fait. Mon oeuvre est achevée. Jamais je ne créera un être meilleur que toi. Si j'en créais un autre aujourd'hui je le sens dans ma main droite celui -là serait raté.
-O Seigneur Bon Dieu, dit le chien, çane fais rien qu'il soit raté pourvu que je puisse le suivre partout où il va et me coucher devant lui quand il s'arrête.
Alors le Bon Dieu fut émerveillé d'avoir créé une créature si bon et il dit au chien:
"Va! qu'il soit fait selon ton coeur".
Et, rentrant dans son atelier, Il créa l'homme..................................................................................................
N.B - L'homme est raté, naturellement. Le Bon Dieu l'avait bien dit.
Mais le chien est joliement content!
Marie Noël, Contes

2 Mart 2011 Çarşamba


LE PAIN, LE VIN, LE SEL

Très attaché à son terroir suisse, Charles-Ferdinand Ramuz (né et mort près de Lausanne, 1878-1947) chante avec ferveur les simples produits de la terre qui sont la condition de la vie des hommes et lui permettent de communier avec le sol sur lequel ils vivent.

Nourritures de partout, nourritures de toujours, et proches malgré tout du sol, n'est-ce-pas, quand je vais à vous et vous respire, avec lui que je communique, mystiquement et grâce à vous? L'une qui est un minéral, tranchante d'arêtes, semblable au caillou, que la chèvre cherche avec la langue à la surface de la roche, qui est roche, dont chaque morceau imite en petit un bloc de rocher; puis le pain, dont la croûte a juste la couleur de l'épi parvenu à son point de maturité, dont la mie a le grumuleux, le poreux, le tendre qui durcit à l'air de la terre, le pain qui, mis en miches, quand on le sort du four, est chaud comme le champ sous le soleil, et au-dessus tremble la même buée, le dessus de cette miche est comme une ligne d'horizon; le vin enfin, le vin qui est rouge comme le sang, étant le sang de la terre, le vin qui sent le caillou quand on le frotte dans ses mains, le vin qui garde, dans sa masse et la transparence de sa masse, toute la lumière, tout le soleil, toute la chaleur de la belle saison, laquelle se réveille dans nos veines et c'est en nous une journée d'été -le vin jaloux qui, mis dans les tonneaux, quand la sève monte, tressaille, se souvenant encore, peut-être regrettant, puis qui retombe et se résigne, à mesure que la grappe tend par son propre poids à descendre aux nouveau paniers.

O choses de partout, choses de tous les temps, choses qui faites qu'on ne sait plus où on est, chose qui contenez l'oubli, l'illusion, le rassasiement, la satisfaction complète, chose qu'on n'a plus quand on meurt; fruits essentiels, nourriture de l'âme; choses qui êtes à la fois les plus grandes images et les plus grandes réalités, choses qui faites rêver et qui faites qu'aussi afin de vous avoir, on se détourne de son rêve pour le travail quotidien- permettez qu'une fois de plus je considère où vous êtes, dans votre nue réalité, rapprochées tout autour de moi, contenues toutes les trois quand même dans mon pays qui est petit, mais qui tout à coup, grâce à vous, devient grand et, grâce à vous, l'égal de tous les autres supérieur même à tous les autres, le plus beau, le plus aimé.

C.-F RAMUZ, Adieu à beaucoup de personnages

UNE VOCATION DE TERRIEN

Ernest Pérochon (1885-1942) a écrit des romans régionaux où il peint avec beaucoup de sobriété des drames paysans: Nène (1920), qui obtint le prix Goncourt; la Parcelle 32 (1922)...
A la fin de la guerre (1914-1918) les prix ont commencé de monter. Le notaire vient de conseiller au vieux Mazureau, un paysan poitevin, d'en profiter pour vendre ses champs et placer son argent. Il n'a rien répondu, car, s'il tient à sa terre son fils a été tué à Verdun et lui se fait vieux.
Avec Bernard, son petit-fils, qui a 16 ans il regagne sa ferme.

Quand ils eurent dépassé les dernières maisons, ils laissèrent la route et prirent un petit chemin traversier qui coupait droit, au millieu de la plaine, vers Fougeray.
On était en février, et le froid était net et piquant. Sous le ciel bas, dans cette grande étendue plane et sans  arbres, un vent cruel bondissait et faisait front. Mazureau n'y prenait point garde, mais le petit geignait de temps en temps:
-Le vent coupe!
Il s'arrêta un instant pour rabattre les oreillères de sa casquette. Le grand-père, ne le sentant plus à côté de lui, se retourna et son regard, vague, se posa sur l'enfant.
-Que fais-tu donc Bernard?
-C'est que j'ai les oreilles glacées... Et puis le bout du nez aussi.
Mais le grand-père n'entendait pas. Depuis les paroles du notaire toute sa pensée était en travail.
-Mauvais temps, disait l'enfant; la terre n'est pas gelée, cependant rien ne pousse. Il faudrait un peu de soleil à ce moment de l'année, et de l'eau, n'est-ce-pas, pour les emblavures?
-Oui! de l'eau... de la pluie douce... Dis--moi, Bernard?
-Quoi donc, grand-père?
Le grand-père n'acheva sa pensée que vingt pas plus loin.
-Dis-moi, Bernard, t'en retournerais-tu à la ville avec ta mère si elle voulait t'emmener?
-Non!
-Si elle veut, cependant...
-Elle ne m'emmenera pas! Je ne veux pas, moi, Ma place est ici; c'est ici qu'il y a du travail pour moi
-Mais elle parlait de te mettre à l'apprentissage, ta mère...
-Je n'irai pas! Mon père est mort à la guerre... J'ai des droits!
-Bien dit, mon petit gars!
-Je veux rester chez nous! J'aime la terre, moi; je veux des champs... Plus tard, j'acheterai de la terre au lieu d'en vendre.
-Bien dit, Mazureau!
Le grand-père regarda avec une orgueilleuse tendresse cet enfant qu'il connaisait à peine, trois ans plus tôt. Sa bru le lui avait confié au début de la guerre, quand elle était entrée comme ouvrière dans une usine de Nantes et, tout de suite le petit citadin anémique s'était épanoui. Un mois après son arrivée, le fouet en main, des socques boueux aux pieds il poussait les bêtes avec le dendinement d'un vieux paysan.
Il avait retrouvé, d'instinct, les gestes séculaires de sa race et en son âme d'enfant, quelques choses d'âpre avait surgi qui était le tenace amour de la terre, de la terre ingrate, buveuse de sueur, buveuse de sang, de la terre maigre où l'outil s'émousse, de l'argile qui tire les pieds, de la terre dure aux hommes, mais où passe le vent des libres espaces.

Oui, celui-là était un vrai Mazureau un gars solide, rusé, actif, un peu taciturne. Il répondait mal aux gâteries de sa tante Evelyne, si douce et si maternelle. On le voyait point jouér avec les jeunes garçons de son age; il préfrait à tout autre compagnie celle de son grand-père et celle de son chien Flambeau, une grande bête hargneuse, aux yeux féroces. Quand il avait appris la mort de son père, il avait pleuré, mais raisonnablement.
-Bien dit, Mazureau!

Ernest Pérochon, La Parcelle 32

1 Mart 2011 Salı

 AU TEMPS OU
 L'HOMME ET LA BETE SE PARLAIENT

Représentant du Sénégal à l'O.N.U. et ambassadeur à Washington, Ousmane Socé Diop (né en 1911 au Sénégal) o publié des romans ainsi que des Contes et Légendes d'Afrique noire dont voici un extrait. Samba a lié une amitié secrète avec un lionceau. "Les anciens disent qu'en ce temps-là l'homme et la bête se parlaient". Une fois l'enfant a vexé l'animal en lui disant qu'il avait "la gueule puante". Ce fut la cause de leur première dispute. Plus tard la mère de Lionceau tua la mère de Samba. Par affection pour son ami, Lionceau tua sa propre mère.

(...) -J'ai vengé ta mère en tuant la mienne, dit-il à son ami. Enterre ton chagrin maintenant et puisque tu es orphelin comme moi nous habiterons le même endroit.

Ainsi ils passèrent ensemble leur adolescence. A l'aube, Lionceau s'enfonçait en brousse. Il se mettait en arrêt près du grand ruisseau. Il savait que vers le millieu du jour, le soleil et la soif chasseraient des fourrés vers l'eau, l'antilope, le chevreau et la gazelle. Il les surprenait au moment où ils plongeaient leur museau altéré dans la rivière avec une volupté qui leur faisait oublier le reste du monde.

Puis Samba et lui accommodaient l'abattis chacun à son goût, et l'après-midi, c'était jeux et cabrioles.
Lionceau avait grandi: ses crocs et ses griffes devinrent fermes et acérés. De grands poils poussèrent de chaque côté de son dos sur les bords de l'échine; ils montèrent tout droit puis, ils s'incurvèrent, retombèrent le long du flanc. Lionceau sentit naitre en lui des désirs inquiétants. Lorsque Samba était proche, il avait des envies comme lorsqu'il aparçevait le chevreau: la viande d'homme ne se serait plus à lui déplaire.

-Samba, finit-il par dire à son ami, je suis devenu adulte. L'homme est homme et le lion est lion. Il me faut retourner à la forêt et toi au village. Je te promets, Samba, continua-t-il que tu ne seras pas malheureux dans l'existence. Chaque fois que tu entendras mon rugissement, la nuit, à l'heure où nulle part le pas de l'homme ne foule terre accours me voir; je te dirai comment il faut éviter un danger proche. Quelque dérangement que cela puisse te causer, viens, ou ne viens pas si tu veux, mais ne dis jamais: "Oh! cet animal a la gueule puante!"

Vint le jour où Samba devait subir le rite de l'initiation. C'est la tradition qui fait d'un adolescent un homme. Il doit être accompli avec faste et courage (...). Samba aurait ce courage mais, orphelin il était dénué de richesses. Sur la grand'place du village, les tam-tams rythmaient gaiement les chants des jeunes hommes:

Mane nièye là!...
Kou ma fire nga danou!
Té kou ma fire danou...!
Je suis tel l'éléphant!
Je terrasse ce que heurte!
Et ce qui me heurte s'écroule!

Ainsi chaque adolescent chantait sa devise...
Samba s'était retiré dans sa case, humilié et malheureux de dénuement, pendant que ses camardes rivalisaient à qui égorgerait le plus de boeufs et de béliers à qui déclamerait la devise la plus admirable.
Au millieu de la nuit lorsque les tam-tams se firent moins nerveux, on entendit le rugissement thoracique d'un lion.
Samba rejoignit aussitôt son ami qui lui remit cent boeufs cent moutons, cent chèvres. Et le n'gomar (fête de l'initiation) de Samba resta célèbre dans les mémoires.

Vint le jour où le roi voulut donner un époux à sa fille, il publia qu'il ne la marierait qu'à celui qui lui offrirait un lion vivant. Le soir même Lion fit venir son ami par le signal convenu et lui dit ceci:
-Demain tu viendras au bord du marigot; tu prendras avec toi un fusil chargé à blanc, lorsque je paraitrai, tu tirera dans ma direction; je ferai semblant d'avoir très peur et tu viendras me conduire au roi "par le bout de l'oreille". Ce la fut fait et Samba devint gendre du roi.
Trois années passèrent.
Au millieu de la nuit, Samba devenu roi à la mort de son beau-père était mollement couché dans son lit et se faisait masser par sa femme pour chasser les fatigues de la journée.
On entendit un triple "hâan..." secouer la nuit.
-Oh! l'animal à la gueule puante! s'écria Samba,quelle idée de me déranger à cette heure-ci!
Il se leva néanmoins et s'en fut au rendez-vous.
-Samba, lui dit le lion, je sais qu'une épizootie dévastera dans quelques jours le bétail du pays et je t'apporte le troupeau que voici pour te constituer des réserves de viande sèche. Je sais aussi que tu as proféré l'insulte que tu m'avais promis de ne jamais redire!
Lion s'arrêta un moment puis reprit:
-Samba, frappe-moi de ton sabre!
-Non!... Tu sais bien que je ne ferai pas cela.
-Frappe-moi de ton sabre! dis-je, insista le lion.
Samba frappa; le son jaillit.
-Enfonce moi ton pignard dans ton flanc.
Samba le poignarda. Le sang jaillit.
-Vois-tu, Samba, les blessures que tu m'as faites ne sont rien! La blessure peut guérir mais la parole blaissante ne guérit pas.
"Adieu! lorsque tu verras le baobab qui pousse au millieu de la cour s'étioler et flétrir, sache que je suis mort!"
Depuis l'homme et le lion furent ennemis à tout jamais.

Ousmane Socé Diop, Contes et légendes d'Afrique Noire

AUTEURS et LEURS OEUVRES

  • Louis Aragon (20ème siècle)
  • Samuel Beckett - "En Attendant Godot" (20ème siècle - Théâtre)
  • Eugène Ionesco - "La Cantatrice Chauve", "Rhinocéros" (20ème siècle - Théâtre)
  • Aimé Césaire - "Cahier du Retour au Pays Natal" (20ème siècle)
  • Jacques Prévert - "Paroles" (20ème siècle)
  • Marguerite Yourcenar - "Alexis ou Le traité du Vain Combat" (20ème siècle)
  • André Breton - "Nadja" (20ème siècle)
  • Jean Cocteau - "Les Enfants Terribles" (20ème siècle)
  • Jean-Paul Sartre - "Huis Clos", "Les Mouches", "La Nausée", "Le Mur" (20ème siècle)
  • Albert Camus - "L'Etranger", "La Peste" (20ème siècle)
  • Colette - "Les Séries de "Claudine" (20ème siècle)
  • Guillaume Apollinaire - "Calligrammes" (20ème siècle - Poésie)
  • André Gide - "Les Nourritures Terrestres", "La Symphonie Pastorale", "Les Caves du Vatican", "Les Faux Monnayeurs" (20ème siècle)
  • Paul Verlaine - "Romances Sans Paroles" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Arthur Rimbaud - "Le Dormeur du Val" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Mallarmé - "Poésies" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Charles Baudelaire - "Les Fleurs du Mal", "L'Etranger" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Emile Zola - "Germinal", "L'Assommoir", "Thérèse Raquin", La Bête humaine" (19ème siècle, Naturalisme)
  • Guy de Maupassant - "Papa de Simon", "L'Auberge", "Aux Champs", "La Ficelle", "Pierrot", "Toine", "La Bête du Maitre Belhomme", "La Parrure", "La Dot", "La Rempailleuse" (19ème siècle - Réalisme)
  • Alexandre Dumas - "Les Trois Mousquetaires", "Le Comte de Monte Cristo", "La Reine Margot" (19ème siècle)
  • George Sand - "La Petite Fadette", "La Mare au Diable" (19ème siècle)
  • Gustave Flaubert - "Madame Bovary", "Salammbô", "L'Education Sentimentale" (19ème siècle - Réalisme)
  • Honoré de Balzac - "Le Père Goriot", "Eugénie Grandet", La Peau de Chagrin", "Le Colonel Chabert", "Le Lys dans La Vallée", "Illusions Perdues", "Le médecin de Campagne", "Les Chouans" (19ème siècle - Romantisme et Réalisme)
  • Stendhal - "Le Rouge et Le Noir", "La Chartreuse de Parme", "Vie de Rossini" (19ème siècle - Romantisme et Réalisme)
  • Victor Hugo - "Notre Dame de Paris", "Les Misérables", "Le Dernier Jour d'Un Condamné", "Les Orientales", "Hernani", "Cromwell", "William Shakespeare" (19ème siècle - Romantisme)
  • Gérard de Nerval - "Odelettes" (19ème siècle - Romantisme, poésie)
  • Alfred de Vigny - "La mort du Loup" (19ème siècle - Romantisme, poésie)
  • Alfred de Musset - "Les Caprices de Marianne" (19ème siècle - Romantisme, théâtre)
  • Alphonse de Lamartine - "Méditations Poétiques" (19ème siècle - Romantisme, poésie)
  • Bernardin de Saint-Pierre - "Paul et Virginie" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Madame de Staël - "Colline et Delphine", "De l’Allemagne" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Senancour - "Oberman" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Benjamin Constant - "Adolphe" (19ème siècle - Préromantisme)
  • François René de Chateaubriand - "Mémoires d'Outre-Tombe", "René" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Le Sage - "Gil Blas de Sentillane" (18ème siècle)
  • Marquis de Sade - "Justine ou Les Malheurs de la vertu", "Les 120 jours de Sodome" (18ème siècle)
  • Choderlos de Laclos - "Les Liaisons Dangereuses" (18ème siècle - Roman Epistolaire)
  • Jean-Jacques Rouseau - "Emile ou de L'Education", "Les Confessions", "Julie ou La Nouvelle Héloïse" (18ème siècle)
  • Voltaire - "Candide", "Zadig", "Micromégas" (18ème siècle)
  • Diderot - "Le Neveu de Rameau" (18ème siècle)
  • Beaumarchais - "Le Barbier de Séville", "Le Mariage de Figaro" (18ème siècle - Théâtre)
  • Marivaux - "Le Jeu de L'Amour et du Hasard" (18ème siècle - Théâtre)
  • Montesquieu - "L'Esprit des Lois", "Les Lettres Persanes" (18ème siècle)
  • Jean Racine - "Andromaque", "Bérénice", "Britannicus", "Phèdre", "Iphigénie" (17ème siècle - Tragédie)
  • Pierre de Corneille - "Le Cid" (17ème siècle - Tragédie)
  • Molière - "L'Avare", "Le Bourgeois Gentilhomme", "Les Précieuses Ridicules", "Dom Juan", "Le Malade Imaginaire", "Tartuffe", "L'Ecole des Femmes", "Amphitryon", "Les Fourberies de Scapin", "Les Femmes Savantes" (17ème siècle - Comédie)
  • Madame de la Fayette - "La Princesse de Clèves" (17ème siècle)
  • Jean de La Fontaine - "Les Fables" (17ème siècle)
  • Joachim du Bellay - "Regrets" (16ème siècle)
  • Pierre de Ronsard - "Sonnets pour Hélène", "Sonnets pour Marie", "Sonnets pour Cassandre" (16ème siècle)
  • Michel de Montaigne - "Les Essais" (16ème siècle)
  • Thomas More - "L'Utopie" (16ème siècle)
  • Erasmes de Rottherdam - "L'Eloge de la Folie", "Les Antibarbares" (16ème siècle)
  • François Rabelais - "Gargantua" , "Pantagruel" (16ème siècle)