Hakkımda

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Şişli / İstanbul, (0533 2490843) vildan_ornadis@hotmail.com, Türkiye
Chers abonnés et visiteurs du blog;Tout au long de ma vie scolaire,j’ai reçu un enseignement français.Après avoir terminé le collège français “Sainte-Pulchèrie” j’ai continué à ma vie lycéenne au “Lycée Français Saint-Michel”.J’ai reçu mon diplôme de fin d’études secondaires 3 ans plus tard. À la suite du lycée,j’ai étudié la philologie et la littérature française à “L’Université d’Istanbul, dans “La Faculté des Lettres”;simultanément j’ai étudié la formation pédagogique à L’Université d’Istanbul,dans“La Faculté d’Éducation”(“Formation à L’Enseignement”).Après 4 ans d’études de double licence je suis diplômée en tant que philologue,aussi professeur de français.Toutes les formations que j’ai acquises m’ont perfectionnée dans les domaines tels que la langue, la littérature et la culture française ainsi que la formation pédagogique. Depuis 11 ans, je partage mes connaissances avec ceux qui veulent apprendre la langue,la culture et la civilisation française. J’enseigne les gens de tout âge et de tout niveau depuis les élèves des écoles françaises,jusqu’aux étudiants de diverses universités sans oublier les hommes ou femmes d’affaires ni les amateurs de la francophonie

Présentation

Sevgili Blog Takipçileri;
Tüm eğitim hayatımı fransızca gördüm. İstanbul'da bulunan‘’Özel Sainte-Pulchérie Fransız Kız Ortaokulu’’nu bitirdikten sonra liseyi İstanbul'da bulunan ''Özel Saint-Michel Fransız Lisesi’’nde okudum. Ardından ‘’İstanbul Üniversitesi Edebiyat Fakültesi Batı Dilleri ve Edebiyatları Bölümü‘’ içinde yer alan ‘’Fransız Dili ve Edebiyatı Anabilim Dalı’’nda dört yıllık lisans eğitimimi tamamladım.Bu süre içerisinde ‘’İstanbul Üniversitesi Eğitim Fakültesinde Pedagojik Formasyon’’ alanında eğitim görüp çift anadal diploması aldım. Böylece hem filolog (Dilbilimci) hem de öğretmen olarak mezun oldum. Aldığım bütün bu eğitimler bana hem Fransız Dili, hem Fransız Edebiyatı hem de Pedagoji alanlarında büyük bir yetkinlik sağladı. Onbir yıldır teorik olarak edindiğim tüm bilgileri, pratikte bu dili ve kültürü öğrenmek isteyen her yaştan her gruptan kişilere aktarıyorum. İstanbulda bulunan fransız kolejlerinde eğitim gören öğrenciler başta olmak üzere üniversite öğrencileri, iş adamları, fransız kültürüne meraklı olup kendini geliştirmek isteyen her yaştan her meslek grubundan kişiler meslek hayatım süresince öğrencim olmuştur ve olmaya devam edecektir.

EĞİTMENLİK YAPTIĞIM ALANLAR ►

MES DOMAINES D'ENSEIGNEMENT-EĞİTMENLİK YAPTIĞIM ALANLAR

Grammaire – Littérature – Biologie ( Pour les élèves des écoles françaises - Fransız kolejlerinde eğitim gören öğrenciler için )

Préparation au concours organisé par L'Université de Galatasaray - Galatasaray Üniversitesi iç sınavına hazırlık

Préparation au concours de langue étrangère - YDS (Üniversite Yabancı Dil sınavı) ye hazırlık

Toutes sortes de conseils d'orientation scolaire en France (licence, master) - Fransa’da yüksek öğrenim (lisans , yüksek lisans) görmek isteyen öğrencilere, üniversite seçimlerinden motivasyon mektubu yazımına kadar her türlü alanda eğitim danışmanlığı

Etudes spéciales (privées ou en groupe) pour les adultes -Yetişkinler için kişiye özel birebir ve grup çalışmaları

Cours de la langue Turque (grammaire - conversation) pour les étrangers - Yabancılara türkçe (dil bilgisi ve konuşma) dersleri

BLOGU BİRLİKTE GELİŞTİRELİM (Développons ensemble le contenu du blog)

Le contenu du blog est bilingue. Le blog sera développé grâce à la contribution des abonnés. On présentera les oeuvres des écrivains français, on partagera des résumés ainsi que des analyses et des commentaires sur le blog. Pour mieux concevoir la littérature contemporaine, on va traiter les nouveaux auteurs et courants, on va discuter sur les extraits de leurs oeuvres pour autant la littérature classique et antique. On va honorer les célèbres auteurs classiques en parlant de leurs oeuvres et des courants qu'ils ont initiés à la très chère littérature française. Parfois, on parlera d'une époque soit artistique, soit historique; ou bien on va donner des informations générales ou spécifiques sur la France, la culture française etc...
Pour tout cela il est nécessaire que nos abonnés soient en contact et en collaboration avec nous.

İçerik hem türkçe hem fransızcadır. Siz takipçilerin katkılarıyla gelişecektir blog yazıları. Fransız yazarların eserlerinin tanıtımı kimilerinin özetleri, farklı dönemlerden yazarlar ve eserleri hakkında analiz ve yorumlarla çeşitlendireceğiz blogumuzu. Klasik edebiyata olduğu kadar çağdaş metinlere de önem vereceğiz yeni yazarları işleyeceğiz eserlerinden alıntılar yapacağız. Kimi zaman bir dönemi ele alacağız, bazen de Fransa ile ilgili genel bilgiler, tanıtımlar yapacağız. Katkılarınızı bekliyoruz...

Merci Bien - Teşekkürler

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Böylece,bir gün üyesi olmayı hedeflediğimiz Avrupa Birliğine katıldığımız zaman farklı kültürlere uyum sağlamakta zorluk çekmeyeceğiz.

14 Eylül 2010 Salı

La richesse de la presse pour la jeunesse
Pour les parents désireux de maintenir et de développer le lien de leur enfant avec la langue et la culture française, une sélection des meilleurs titres de la presse pour la jeunesse. Des journaux pour tous les âges, pour tous les goûts.


La presse pour la jeunesse constitue un outil précieux qui permet aux enfants et aux jeunes vivant à l’étranger – qu’ils soient scolarisés en français ou pas - de garder un lien privilégié avec la culture et la langue françaises. Plus de vingt éditeurs (Bayard, Milan, Fleurus, Playbac, Faton …) offrent un choix d’environ 125 titres adaptés aux goûts et à l’âge de chaque enfant.

A chaque enfant son journal
Truffée de récits haletants, de conseils, d’informations, de gaieté, de couleurs, d’invention, d’entretiens, de lettres de jeunes lecteurs passionnés, la presse pour la jeunesse est d’une richesse extrême. Quand on vit loin de sa terre et de sa langue d’origine, que ce soit momentanément ou pour longtemps, il importe de garder un lien fort et continu. Les journaux et les magazines sont pour cela irremplaçables.
L’offre, très étendue depuis les années 70, ne cesse de s’étoffer et d’explorer tous les domaines imaginables. La presse jeunesse française est une des plus diversifiée au monde, en proposant des titres adaptés aux différentes tranches d’âge.
Dès l’âge de six mois, les tout-petits sont stimulés par les couleurs et les dessins (Popi, Papoum, Picoti…). Après, en grandissant les enfants seront heureux de retrouver leurs personnages préférés dans de nouvelles aventures de vie quotidienne ou de fiction à partager avec les parents (Pomme d’Api, Wakou, Winnie…). A partir de 7 ans, pour ces petites personnes avides de découvrir, curieuses d'explorer, soucieuses de comprendre, plusieurs gammes de titres destinées aux jeunes lecteurs sont disponibles. Pour ceux qui découvrent le plaisir de lire des histoires : J’aime Lire, Je lis déjà … ; pour les passionnés de découvertes, d’actualité : Wapiti, Images Doc, Le Petit Léonard… ; autant de titres plein d’informations et de documents pour comprendre le monde qui les entoure. Et pour ceux qui aiment rire et raconter des blagues : Astrapi, Le Journal de Mickey… Enfin pour les adolescents des magazines pour répondre à toutes leurs envies (Okapi, Science & Vie Junior, l’Etudiant…).

Pour chercher le titre le plus adapté aux besoins et aux envies de vos enfants, rendez-vous sur www.uni-presse.fr qui propose une sélection de titres jeunesse disponible dans plus de 190 pays.

La presse comme auxiliaire pédagogique
Tous ces magazines participent en quelque sorte à l’éducation de votre enfant, en développant sa curiosité et en l’ouvrant vers le monde qui l’entoure. La presse se révèle un véritable auxiliaire pédagogique, l’enfant apprend à s’informer, à exposer, à échanger. Pour les plus grands, en faisant le choix d’aborder des questions d’actualité et de société, de nombreux journaux comme Le Journal des Enfants, Le Petit Quotidien, l’Actu offrent la possibilité de partir à la découverte des autres, de leur histoire, de leur culture tout apprenant à décrypter l’information.
Le coup de gigot
..)Mary Maloney attendait le retour de son mari. Elle regardait souvent la pendule, mais elle le faisait sans anxiété. Uniquement pour le plaisir de voir approcher la minute de son arrivée. Son visage souriait. Chacun de ses gestes paraissait plein de sérénité. Penchée sur son ouvrage, elle était d’un calme étonnant. Son teint - car c’était le sixième mois de sa grossesse - était devenu merveilleusement transparent, les lèvres étaient douces et les yeux au regard placide semblaient plus grands et plus sombres que jamais.

Á cinq heures moins cinq, elle se mit à écouter plus attentivement et, au bout de quelques instants, exactement comme tous les jours, elle entendit le bruit des roues sur le gravier. La porte de la voiture claqua, les pas résonnèrent sous la fenêtre, la clef tourna dans la serrure. Elle posa son ouvrage, se leva et alla au-devant de lui pour l’embrasser.

«Bonjour, chéri, dit-elle,
— Bonjour», répondit-il.

Elle lui prit son pardessus et le rangea. Puis elle passa dans la chambre et prépara les whiskies, un fort pour lui, un faible pour elle-même. De retour dans son fauteuil, elle se remit à coudre tandis que lui, dans l’autre fauteuil, tenait son verre à deux mains, le secouant en faisant tinter les petits cubes de glace contre la paroi.


Pour elle, c’était toujours un moment heureux de la journée. Elle savait qu’il n’aimait pas beaucoup parler avant d’avoir fini son premier verre. Elle-même se contentait de rester tranquille, se réjouissant de sa compagnie après les longues heures de solitude.

La présence de cet homme était pour elle comme un bain de soleil. Elle aimait par-dessus tout sa mâle chaleur, sa façon nonchalante de se tenir sur sa chaise, sa façon de pousser une porte, de traverser une pièce à grands pas? Elle aimait sentir se poser sur elle son regard grave et lointain, elle aimait la courbe amusante de sa bouche et surtout cette façon de ne pas se plaindre de sa fatigue, de demeurer silencieux, le verre à la main.

«Fatigué, chéri ?
—Oui, dit-il. Je suis fatigué». Puis il fit une chose inhabituelle. Il leva son verre à moitié plein et avala tout le contenu. «Chéri, dit-elle, veux-tu un peu de fromage ? Je n’ai pas préparé de dîner puisque c’est jeudi.
—Non, dit-il. (...)

—Si tu es trop fatigué pour dîner dehors, reprit-elle, il n’est pas trop tard. Il y a de la viande dans le réfrigérateur. Tu pourras manger ici-même, sans quitter ton fauteuil».

Ses yeux attendirent une réponse, un sourire, un petit signe quelconque, mais il demeura inflexible.

«De toute façon, dit-elle, je vais commencer par t’apporter du fromage et des gâteaux secs.
—Je n’y tiens pas», dit-il. (...)

Elle se leva et posa son ouvrage sur la table, près de la lampe.

«Assieds-toi, dit-il. J’en ai pour une minute. Assieds-toi».

C’est alors seulement qu’elle commença à s’inquiéter.

«Assieds-toi», répéta-t-il.


Elle se laissa retomber lentement dans son fauteuil, ses grands yeux étonnés toujours fixés sur lui. Il avait fini son second whisky et regardait le fond de son verre vide en fronçant les sourcils.

«Écoute, dit-il. J’ai quelque chose à te dire.
—Quoi donc, chéri. Qu’y a-t-il ?»

Á présent, il se tenait absolument immobile, la tête penchée en avant. La lampe éclairait la partie supérieure de son visage, laissant la bouche et le menton dans l’ombre. Elle remarqua le frémissement d’un petit muscle, près du coin de son œil gauche.

«Je crains que cela te fasse un petit choc, dit-il. Mais j’ai longuement réfléchi pour conclure que la seule chose à faire, c’était de te dire la vérité. J’espère que tu ne me blâmeras pas trop».

Et il lui dit ce qu’il avait à lui dire. Ce ne fut pas long. Quatre ou cinq minutes au plus. Pendant son récit, elle demeura assise. Saisie d’une sourde horreur, elle le vit s’éloigner un peu plus à chaque mot qu’il prononçait.

«Voilà, c’est ainsi, conclut-il. Et je sais que je te fais passer un mauvais moment, mais il n’y avait pas d’autre solution. Naturellement, je te donnerai de l’argent et je ferai le nécessaire pour que tu ne manques de rien. Inutile de faire des histoires. J’espère qu’il n’y en aura pas. Ça ne faciliterait pas ma tâche». Sa première réaction était de ne pas y croire. Tout cela ne pouvait être vrai. Il n’avait rien dit de tout cela. C’est elle qui avait dû tout imaginer. Peut-être, en refusant d’y croire, en faisant semblant de n’avoir rien entendu, se réveillerait-elle de ce cauchemar et tout rentrerait dans l’ordre.

Elle eut la force de dire : «Je vais préparer le dîner». Et cette fois, il ne la retint pas.

En traversant la pièce, elle eut l’impression que ses pieds ne touchaient pas le sol. Elle ne ressentit rien, rien excepté une légère nausée. Tout était devenu automatique. Les marches qui la conduisaient à la cave. L’électricité. Le réfrigérateur. Sa main qui y plongea pour attraper l’objet le plus proche. Elle le sortit, le regarda. Il était enveloppé. Elle retira le papier. C’était un gigot d’agneau. Bien. Il y aurait du gigot pour dîner. Tenant à deux mains le bout de l’os, elle remonta les marches. Et lorsqu’elle traversa la salle de séjour, elle aperçut son mari, debout devant la fenêtre. Elle s’arrêta.


«Pour l’amour de Dieu, dit-il sans se retourner, ne prépare rien pour moi. Je sors». Alors, Mary Maloney fit simplement quelques pas vers lui et, sans attendre, elle leva le gros gigot aussi haut qu’elle put au-dessus du crâne de son mari, puis cogna de toutes ses forces. Elle aurait pu aussi bien l’assommer d’un coup de massue.

Elle recula. Il demeura miraculeusement debout pendant quelques secondes, en titubant un peu. Puis il s’écroula sur le tapis. Dans sa chute qui fut violente, il entraîna un guéridon. Le tintamarre aida Mary à sortir de son état de demi-inconscience, à reprendre contact avec la réalité. Étonnée et frissonnante, serrant toujours de ses deux mains son ridicule gigot, elle contempla le corps.

«Ça y est, se dit-elle. Je l’ai tué». (...)

Elle alla dans la cuisine, alluma le four et mit le gigot à cuire. Puis elle se lava les mains et monta dans sa chambre en courant. Là, elle s’assit devant sa coiffeuse, se donna un coup de peigne, se repoudra et mit un peu de rouge à lèvres. Elle tenta de sourire. Le résultat fut lamentable. Elle fit une nouvelle tentative.


«Bonjour, Sam, dit-elle joyeusement, à haute voix. La voix, comme le sourire, lui parut dépourvue de naturel. Pourriez-vous me donner quelques pommes de terre ? Et puis une boîte de petits pois ? »

Cela allait mieux. Pour le sourire et pour la voix. Elle répéta plusieurs fois son petit texte. Puis elle descendit, prit son manteau, sortit par la petite porte, traversa le jardin pour se trouver dans la rue. Il n’était pas tout à fait six heures et l’épicerie était encore éclairée.

«Bonsoir, Sam, dit-elle joyeusement à l’homme qui se trouvait derrière le comptoir.
— Bonsoir madame Maloney, comment allez-vous ?
—Pourriez-vous me donner quelques pommes de terre ? Et puis une boîte de petits pois ? »

L’homme lui tourna le dos pou descendre du rayon la boîte de petits pois.

«Patrick a décidé de ne pas sortir ce soir, il est trop fatigué, dit-elle. D’habitude, nous sortons le jeudi soir, vous savez bien. Et je m’aperçois que je n’ai pas de légumes à la maison.
—Et de la viande, madame Maloney, vous n’en prenez pas ?
—Non, merci, j’en ai. J’ai un beau gigot congelé.
—Ah !—Au fond, je n’aime pas tellement faire cuire de la viande congelée, Sam. Mais cette fois-ci, je vais essayer. Qu’en pensez-vous ?

—Personnellement, dit le commerçant, je ne crois pas qu’il y ait une différence. Voulez-vous de ces pommes de terre de l’Idaho ?
—Oh oui, ça ira très bien.
—Et avec ça ? demanda l’épicier en souriant. Comme dessert ? Qu’allez-vous lui donner comme dessert ?
—Eh bien... que me conseillez-vous, Sam ? »
L’épicier passa en revue ses rayons. «Ce beau gâteau au fromage, par exemple ? Je crois savoir qu’il aime ça.
—Parfait, dit-elle. Il adore le gâteau au fromage».
Puis, après avoir payé, elle dit avec un sourire radieux :
«Merci, Sam. Bonsoir !
—Bonsoir, madame Maloney. Et merci ! » (...)

Elle posa son paquet sur la table et passa dans la salle de séjour. Et lorsqu’elle le vit, étendu par terre, les jambes en bataille, un bras replié, ce fut réellement un choc assez violent. Elle sentit rejaillir en elle tout un torrent d’amour perdu, de tendresse ancienne. Elle courut vers le corps, tomba à genoux et se mit à pleurer à chaudes larmes. C’était facile. Pas Nécessaire de jouer la comédie.

Au bout de quelques minutes, elle se leva et alla au téléphone. Elle savait par cœur le numéro du poste de police. Et lorsqu’elle entendit une voix au bout du fil, elle dit en pleurant : «Venez vite ! Patrick est mort !
—Qui est à l’appareil ?
—C’est Mme Maloney. La femme de Patrick Maloney.
—Vous voulez dire que Patrick est mort ?

—Je le pense, sanglota-t-elle. Il est étendu par terre et je crois qu’il est mort.
—On arrive», dit la voix.

Le car arriva en effet très vite et lorsqu’elle ouvrit la grande porte, elle tomba tout droit dans les bras de Jack Noonan, en pleurant avec hystérie. Il l’aida gentiment à s’asseoir sur sa chaise, puis alla rejoindre son collègue qui venait de s’agenouiller près du corps.

«Est-il mort? pleura Mary.
—Je le crains. Que s’est-il passé ? »

Elle raconta brièvement qu’elle était descendue chez l’épicier et qu’elle avait trouvé Patrick étendu par terre en rentrant. En écoutant son récit coupé de sanglots, Noonan découvrit une paillette de sang gelé sur les cheveux du mort. Il la montra aussitôt à O’Malley, qui se leva et courut au téléphone. (...)

Il y eut d’autres chuchotements, et, à travers ses sanglots, elle put capter des bribes de phrases :
«... Comportement absolument normal... très enjouée... voulait lui préparer un bon dîner... petits pois... gâteau au fromage... impossible qu’elle... » Un peu plus tard, le photographe et le docteur prirent congé. Deux autres policiers firent leur entrée pour emporter le corps sur un brancard. Puis l’homme aux empreintes digitales se retira à son tour. Les deux détectives restèrent, ainsi que les deux agents. Ils étaient tous remarquablement gentils et Jack Noonan voulut savoir si Mary n’avait pas envie de quitter la maison, d’aller , par exemple, chez sa sœur ou, peut-être, chez sa femme à lui qui prendrait soin d’elle et qui l’accueillerait volontiers pour la nuit.
«Non», dit-elle. Elle lui expliqua qu’elle ne se sentait pas la force de bouger. Qu’elle aimerait mieux rester où elle était pour l’instant. Qu’elle ne se sentait pas bien. Pas bien du tout.

Jack Noonan lui demanda alors si elle ne voulait pas se mettre au lit.
«Non», répondit-elle encore. Elle préférait rester dans son fauteuil. Un peu plus tard peut-être, quand elle se sentirait mieux, elle prendrait une décision.

Ainsi ils l’abandonnèrent dans son fauteuil pour aller fouiller la maison. Mais de temps à autre, l’un des détectives revenait pour lui poser une question. Jack Noonan revint à son tour et lui parla doucement. Son mari, lui dit-il, avait été tué d’un coup violent sur le crâne, administré à l’aide d’un instrument lourd et contondant, probablement en métal. Ils étaient actuellement à la recherche de cet objet. L’assassin avait pu l’emporter avec lui, mais il avait pu aussi bien s’en débarrasser sur les lieux.
«C’est une vieille histoire, dit-il. Trouvez l’arme et vous tenez le bonhomme ! »

Plus tard, l’un des détectives remonta de la cave et vint s’asseoir près d’elle. Il lui demanda si, à sa connaissance, il existait dans la maison un objet ayant pu servir d’arme. Et si cela ne l’ennuyait pas d’aller voir s’il ne manquait rien, une grosse clef anglaise, par exemple. Ou un vase de métal.
Elle lui dit qu’elle n’avait jamais eu de vase de métal.
«Et une clef anglaise ? »
Elle ne pensait pas en avoir. Á moins qu’il n’y en eût une au garage.

Les recherches reprirent. Elle savait que d’autres policiers se trouvaient au jardin, tout autour de la maison. Elle entendait le gravier grincer sous leurs pas et, de temps à autre, elle entrevoyait la lueur de leurs torches par une fente du rideau. Il était tard. Près de neuf heures. Après tant de vaines recherches, les quatre policiers parurent un peu exaspérés...


«Jack, dit-elle, lorsqu’elle vit entrer le sergent Noonan. Auriez-vous la gentillesse de me donner à boire ?
— Mais certainement ! C’est du whisky que vous voudriez !
—Oui, s’il vous plaît. Mais très peu, rien qu’un doigt ! Je me sentirai peut-être mieux après».
Il lui tendit le verre.
«Pourquoi n’en prenez-vous pas vous-même ? dit-elle. Vous devez être terriblement fatigué.
—C’est que, fit-il, ce ne serait pas strictement régulier. Mais j’en prendrai bien une goutte, pour rester en forme».

Un autre homme entra. Après quelques encouragements, ils étaient tous là, debout, tenant gauchement leur verre à la main. Intimidés par la présence de la veuve, ils s’efforçaient de prononcer des mots réconfortants. Puis le sergent Noonan alla faire un tour à la cuisine. Il revint aussitôt et dit : «Vous savez, madame Maloney, votre four est toujours allumé et la viande est dedans !
—Oh ! mon Dieu ! s’écria-t-elle, c’est vrai !
—Voulez-vous que j’aille l’éteindre ?
—Vous seriez très gentil, Jack. Merci mille fois».
Lorsque le sergent Noonan revint pour la seconde fois, elle leva sur lui ses grands yeux sombres et mouillés : «Jack Noonan, dit-elle
—Oui ?
—Voulez-vous me rendre un petit service, vous et vos collègues ?
—Certainement, madame Maloney
—Eh bien, dit-elle, vous êtes tous des amis de mon pauvre Patrick et vous êtes ici pour m’aider à trouver son assassin. Vous devez avoir faim, après tant d’heures supplémentaires, et je sais que mon pauvre Patrick ne me pardonnerait jamais de vous recevoir ici sans rien vous offrir. Pourquoi ne mangeriez-vous pas le gigot qui est au four ? Il doit être cuit à point.
—Impossible d’accepter... bredouilla Jack Noonan.
—S’il vous plaît, supplia-t-elle, faites-le pour moi. Moi-même, pas question que je touche à quoi que ce soit. Tout me fait trop penser à lui. Mais vous, c’est différent. Vous m’aurez rendu un immense service. Et ensuite, vous pourrez vous remettre au travail».
Les quatre policiers eurent un long moment d’hésitation ; mais comme ils mouraient tous de faim, ils finirent par se laisser convaincre. Ils se rendirent à la cuisine pour attaquer le gigot. La jeune femme demeura à sa place, ce qui lui permit de les écouter par la porte entrouverte. Elle put ainsi les entendre parler, la bouche pleine, de leurs grosses voix pâteuses.
«Un autre morceau, Charlie,
—Non. Vaut mieux ne pas tout manger.
—Elle veut qu’on mange tout. C’est ce qu’elle a dit. Ça lui rend service.
—Bon, si ça lui rend service, passe-moi encore un petit bout.
—Qu’est-ce qu’il a bien pu avoir comme gourdin, le type qui a bousillé le pauvre Patrick ? dit l’un d’eux. Le toubib dit qu’il a une partie du crâne en miettes, comme broyée à coups de marteau.
—On finira bien par trouver.
—C’est ce que je pense aussi.
—Qui que ce soit, il n’a pas pu aller bien loin avec son truc. Un truc comme ça, on ne le trimballe jamais plus longtemps qu’il ne faut».
L’un d’eux éructa.
«Á mon avis, la chose doit se trouver ici, sur les lieux mêmes.
—Probablement. Nous devons l’avoir sous le nez.
Tu ne crois pas, Jack ? »
Dans la pièce voisine, Mary Maloney se mit à ricaner.
Coup de gigot tiré du livre Kiss, kiss , de Roald Dahl

AUTEURS et LEURS OEUVRES

  • Louis Aragon (20ème siècle)
  • Samuel Beckett - "En Attendant Godot" (20ème siècle - Théâtre)
  • Eugène Ionesco - "La Cantatrice Chauve", "Rhinocéros" (20ème siècle - Théâtre)
  • Aimé Césaire - "Cahier du Retour au Pays Natal" (20ème siècle)
  • Jacques Prévert - "Paroles" (20ème siècle)
  • Marguerite Yourcenar - "Alexis ou Le traité du Vain Combat" (20ème siècle)
  • André Breton - "Nadja" (20ème siècle)
  • Jean Cocteau - "Les Enfants Terribles" (20ème siècle)
  • Jean-Paul Sartre - "Huis Clos", "Les Mouches", "La Nausée", "Le Mur" (20ème siècle)
  • Albert Camus - "L'Etranger", "La Peste" (20ème siècle)
  • Colette - "Les Séries de "Claudine" (20ème siècle)
  • Guillaume Apollinaire - "Calligrammes" (20ème siècle - Poésie)
  • André Gide - "Les Nourritures Terrestres", "La Symphonie Pastorale", "Les Caves du Vatican", "Les Faux Monnayeurs" (20ème siècle)
  • Paul Verlaine - "Romances Sans Paroles" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Arthur Rimbaud - "Le Dormeur du Val" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Mallarmé - "Poésies" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Charles Baudelaire - "Les Fleurs du Mal", "L'Etranger" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Emile Zola - "Germinal", "L'Assommoir", "Thérèse Raquin", La Bête humaine" (19ème siècle, Naturalisme)
  • Guy de Maupassant - "Papa de Simon", "L'Auberge", "Aux Champs", "La Ficelle", "Pierrot", "Toine", "La Bête du Maitre Belhomme", "La Parrure", "La Dot", "La Rempailleuse" (19ème siècle - Réalisme)
  • Alexandre Dumas - "Les Trois Mousquetaires", "Le Comte de Monte Cristo", "La Reine Margot" (19ème siècle)
  • George Sand - "La Petite Fadette", "La Mare au Diable" (19ème siècle)
  • Gustave Flaubert - "Madame Bovary", "Salammbô", "L'Education Sentimentale" (19ème siècle - Réalisme)
  • Honoré de Balzac - "Le Père Goriot", "Eugénie Grandet", La Peau de Chagrin", "Le Colonel Chabert", "Le Lys dans La Vallée", "Illusions Perdues", "Le médecin de Campagne", "Les Chouans" (19ème siècle - Romantisme et Réalisme)
  • Stendhal - "Le Rouge et Le Noir", "La Chartreuse de Parme", "Vie de Rossini" (19ème siècle - Romantisme et Réalisme)
  • Victor Hugo - "Notre Dame de Paris", "Les Misérables", "Le Dernier Jour d'Un Condamné", "Les Orientales", "Hernani", "Cromwell", "William Shakespeare" (19ème siècle - Romantisme)
  • Gérard de Nerval - "Odelettes" (19ème siècle - Romantisme, poésie)
  • Alfred de Vigny - "La mort du Loup" (19ème siècle - Romantisme, poésie)
  • Alfred de Musset - "Les Caprices de Marianne" (19ème siècle - Romantisme, théâtre)
  • Alphonse de Lamartine - "Méditations Poétiques" (19ème siècle - Romantisme, poésie)
  • Bernardin de Saint-Pierre - "Paul et Virginie" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Madame de Staël - "Colline et Delphine", "De l’Allemagne" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Senancour - "Oberman" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Benjamin Constant - "Adolphe" (19ème siècle - Préromantisme)
  • François René de Chateaubriand - "Mémoires d'Outre-Tombe", "René" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Le Sage - "Gil Blas de Sentillane" (18ème siècle)
  • Marquis de Sade - "Justine ou Les Malheurs de la vertu", "Les 120 jours de Sodome" (18ème siècle)
  • Choderlos de Laclos - "Les Liaisons Dangereuses" (18ème siècle - Roman Epistolaire)
  • Jean-Jacques Rouseau - "Emile ou de L'Education", "Les Confessions", "Julie ou La Nouvelle Héloïse" (18ème siècle)
  • Voltaire - "Candide", "Zadig", "Micromégas" (18ème siècle)
  • Diderot - "Le Neveu de Rameau" (18ème siècle)
  • Beaumarchais - "Le Barbier de Séville", "Le Mariage de Figaro" (18ème siècle - Théâtre)
  • Marivaux - "Le Jeu de L'Amour et du Hasard" (18ème siècle - Théâtre)
  • Montesquieu - "L'Esprit des Lois", "Les Lettres Persanes" (18ème siècle)
  • Jean Racine - "Andromaque", "Bérénice", "Britannicus", "Phèdre", "Iphigénie" (17ème siècle - Tragédie)
  • Pierre de Corneille - "Le Cid" (17ème siècle - Tragédie)
  • Molière - "L'Avare", "Le Bourgeois Gentilhomme", "Les Précieuses Ridicules", "Dom Juan", "Le Malade Imaginaire", "Tartuffe", "L'Ecole des Femmes", "Amphitryon", "Les Fourberies de Scapin", "Les Femmes Savantes" (17ème siècle - Comédie)
  • Madame de la Fayette - "La Princesse de Clèves" (17ème siècle)
  • Jean de La Fontaine - "Les Fables" (17ème siècle)
  • Joachim du Bellay - "Regrets" (16ème siècle)
  • Pierre de Ronsard - "Sonnets pour Hélène", "Sonnets pour Marie", "Sonnets pour Cassandre" (16ème siècle)
  • Michel de Montaigne - "Les Essais" (16ème siècle)
  • Thomas More - "L'Utopie" (16ème siècle)
  • Erasmes de Rottherdam - "L'Eloge de la Folie", "Les Antibarbares" (16ème siècle)
  • François Rabelais - "Gargantua" , "Pantagruel" (16ème siècle)