MADAME DE LA FAYETTE (1634 - 1693)
Le nom de madame de La Fayette reste indissociablement lié à son oeuvre maitresse: La princesse de Clèves. Considérée par certains comme le premier roman de la littérature française, cette oeuvre reste sans conteste le chef-d'oeuvre du roman précieux.
Marie-Madelaine de La Vergne est née à Paris. Elle fréquente la meilleure société et se fait remarquer par sa beauté et son intelligence. Scarron la décrit ainsi: "Toute lumineuse et toute précieuse". En 1655, elle épouse le comte de La Fayette, beaucoup plus âgé qu'elle, et qui est fort occupé par l'administration de ses domaines en Auvergne. Au bout de trois ans, elle revient se fixer définitivement à Paris. Bien accueillie à la cour, elle devient l'une des intimes d'Henriette d'Angleterre, belle-soeur du roi. Chez elle, elle reçoit une société choisie: madame de Sévigné, le cardinal de Retz et surtout La Rochefoucauld, qui devient le plus fidèle de ses amis. Conseillée par des hommes de lettres, elle se met à écrire, sans jamais pourtant signer ses oeuvres. Mais peu à peu, la mort de ses amis l'isole du monde; elle mène une vie retirée et de plus en plus austère, d'où l'influence janséniste n'est pas absente.
SES OEUVRES
La Princesse de Montpensier
Cette nouvelle raconte l'histoire d'une femme qui lutte contre l'amour défendu. Sans aller jusqu'à tromper son mari, elle découvre pourtant qu'elle a cessé d'être pure dans son coeur. Le style est sobre et les sentiments y sont dépeints avec beaucoup de vérité.
Zaïde
Publié sous la signature d'un homme, c'est un roman baroque en deux parties, parues successivement. Il prolonge le courant du roman héroïque, auquel il emprunte le décor espagnol.
La Princesse de Clèves
C'est encore un livre qui parait sans la mantion du nom de madame de La Fayette. Une vraie campagne publicitaire, orchestrée par les salons, assure cependant le succès de l'ouvrage.
Présentée à la cour d'Henri II, mademoiselle de Chartres éblouit tout le monde par sa beauté. Le jeune prince de Clèves en tombe amoureux et obtient sa main, bien que la jeune fille n'éprouve guère plus que de l'estime pour lui. A l'occasion d'un bal, elle fait la connaissance du duc de Nemours. C'est le début d'une grande passion, si forte qu'elle l'avoue à son mari. Miné par la jalousie, monsieur de Clèves meurt de chagrin. Le duc de Nemours se fait de plus en plus pressant. La princesse de Clèves lui avoue son amour, mais lui déclare que son devoir lui interdit de l'épouser. Elle se retire dans une maison religieuse.
L'action du roman se déroule sous les règnes d'Henri II et de François II au XVIème siècle. Madame de La Fayette s'est documentée sérieusement sur l'époque et les personnages qu'elle fait revivre: Henri II, Cathérine de Médicis, Marie Stuart, et... La trame historique est une contrainte romanesque à laquelle sait se plier l'auteur: ainsi, l'éqtiquette interdit à madame de Clèves de s'absenter longuement de la cour. Mais sur ce fond historique se superpose l'image d'une autre cour, celle de Louis XIV, et tout ce que madame de La Fayette a pu observer personnellement de la vie des princes.
Les personnages de madame de La Fayette mettent l'honneur au-dessus de toutes choses. Torturés par la passion amoureuse, ils n'osent jamais s'abandonner. L'héroisme de leur sacrifice rappelle la tragédie cornélienne. Cette morale n'a pas d'assise religieuse, elle repose sur les seules conventions sociales, et lorsque la princesse de Clèves se retire dans un couvent, c'est plus pour fuir le monde qui l'a tant fait souffrir que pour se retourner vers Dieu.
Bien que brève, cette oeuvre est construite selon la technique du roman précieux: quatre épisodes secondaires s'intercalent dans l'intrigue principale. Des procédés peu classiques, parce que peu vraisemblables, sont utilisés pour mener le développement de l'histoire: conversation surprise au bon moment, lettre égarée, portrait dérobé, etc. Le langage est typiquement précieux avec une abondance d'adjectifs en -able et de superlatifs.
L'aveu de la princesse |
Au millieu des interminables romans du XVIIème siècle -L'Astrée, Le Grand Cyrus, Clélie- , La princesse de Clèves, oeuvre très brève, est le seul à retenir encore notre attention. Cette brièveté, légère et précise comme une esquisse fait la modernité du livre qui reste cependant typique du genre précieux.