Hakkımda

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Şişli / İstanbul, (0533 2490843) vildan_ornadis@hotmail.com, Türkiye
Chers abonnés et visiteurs du blog;Tout au long de ma vie scolaire,j’ai reçu un enseignement français.Après avoir terminé le collège français “Sainte-Pulchèrie” j’ai continué à ma vie lycéenne au “Lycée Français Saint-Michel”.J’ai reçu mon diplôme de fin d’études secondaires 3 ans plus tard. À la suite du lycée,j’ai étudié la philologie et la littérature française à “L’Université d’Istanbul, dans “La Faculté des Lettres”;simultanément j’ai étudié la formation pédagogique à L’Université d’Istanbul,dans“La Faculté d’Éducation”(“Formation à L’Enseignement”).Après 4 ans d’études de double licence je suis diplômée en tant que philologue,aussi professeur de français.Toutes les formations que j’ai acquises m’ont perfectionnée dans les domaines tels que la langue, la littérature et la culture française ainsi que la formation pédagogique. Depuis 11 ans, je partage mes connaissances avec ceux qui veulent apprendre la langue,la culture et la civilisation française. J’enseigne les gens de tout âge et de tout niveau depuis les élèves des écoles françaises,jusqu’aux étudiants de diverses universités sans oublier les hommes ou femmes d’affaires ni les amateurs de la francophonie

Présentation

Sevgili Blog Takipçileri;
Tüm eğitim hayatımı fransızca gördüm. İstanbul'da bulunan‘’Özel Sainte-Pulchérie Fransız Kız Ortaokulu’’nu bitirdikten sonra liseyi İstanbul'da bulunan ''Özel Saint-Michel Fransız Lisesi’’nde okudum. Ardından ‘’İstanbul Üniversitesi Edebiyat Fakültesi Batı Dilleri ve Edebiyatları Bölümü‘’ içinde yer alan ‘’Fransız Dili ve Edebiyatı Anabilim Dalı’’nda dört yıllık lisans eğitimimi tamamladım.Bu süre içerisinde ‘’İstanbul Üniversitesi Eğitim Fakültesinde Pedagojik Formasyon’’ alanında eğitim görüp çift anadal diploması aldım. Böylece hem filolog (Dilbilimci) hem de öğretmen olarak mezun oldum. Aldığım bütün bu eğitimler bana hem Fransız Dili, hem Fransız Edebiyatı hem de Pedagoji alanlarında büyük bir yetkinlik sağladı. Onbir yıldır teorik olarak edindiğim tüm bilgileri, pratikte bu dili ve kültürü öğrenmek isteyen her yaştan her gruptan kişilere aktarıyorum. İstanbulda bulunan fransız kolejlerinde eğitim gören öğrenciler başta olmak üzere üniversite öğrencileri, iş adamları, fransız kültürüne meraklı olup kendini geliştirmek isteyen her yaştan her meslek grubundan kişiler meslek hayatım süresince öğrencim olmuştur ve olmaya devam edecektir.

EĞİTMENLİK YAPTIĞIM ALANLAR ►

MES DOMAINES D'ENSEIGNEMENT-EĞİTMENLİK YAPTIĞIM ALANLAR

Grammaire – Littérature – Biologie ( Pour les élèves des écoles françaises - Fransız kolejlerinde eğitim gören öğrenciler için )

Préparation au concours organisé par L'Université de Galatasaray - Galatasaray Üniversitesi iç sınavına hazırlık

Préparation au concours de langue étrangère - YDS (Üniversite Yabancı Dil sınavı) ye hazırlık

Toutes sortes de conseils d'orientation scolaire en France (licence, master) - Fransa’da yüksek öğrenim (lisans , yüksek lisans) görmek isteyen öğrencilere, üniversite seçimlerinden motivasyon mektubu yazımına kadar her türlü alanda eğitim danışmanlığı

Etudes spéciales (privées ou en groupe) pour les adultes -Yetişkinler için kişiye özel birebir ve grup çalışmaları

Cours de la langue Turque (grammaire - conversation) pour les étrangers - Yabancılara türkçe (dil bilgisi ve konuşma) dersleri

BLOGU BİRLİKTE GELİŞTİRELİM (Développons ensemble le contenu du blog)

Le contenu du blog est bilingue. Le blog sera développé grâce à la contribution des abonnés. On présentera les oeuvres des écrivains français, on partagera des résumés ainsi que des analyses et des commentaires sur le blog. Pour mieux concevoir la littérature contemporaine, on va traiter les nouveaux auteurs et courants, on va discuter sur les extraits de leurs oeuvres pour autant la littérature classique et antique. On va honorer les célèbres auteurs classiques en parlant de leurs oeuvres et des courants qu'ils ont initiés à la très chère littérature française. Parfois, on parlera d'une époque soit artistique, soit historique; ou bien on va donner des informations générales ou spécifiques sur la France, la culture française etc...
Pour tout cela il est nécessaire que nos abonnés soient en contact et en collaboration avec nous.

İçerik hem türkçe hem fransızcadır. Siz takipçilerin katkılarıyla gelişecektir blog yazıları. Fransız yazarların eserlerinin tanıtımı kimilerinin özetleri, farklı dönemlerden yazarlar ve eserleri hakkında analiz ve yorumlarla çeşitlendireceğiz blogumuzu. Klasik edebiyata olduğu kadar çağdaş metinlere de önem vereceğiz yeni yazarları işleyeceğiz eserlerinden alıntılar yapacağız. Kimi zaman bir dönemi ele alacağız, bazen de Fransa ile ilgili genel bilgiler, tanıtımlar yapacağız. Katkılarınızı bekliyoruz...

Merci Bien - Teşekkürler

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Böylece,bir gün üyesi olmayı hedeflediğimiz Avrupa Birliğine katıldığımız zaman farklı kültürlere uyum sağlamakta zorluk çekmeyeceğiz.

30 Eylül 2010 Perşembe

JEAN-PAUL SARTRE (1905-1980)

Après l'Ecole Normale Supérieure, Jean-Paul Sartre passe l'agrégation en 1929; c'est à cette période qu'il fait la connaissance de Simone de Beauvoir. Il est nommé professeur de philosophie au lycée du Havre, puis à Neuilly en 1937.


La Seconde Guerre Mondiale, dans laquelle il est tour à tour soldat, prisonnier, résistant et auteur engagé, lui permet d'acquérir une conscience politique et de ne plus être l'individualiste qu'il a été dans les années 1930. Pendant la guerre, il rédige son premier essai qui deviendra son oeuvre philosophique majeure, "L'Être et le Néant", où il approfondit les bases théoriques de son système de pensée. Recruté par Albert Camus en 1944, il devient reporter dans le journal "Combat".

Dans les années qui suivent la libération, Jean-Paul Sartre connaît un énorme succès et une très grande notoriété comme chef de file du mouvement existentialiste qui devient une véritable mode. Dans la revue "Les Temps modernes" qu'il a créée en 1945, il prône l'engagement comme une fin en soi, avec à ses côtés Simone de Beauvoir, Merleau-Ponty et Raymond Aron.


Jean-Paul Sartre est l'héritier de Descartes et a été influencé par les philosophes allemands Hegel, Marx, Husserl, et Heidegger. Dans "l'Etre et le Néant", traité de l'existentialisme d'un abord difficile car s'adressant aux philosophes, il aborde les rapports entre conscience et liberté. L'ouvrage s'articule autour des thèmes de la conscience, de l'existence, du pour-soi (manière d'être de l'existant), de la responsabilité de l'être-en-situation, de l'angoisse lorsque la conscience appréhende l'avenir face à sa liberté, de la liberté d'échapper à l'enchaînement des causes et déterminations naturelles, du projet lorsque la conscience se projette vers l'avenir.

Pour Jean-Paul Sartre, Dieu n'existant pas, les hommes n'ont pas d'autres choix que de prendre en main leur destinée à travers les conditions politiques et sociales dans lesquelles ils se trouvent.


Le théâtre et le roman sont pour Jean-Paul Sartre un moyen de diffuser ses idées grâce à des mises en situation concrète: "Huis clos", "Les mains Sales", "La Nausée". Il mène une vie engagée en se rapprochant du Parti communiste en 1950, tout en gardant un esprit critique, avant de s'en détacher en 1956 après les événements de Budapest.

Jean-Paul Sartre garde cependant ses convictions socialistes, anti-bourgeoises, anti-américaines, anti-capitalistes, et surtout anti-impérialistes. Il mène jusqu'à la fin de ses jours de multiples combats: contre la guerre d'Algérie et la guerre du Viêt-Nam, pour la cause palestinienne, les dissidents soviétiques, les boat-people.... Il refuse le prix Nobel de littérature en 1964 pour "Les Mots", récit autobiographique, car, selon lui, "aucun homme ne mérite d'être consacré de son vivant".

Bibliographie de l'auteur►
La Nausée (1938)
Le Mur (1939)
Les Mouches (1943)
L'Etre et le Néant (1943)
Huis clos (1945)
L'âge de raison (1945)
Morts sans sépulture (1946)
La Putain respectueuse (1946)
Réflexion sur la question juive (1947)
Les mains Sales (1948)
Le Diable et le Bon Dieu (1951)
Les Séquestrés d'Altona (1959)
Critique de la raison dialectique (1960)
Les Mots (1964)
L’existentialisme selon Jean-Paul Sartre
Jean-Paul Sartre a fourni un effort considérable en vue de définir précisément son concept fondateur. Dans un premier temps, la pensée sartrienne s’est définie en s’opposant aux deux grands courants traditionnels, soit le matérialisme et l’idéalisme. En s’inspirant tout d’abord de la phénoménologie puis du marxisme, Sartre a développé une pensée réaliste.

Dans l’opuscule "L’existentialisme est un humanisme", Sartre déclare que pour la pensée existentialiste toute vérité et toute action impliquent un milieu humain et une subjectivité humaine. Cela veut dire que tous les aspects de cette doctrine se rapportent à l’être humain et à sa faculté de prendre conscience de sa situation.

L’en-soi et le pour-soi►
On trouve le premier fondement original de l’existentialisme sartrien dans la distinction entre l’être en-soi et l’être pour-soi. Ainsi, l’en-soi et le pour-soi s’opposent.


"L’en-soi" est la caractéristique de toute chose, de toute réalité extérieure à la conscience. Le concept d’en-soi désigne tout ce qui est sans liberté et ce qui n’entretient aucun rapport à soi. L’existence de tout en-soi est passive en ce sens que, par exemple, un vélo ne peut décider d’être autre chose qu’un vélo. Un sapin n’exige jamais de son jardinier préféré une taille en forme d'ourson parce qu'il deviendrait sentimental. Sans conscience, le sapin demeure toujours égal à lui-même. Ce concept d’en-soi se rapporte donc aux choses matérielles parce qu’elles existent indépendamment de toute conscience.
"Le pour-soi" désigne l’être de l'homme. Pourvu d’une conscience qui fait de lui un être tout à fait particulier, l’être humain se distingue de l’en-soi. Étant donné cette conscience capable de se saisir elle-même, le pour-soi a comme principal attribut une liberté absolue. Cette liberté n’est pas une absence de contingence ou de limites, mais une possibilité infinie de choisir.

Contrairement à l’en-soi qui coïncide toujours avec lui-même, le pour-soi, c’est-à-dire l’être humain, peut faire varier indéfiniment la conscience qu’il a de lui-même. Par exemple, mon vélo n’est, précisément, qu’un vélo.  Rien d’autre. Il est absolument incapable de prendre conscience de ce qu’il est et de sa situation. Trop abîmé, il sera devenu un déchet. Ce vélo devenu déchet ne sera rien d’autre qu’un vélo devenu déchet.  Tandis que lorsque je conduis ma bicyclette, je suis ce que je ne suis pas.  C'est-à-dire que, demeurant un être humain, je suis pourtant devenu cycliste, ce que je n’étais pas à l’origine, et ce que je ne serai plus déjà dans quelques instants. De plus, chevauchant hardiment mon vélo, je puis à tout moment m’imaginer dans une tout autre situation, par exemple  je puis d’avance me délecter de la baignade vers laquelle je me dirige.
L’existence précède l’essence►
La formule sartrienne la plus célèbre qui permet de définir ce courant de pensée est sans doute: L'existence précède l'essence.

En ce qui concerne l’en-soi, la chose peut correspondre à un schéma, à un plan, à un concept.  On parle alors de l’essence de cette chose.  Ainsi, l’essence du vélo correspond à l’idée générale qu’on a tous de cet objet, indépendamment de sa couleur, de sa grosseur, etc.  On dit alors que l'essence (ou encore l'idée, le plan, le concept ...) précède l'existence. Si Jean-Paul Sartre peut admettre une telle explication pour tous les objets, il prétend qu’une telle façon de faire ne peut rendre compte de ce qu’est l’être humain.
Il n'y a pas d'essence humaine antérieure à l'existence de l'homme. Selon Sartre, il est impossible d’obtenir une définition théorique totalement satisfaisante qui permettrait de savoir précisément ce qu’est l’être humain. Celui-ci existe tout d’abord et se définit ensuite par rapport aux actions qu’il a posées. S’inspirant de Karl Marx, Sartre nous invite donc à définir l’être humain par les action qu’il produit plutôt que par des idées ou des croyances.

L’athéisme►

L’existentialisme sartrien est athée. Cela signifie qu’au point de départ on trouve la conviction que Dieu n’existe pas. Sartre tente de tirer toutes les conclusions que cette idée entraîne. En conséquence, nulle divinité n'a pu créer l'humain. Aucune force suprême ne peut nous sauver du mal, de la souffrance, de l’exploitation, de l’aliénation ou de la destruction. Aucun Au-delà non plus pour justifier quelque bien ou quelque vérité que ce soit. Totalement délaissé, l’être humain est absolument responsable de son sort. Ainsi, chaque choix que j’accomplis m’appartient en propre. Ultimement, puisqu’il n’y a aucun dieu, notre existence se déroule en une succession de libres choix qui ne sont jamais entièrement justifiables.

Philosophie de l’action et de l’engagement, l’existentialisme sartrien ramène tout à l’être humain, le rendant absolument responsable de son sort. Acculé à l’action, il doit s’engager dans son existence, prendre en main le cours de sa vie.

Citations de Jean-Paul Sartre

"Exister c'est être là simplement... Tout est gratuit, ce jardin, cette ville et moi-même. Quand il arrive qu'on s'en rende compte, ça vous tourne le cœur et tout se met à flotter."(La Nausée)

 

"Etre homme, c'est tendre à être Dieu: ou, si l'on préfère, l'homme est fondamentalement désir d'être Dieu." (L'être et le néant)


"Ce qui rend le mieux concevable le projet fondamental de la réalité humaine, c'est que l'homme est l'être qui projette d'être Dieu." (L'être et le néant)


 

"Deux frères comparaissent au tribunal divin, le jour du jugement. Le premier dit à Dieu: «Pourquoi m'as-tu fait mourir si jeune?» et Dieu répond: «Pour te sauver. Si tu avais vécu plus longtemps, tu aurais commis un crime, comme ton frère.» Alors le frère demande à son tour: «Pourquoi m'as-tu fait mourir si vieux?»" (L'être et le néant)


"Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres." (Huis Clos)


"Le secret douloureux des Dieux et des rois : c'est que les hommes sont libres." (Les mouches)


"Quand une fois la liberté a explosé dans une âme d'homme, les dieux ne peuvent plus rien contre cet homme-là." (Les mouches)


"Mais si vraiment l'existence précède l'essence, l'homme est responsable de ce qu'il est." (L'existentialisme est un humanisme)


"L'existentialisme est très opposé à un certain type de morale laïque qui voudrait supprimer Dieu avec le moins de frais possible. Lorsque, vers 1880, des professeurs français essayèrent de constituer une morale laïque; ils dirent à peu près ceci: Dieu est une hypothèse inutile et coûteuse, nous la supprimons, mais il est nécessaire cependant, pour qu'il y ait une morale, une société, un monde policé, que certaines valeurs soient prises au sérieux et considéré comme existant a priori; […]L'existentialisme, au contraire, pense qu'il est très gênant que Dieu n'existe pas, car avec lui disparaît la possibilité de trouver des valeurs dans un ciel intelligible; il ne peut plus y avoir de bien a priori, puisqu'il n'y a pas de conscience infinie et parfaite pour le penser; […] …l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de s'accrocher. Il ne se trouve d'abord pas d'excuses. Si, en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais expliquer par une référence à une nature humaine donnée et figée; autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté. l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de ce qu'il fait."(L'existentialisme est un humanisme)


"L'existentialisme n'est pas tellement un athéisme au sens où il s'épuiserait à démontrer que Dieu n'existe pas. Il déclare plutôt: même si Dieu existait, ça ne changerait rien; voilà notre point de vue. Non pas que nous croyons que Dieu existe, mais nous pensons que le problème n'est pas celui de son existence; il faut que l'homme se retrouve lui-même et se persuade que rien ne peut le sauver de lui-même, fût-ce une preuve valable de l'existence de Dieu. En ce sens, l'existentialisme est un optimisme, une doctrine d'action, et c'est seulement par mauvaise foi que, confondant leur propre désespoir avec le nôtre, les chrétiens peuvent nous appeler désespérés." (L'existentialisme est un humanisme)


"Et si j'entends des voix, qu'est-ce qui me prouve qu'elles viennent du ciel et non de l'enfer, ou d'un subconscient, ou d'un état pathologique? Qui prouve qu'elles s'adressent à moi? Qui prouve que je suis bien désigné pour imposer ma conception de l'homme et mon choix à l'humanité?" (L'existentialisme est un humanisme)


"[...] l'homme sera d'abord ce qu'il aura projeté d'être." (L'existentialisme est un humanisme)


"Quand Dieu se tait, on peut lui faire dire ce que l'on veut." (Le diable et le bon dieu)


"Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent." (Le diable et le bon dieu)


"Je me demandais à chaque minute ce que je pouvais être aux yeux de Dieu. A présent je connais la réponse: rien. Dieu ne me voit pas, Dieu ne m'entend pas, Dieu ne me connaît pas. Tu vois ce vide au-dessus de nos têtes? C'est Dieu. Tu vois cette brèche dans la porte? C'est Dieu. Tu vois ce trou dans la terre? C'est Dieu encore. Le silence c'est Dieu. L'absence c'est Dieu. Dieu c'est la solitude des hommes. Il n'y avait que moi: J'ai décidé seul du Mal; seul, j'ai inventé le Bien. C'est moi qui ai triché, moi qui ai fait des miracles, c'est moi qui m'accuse aujourd'hui, moi seul peut m'absoudre; moi, l'homme. Si Dieu existe, l'homme est néant; si l'homme existe... " (Le diable et le bon Dieu, acte 2)


"Je ne connais qu'une Église: c'est la société des hommes." (Le diable et le bon dieu)


"[...] un élu, c'est un homme que le doigt de Dieu coince contre un mur." (Le diable et le bon dieu)


"Le désordre est le meilleur serviteur de l'ordre établi. [...] Toute destruction brouillonne, affaiblit les faibles, enrichit les riches, accroît la puissance des puissants." (Le diable et le bon dieu)


"Dieu est mort, mais l'homme n'est pas, pour autant, devenu athée. Ce silence du transcendant, joint à la permanence du besoin religieux chez l'homme moderne, voilà la grande affaire aujourd'hui comme hier." (Situations)


"On ne forme pas impunément des générations en leur enseignant des erreurs qui réussissent. Qu'arrivera-t-il un jour, si le matérialisme étouffe le projet révolutionnaire ?" (Situations)


"Dieu est mort, n'entendons pas par là qu'il existe pas, ni même qu'il n'existe plus […] Il nous parlait et il se tait…" (Situations, 1)


"La violence, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est un échec." (Situations, 2)


"Coucher avec toi, sous l'œil de Dieu? S'écrit-il en repoussant Hilda. Non: je n'aime pas les parties de débauche. Si je connaissais une nuit assez profonde pour nous cacher à son regard…" (Les Mots)


"Ce qui au fond, prive l'homme de toute possibilité de parler à Dieu, c'est que, dans la pensée humaine Dieu devient nécessairement conforme à l'homme en tant que l'homme est fatigué, assoiffé de sommeil et de paix." (cité par Georges Bataille dans "La somme athéologique")


 

"Une seule fois, j'eus le sentiment qu'Il [Dieu] existait. J'avais joué avec des allumettes et brûlé un petit tapis; j'étais en train de maquiller mon forfait quand soudain Dieu me vit, je sentis son regard à l'intérieur de ma tête et sur mes mains; je tournoyais dans la salle de bains, horriblement visible, une cible vivante. L'indignation me sauva: je me mis en fureur contre une indiscrétion si grossière, je blasphémais, […] il ne me regarda plus jamais." (Jean-Paul Sartre)


"Mauriac, l'eau bénite qui fait pschitt." (Jean-Paul Sartre)


"Si Dieu n'est pas noir en lui-même, alors Jésus a menti quand il a pris la parole dans la synagogue de Capharnaüm et Marx avait raison de dire que la religion est l'opium du peuple." (Jean-Paul Sartre)

"L'absenthéisme c'est Dieu. Dieu, c'est la solitude des hommes.." (Jean-Paul Sartre)


"La religion, c'est l'échappatoire de ceux qui sont trop lâches pour se reconnaître responsables de leurs propres destinées." (Jean-Paul Sartre)


"…si la description de l'essence relève de la philosophie proprement dite, seul le roman permettra d'évoquer dans sa réalité complète, singulière, temporelle, le jaillissement originel de l'existence." (Simone de Beauvoir - Littérature et métaphysiques "Temps modernes 01/04/1946")

29 Eylül 2010 Çarşamba

ALAIN FOURNIER (1886-1914)

Il est né à La Chapelle d'Angillon, en Sologne, près de Bourges. Ses parents, instituteurs tous les deux, furent nommés à Épineuil-le-Fleuriel, en Berry. C'est là que se déroula l'enfance de l'écrivain, enfance heureuse auprès de parents cultivés et d'une sœur adorée: Isabelle. En 1898, ses parents montèrent à Paris, où en 1903, élève au lycée Lakanal à Paris, il rencontra Jacques Rivière qui préparait, tout comme lui, l'examen d'admission à l'École Normale Supérieure. Ce fut le début d'une amitié incomparable, qui donna lieu à une “Correspondance” importante (1905-1914) où il analysait ses goûts littéraires. Alain-Fournier échoua à l'examen, et cet échec le découragea profondément. Il se tourna vers le journalisme, collabora à diverses revues dont la N.R.F..

Écrire était sa passion. Il admirait Maeterlinck, Jammes et surtout Jules Laforgue dont l'influence sur sa poésie fut importante: un recueil de poèmes, “Miracles”, fut publié posthume (1924). Mais il se fit connaître de son vivant par la publication d’un roman dont, à l’âge de dix-huit ans, il parlait déjà «le portant dans sa tête depuis trois ans au moins»:
"LE GRAND MEAULNES"
LE GRAND MEAULNES
À Sainte-Agathe, un village français, à la fin du siècle dernier, le narrateur, François Seurel, le fils de l'instituteur, un adolescent un peu rêveur, mène une existence paisible et routinière dans les bâtiments de l'école qu'il habite avec ses parents. Un jour, Augustin Meaulnes, conduit par sa mère, vient s'inscrire comme pensionnaire à l'école. François partage désormais sa chambre avec le nouveau venu. Très rapidement, «le grand Meaulnes», ainsi baptisé par les autres écoliers, s'affirme comme une personnalité profondément originale et fantasque, exerçant une véritable fascination sur ses camarades et, en particulier, sur François. Un matin d'hiver, Meaulnes réussit à s'attribuer le privilège, convoité par tous, de se rendre à la gare en voiture attelée pour attendre les grands-parents de François. L'attelage revient seul, Meaulnes a disparu. Il revient deux jours plus tard, harassé, semblant porter en lui-même un lourd secret, qu'il finit par livrer à François.


S'étant égaré, il a découvert un domaine mystérieux peuplé d'enfants et de paysans costumés. Une petite fête s'y préparait pour accueillir Frantz de Galais et célébrer ses fiançailles avec une jeune fille qu'il devait ramener de la ville. Meaulnes revêtit un déguisement, participa à une promenade en bateau durant laquelle il fit la connaissance d'Yvonne de Galais, la sœur de Frantz. Il tomba éperdument amoureux d’elle. Mais, brusquement, la fête tourna court. Frantz revenu seul, désespéré, sans la fiancée qui ne voulait plus l'accompagner, tenta de se suicider, avant d'être recueilli par des bohémiens.

Son récit terminé, Meaulnes confie à François son désir impérieux de retrouver le domaine mystérieux et la jeune femme, Tous deux consultent la carte de la région, mais il leur manque des indices pour localiser l'endroit. C'est un bohémien, de passage à Sainte-Agathe, qui aide Meaulnes à situer le domaine. Il révèle son identité: il est le frère d'Yvonne. Frantz apprend également à Meaulnes que sa sœur vit à Paris. À la demande de Frantz, les trois adolescents concluent un pacte d'amitié: au premier appel convenu, chacun volera au secours de l'autre en difficulté. Meaulnes quitte Sainte-Agathe pour aller terminer ses études à Paris, mais, en fait, dans le but de retrouver Yvonne. Il apprend, de la bouche d'une jeune fille qui semble également guetter quelqu'un, qu'Yvonne est mariée et a quitté Paris. Meaulnes envoie à François des lettres désespérées. En vacances chez son oncle à quelques kilomètres de Sainte-Agathe, François rencontre Yvonne de Galais ; elle n'est pas mariée, vit avec son vieux père dans leur propriété délabrée. François prie immédiatement Meaulnes de revenir, et une fête est organisée pour permettre aux jeunes gens de se retrouver. Mais, malgré les retrouvailles, Meaulnes est sombre, comme absent. Quelque chose l'empêche d'être heureux avec Yvonne. Des fiançailles et le mariage sont quand même décidés ; mais, la nuit même des noces, l'appel de détresse de Frantz retentit et Meaulnes s'y rend, laissant sa jeune épouse seule et inquiète.


Les mois passent. Meaulnes ne donne aucun signe de vie. François soutient Yvonne, enceinte et mal portante. À la lecture de son journal intime, il découvre le secret de son ami: à Paris, Meaulnes a vécu avec une jeune fille, Valentine, qui n'était autre que la fiancée de Frantz, mais il l'a appris trop tard. Tout s'éclaire pour François : à l'appel désespéré de Frantz, Meaulnes devait répondre et aller à la recherche de sa fiancée et la lui rendre, afin de pouvoir vivre son propre bonheur avec Yvonne. Celle-ci meurt en couches, François élève la petite fille de Meaulnes jusqu'au retour de celui-ci qui a enfin réuni Frantz et Valentine. Meaulnes ne vivra désormais plus que pour sa fille.

ANALYSE DE L'OEUVRE
“Le grand Meaulnes” est à la fois une œuvre autobiographique et une aventure initiatique rendant avec justesse une atmosphère, un état d’âme, campant avec sensibilité des lieux, des personnages, des sentiments, inspirés directement de la vie de l'auteur. François Seurel, Augustin Meaulnes, Frantz de Galais sont trois facettes du même personnage principal qui est tour à tour le petit écolier studieux de Sainte-Agathe, l'adolescent fantasque et rêveur et l'être meurtri et déchiré par qui le drame s'introduit dans l'histoire. Yvonne de Galais et Valentine représentent des femmes que l'auteur a connues. La première est Yvonne de Quièvrecourt, dont la rencontre a marqué à jamais le jeune écrivain, mais cet amour était impossible puisqu'elle était mariée. La seconde est en réalité Jeanne, auprès de qui Alain-Fournier tenta vainement de se consoler. Quant aux lieux, Sainte-Agathe (Épineuil-le-Fleuriel), la rivière, la Ferté d'Angillon (La Chapelle d'Angillon), ils sont minutieusement décrits comme si l'auteur avait voulu fixer à tout jamais ses lumineux souvenirs d'enfance.


“Le grand Meaulnes” continue de toucher les sensibilités car le lecteur y retrouve les soirées en famille, l'attente des jours de fête, l'atmosphère d'une école, la douceur des promenades à la campagne, dans le soleil ou dans la neige, l’évocation du paradis perdu de l’enfance, la méditation sur le bonheur. Oeuvre fine, imprégnée de symbolisme, qui mêle habilement réalisme et rêverie, merveilleux, c'est surtout le récit d’une fugue sur les grand-routes de l’imaginaire, le récit d'un passage fondamental: celui de l'enfance heureuse et paisible à l'adolescence où tous les rêves sont possibles, mais aussi tous les déchirements, les angoisses, les engagements sans restriction dans l'amitié, l'amour fou; passage à l'âge adulte qui se fait mal, comme si l'auteur ne l'acceptait pas. Sa mort précoce en a arrêté l'élan.

Certains critiques ont décelé dans l'œuvre un itinéraire quasi mystique, en ce sens que l'amour humain serait profondément insatisfaisant et irréalisable et que l'être humain aspirerait toujours à un ailleurs ou à un Dieu. Alain-Fournier a exprimé la «peur de voir s'évanouir bientôt entre ses mains ce bonheur inouï qu'il tenait si serré, tentation terrible de jeter irrémédiablement à terre, tout de suite, cette merveille qu'il avait conquise».

Le livre rencontra un succès immédiat, manqua d’une voix le Goncourt en 1913, devint un roman culte.
ALTER EGO, AUTRE & AUTRUI
(Termes Philosophiques)       

"Alter ego" est un terme latin signifiant: un autre moi-même. Il sert de ce fait à désigner une personne qui a les mêmes qualités, caractéristiques qu'une autre ou est capable de la remplacer.

"L'autre" en tant qu'il n'est pas seulement un autre que moi mais un autre moi. Dans la langue commune, l'expression renvoi à l'idée de substituabilité: l'alter ego est celui qui peut faire et être à ma place. D'où l'ambiguïté: on insistera tantôt sur l'ego (l'autre moi, est un autre moi), tantôt sur l'alter. (l'autre moi est un moi autre)

Le terme est couramment utilisé dans la littérature pour décrire des caractères qui sont psychologiquement identiques, ou parfois pour décrire un personnage proche de l'auteur, avec un discours ou des pensées similaires à l'auteur.


Les personnages du Docteur Jekyll et de Mister Hyde dans le thriller L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde de Robert Louis Stevenson représentent une version de cette notion où le bien et le mal cessent de coexister intérieurement dans une personne pour prendre deux incarnations séparées au fil du temps.


Le terme comme le concept apparaissent souvent dans la fiction, la musique avec pour exemple Eminem et Slim Shady étant le côté sombre d'Eminem; ou dans la bande dessinée: double identité d'un super-héros, rapport privilégié à un super-vilain particulier, etc…



"Autrui" se conçoit comme l'alter ego c'est-à-dire l'autre moi. Autrui est donc à la fois mon semblable et un sujet différent de moi. Proximité et distance caractérisent autrui. Proximité, parce qu'il s'agit d'un sujet conscient comme moi; distance parce qu'il s'agit d'une conscience singulière.

Chaque sujet a un sens intuitif de lui-même. C'est ce qu'illustre le cogito de Descartes. Le cogito cartésien est une expérience personnelle aboutissant à la prise de conscience de soi. Comment peut-on alors accéder à la connaissance de l'existence de l'autre? Pour Husserl et Sartre, la connaissance d'autrui relève d'une attitude irréfléchie, intuitive. En effet, d'après la thèse phénoménologique, la conscience de soi présuppose la connaissance d'autrui. Je ne pourrai être conscient de mon existence sans être en même temps conscient de l'existence d'autrui. La conscience est d'abord dirigée vers le monde avant d'être consciente de soi. En outre, le monde dans lequel nous vivons est essentiellement humain. Pour être conscient de mon existence et de mes expériences, je dois d'abord être conscient qu'autrui perçoit les mêmes choses que moi. On peut aussi connaître autrui par le dialogue, le langage permet le contact avec l'autre avec plus de perspectives selon Merleau Ponty. Chaque protagoniste exprime sa pensée et se rend disponible pour écouter l'autre. Ce qui peut déboucher sur une compréhension mutuelle.

28 Eylül 2010 Salı

LA PESTE

La Peste est un roman d'Albert Camus publié en 1947.


Certains personnages de La Peste sont présents dans des pages des Carnets, écrites à Alger en 1938. Mais c’est surtout à Oran, de la fin de 1940 au printemps de 1942, puis en métropole qu'Albert Camus élabore son roman. Une première version manuscrite, prête au début de 1943, est profondément remaniée. Publiée en juin 1947, chez Gallimard, La Peste vaudra à Camus son premier grand succès de librairie (161 000 les deux premières années, plusieurs millions depuis).

Première partie
Oran, un jour d'avril 194…, le docteur Rieux découvre le cadavre d'un rat sur son palier. Le concierge, monsieur Michel, pense que ce sont des mauvais plaisants qui s'amusent à déposer ces cadavres de rats dans son immeuble. À midi, Rieux accompagne à la gare son épouse qui, malade, part se soigner dans une ville voisine. Quelques jours plus tard, une agence de presse annonce que plus de six mille rats ont été ramassés le jour même. L'angoisse s'accroît. Quelques personnes commencent à émettre quelques récriminations contre la municipalité. Puis, soudainement, le nombre de cadavres diminue, les rues retrouvent leur propreté, la ville se croit sauvée.

Monsieur Michel, le concierge de l'immeuble de Rieux, tombe malade. Le docteur Rieux essaye de le soigner. Sa maladie s'aggrave rapidement. Rieux ne peut rien faire pour le sauver. Le concierge succombe à un mal violent et mystérieux.


épidémie de peste
Rieux est sollicité par Grand, un employé de la mairie. Il vient d'empêcher un dénommé Cottard de se suicider. Les morts se multiplient. Rieux consulte ses confrères. L'un d'eux, le vieux Castel, confirme ses soupçons: il s'agit bien de la peste. Après bien des réticences et des tracasseries administratives, Rieux parvient à ce que les autorités prennent conscience de l'épidémie et se décident à fermer la ville, condamnant ainsi certains à vouloir tenter de s'enfuir par le port.

Deuxième partie
La ville s'installe peu à peu dans l'isolement. L'enfermement et la peur modifient les comportements collectifs et individuels. « La peste fut notre affaire à tous », note le narrateur.

Les habitants doivent composer avec l'isolement aussi bien à l'extérieur de la ville qu'à l'intérieur. Ils éprouvent des difficultés à communiquer avec leurs parents ou leurs amis qui sont à l'extérieur. Fin juin, Rambert, un journaliste parisien séparé de sa compagne, demande en vain l'appui de Rieux pour regagner Paris. Cottard, qui avait, en avril, pour des raisons inconnues tenté de se suicider, semble éprouver une satisfaction malsaine dans le malheur de ses concitoyens. Les habitants d'Oran tentent de compenser les difficultés de la séquestration en s'abandonnant à des plaisirs matériels. Grand, employé de la mairie, se concentre sur l'écriture d'un livre dont il réécrit sans cesse la première phrase. Le père Paneloux fait du fléau l'instrument du châtiment divin et appelle ses fidèles à méditer sur cette punition adressée à des hommes privés de tout esprit de charité.

Tarrou, fils d'un procureur et étranger à la ville, tient dans ses carnets sa propre chronique de l'épidémie. Lui ne croit qu'en l'Homme. Il fait preuve d'un courage ordinaire et se met à disposition de Rieux pour organiser le service sanitaire. Rambert les rejoint.

Troisième partie
C'est l'été, la tension monte et l'épidémie redouble. Il y a tellement de victimes qu'il faut à la hâte les jeter dans la fosse commune, comme des animaux. La ville est obligée de réprimer des soulèvements et les pillages. Les habitants semblent résignés. Ils donnent l'impression d'avoir perdu leurs souvenirs et leur espoir. Ils n'ont plus d'illusion et se contentent d'attendre.

Quatrième partie
Cette partie se déroule de septembre à décembre. Rambert a eu la possibilité de quitter la ville mais il renonce à partir. Il est décidé à lutter jusqu'au bout aux côtés de Rieux et de Tarrou. L'agonie d'un jeune enfant, le fils du juge Othon et les souffrances qu'éprouvent ce jeune innocent, ébranlent Rieux et troublent les certitudes de l'abbé Paneloux. L'abbé se retranche dans la solitude de sa foi et meurt sans avoir sollicité de médecin, en serrant fiévreusement contre lui un crucifix. Tarrou et Rieux, connaissent un moment de communion amicale en prenant un bain d'automne dans la mer. À Noël, Grand tombe malade et on le croit perdu. Mais il guérit. Des rats, réapparaissent à nouveau, vivants.

Cinquième partie
C'est le mois de janvier et le fléau régresse. Il fait pourtant des dernières victimes: Othon, puis Tarrou qui meurt, serein au domicile de Rieux. Il confie ses carnets au docteur. Depuis que l'on a annoncé la régression du mal, l'attitude de Cottard a changé. Il craint que le retour à la vie normale ne mette un terme à ses affaires illicites. Un télégramme arrive chez Rieux, lui annonçant la mort de sa femme.

À l'aube d'une belle matinée de février, les portes de la ville s'ouvrent enfin. Les habitants savourent la fin de leur exil mais ils n'oublient pas cette épreuve « qui les a confrontés à l'absurdité de leur existence et à la précarité de la condition humaine ».

Cottard est arrêté par la police après une crise de démence et des échanges de coups de feu.

On apprend l'identité du narrateur : c'est Rieux qui a voulu relater ces événements avec la plus grande objectivité possible. Il sait que le bacille de la peste peut revenir un jour et appelle à la vigilance.
 Analyse sur "LA PESTE & CAMUS

Dans l'incipit le narrateur « nous introduit dans la cité » (cité : État civilisé) d'Oran, préfecture française de la côte algérienne des années 1940. On remarque qu'il y a une saison, mais pas de temps, pas de dates précises bien que ce soit une chronique. C'est une ville moderne de commerce, ce qui est bien naturel, Oran ayant un port. Le narrateur nous apprend les loisirs des habitants, comme le cinéma, les bains de mer, la boule et les cercles. Les habitants sont perdus dans leurs habitudes.

On remarque donc que l'incipit est très prudent. Quelques indications sont fournies et la présentation reste une énigme, ce qui éveille la curiosité du lecteur.

Le narrateur pose problème, car il cache son rôle dans le récit. Son statut est de type historien, comme s'il rédigeait une chronique, ce qu'il explique vers la fin de l'incipit. Son statut est polyphonique, car le narrateur se sert de toutes les informations qu'il a pu recueillir afin de pouvoir rédiger le récit le plus exactement possible, avec objectivité et confidentialité.
 
Le style de Camus
Albert Camus utilise tout au long du roman un style morne afin de garder la neutralité et l'objectivité qu'il met en avant. De plus, ce style permet de renforcer le côté dramatique de l'histoire et la monotonie de la vie sous la peste et du combat contre celle-ci.

La peste est caractérisée par sa subdivision: les faits imaginés par l'auteur se suivent chronologiquement et sont divisés en quatre parties distinctes. On peut ainsi observer l'évolution de la maladie: la première partie de cette chronique introduit le fléau puis sa montée rapide, la deuxième partie indique son sommet, la troisième, son essoufflement, et enfin, la quatrième, sa disparition.

"La peste" est aussi une œuvre engagée. En effet Albert Camus laisse deviner dans le texte ses idées anti-nazies et dénonce l'atrocité vécue par le peuple juif au cours de la Seconde Guerre mondiale.

S'opposant à l'idéalisme et à la religion, Camus est associé au courant littéraire et philosophique de l'existentialisme.
EMMANUEL LEVINAS (1906-1995)

Sagesse de l’amour et amour de la sagesse... Du livre à la pensée, de la transmission à la répétition, le philosophe n’aura qu’un dessein: inscrire l’éthique comme fondement originel de la rencontre avec autrui. Désir de transcendance, accouplement métaphysique et accouchement de concepts seront, ainsi, les étapes successives d’une dynamique cognitive sensuelle et passionnée.
Emmanuel Levinas est né le 12 janvier 1906, à Kovno en Lituanie, dans la Russie tsariste. Son père Yehiel tient une librairie dans la rue principale, sa mère, éprise de littérature, lui transmettra l’amour des livres et de la littérature russe (Pouchkine, Gogol, Tolstoï, Dostoïevski, etc.). Baignant dans une atmosphère ashkénaze de pratiques religieuses et de questionnements permanents, Lévinas grandira entre la tradition figée des orthodoxes et la modernité des réformistes influencés par les Lumières allemandes. De l’exil (en Ukraine en pleine révolution russe) au retour, il passera son certificat (bac) en 1923, avant de s’inscrire à l’université de Strasbourg, en philosophie. Il est naturalisé français en 1932. Considérablement influencé par Bergson, il fréquentera Maurice Blanchot. Il découvre Husserl et Heidegger et participe à la conférence de Davos.
Engagé comme traducteur russe durant la Seconde Guerre mondiale, il est fait prisonnier en Allemagne. A la Libération, il intègre L’Ecole normale israélite orientale (ENIO) comme directeur et devient, après sa soutenance de thèse en 1963, professeur à l’université de Poitiers, Nanterre puis à la Sorbonne, grâce à l’appui de Jean Wahl. Il prend sa retraite en 1979.
Bercé par les traditions juives et des figures aussi emblématiques que Gaon de Vilna (cabaliste du XVIIIe siècle), Rabbi Hayyim de Volozhym (disciple de Gaon) ou Maimonide, Lévinas est resté fidèle tout au long de sa vie à cet héritage culturel et religieux. Pratiquant scrupuleux, directeur de l'ENIO et maître de cérémonie des cours Rachi (rabbin et exégète prestigieux du Moyen Age), élève de l’énigmatique talmudiste Chouchani, il n’aura de cesse de préserver une judaïté singulière, faite de prescriptions rigoureuses et d’un devoir de transmission. Néanmoins, dire de lui qu’il est un "philosophe juif", serait un raccourci rapide, une conclusion erronée, réduisant l’universalisme d’une pensée à un particularisme structurel ou identitaire. Ce serait, en conséquence, river les possibilités de l’esprit aux conditions brutales de l’être et faire des concepts lévinassiens une théologie dissimulée se dérobant sous l'effritement d'un voile philosophique formel. Or, Lévinas n’a jamais vécu le judaïsme comme une pensée globalisante, absorbant en totalité ses principes philosophiques. En réalité, l’auteur de ‘Totalité et infini’ pioche avec pertinence et lucidité dans les traditions juives, afin d’en extirper les éléments d’un agencement proprement philosophique: "l’éthique, l’altérité, l’infini, l’épiphanie", etc. Le travail spécifiquement théologique sera, d’ailleurs, élaboré sans la moindre ambiguïté avec des livres tels que ‘Du sacré au saint. Cinq nouvelles lectures talmudiques’ ou ‘L’Au-delà du verset. Lecture et discours talmudiques’. Ainsi le rapport du religieux et du philosophique semble dénué d’une réversibilité absolue.
L’apprentissage philosophique de Lévinas est étendu et multiple. Détour par le nihilisme, l’angoisse, l’inquiétante atmosphère de la littérature russe. A l’université de Strasbourg, il découvre une effervescence intellectuelle, des figures emblématiques et des systèmes funambules ralliant l’ancien et le moderne. Enivrement face à Bergson, qui n’hésite pas à réhabiliter l’importance de la métaphysique à travers une pensée où domine une conception originale de la durée... Etonnement pour une science nouvelle, la sociologie, élaborée par Durkheim définissant le collectif comme une structure transcendante capable de déterminer les comportements individuels. Les professeurs auront aussi un rôle prédominant : Maurice Pradines et la philosophie morale et politique, Charles Blondel et la critique de la psychanalyse, Maurice Halbwachs en spécialiste de la sociologie, etc. L’université, c’est aussi une rencontre et une amitié tortueuse, mais sincère, avec Maurice Blanchot. Il découvre les textes de Husserl ‘Méditations cartésiennes’ et les ‘Recherches logiques’, et entreprend une initiation à la méthode phénoménologique (intentionnalité, philosophie comme science rigoureuse, etc.).
Le grand bouleversement adviendra durant les semestres de l’été 1928 et de l’hiver 1928-1929. Lévinas part à Fribourg s’enrichir de l’exaltante philosophie allemande. Il est alors sous le charme du maître Heidegger et découvre une discipline révolutionnaire : l’ontologie. Avec l’auteur de ‘Etre et temps’, l’être perd son statut réducteur de substantif, afin de réinvestir son essence véritable. Comme le note Lévinas : "La philosophie aurait été ainsi […] une tentative de répondre à la signification de l’être comme verbe ."Réinventer une sonorité à l’être, c’était réinventer une manière de philosopher, à laquelle Levinas rendra hommage toute sa vie, malgré le geste impardonnable de Heidegger (il prononcera un discours d’allégeance à Hitler en 1933). Pourtant, très rapidement, dans un article de 1934 intitulé ‘Quelques réflexions sur la philosophie de l’hitlérisme’, il dénonce, avec une lucidité surprenante, les risques d’une enchaînement à l’être et d’une culture de l’immanence. Dès 1935, dans ‘L’Evasion’, il exprime le besoin profond de l’individu à pouvoir sortir de lui-même et dégage les prémices d’une définition plus large du désir (basée uniquement sur le manque et la satisfaction) se frayant, de la sorte, un chemin vers l’altérité. Deux ans après la fin de la guerre, il publie ‘De l’existence à l’existant’ où se précise une notion singulière : l’insurmontable présence de l’absence, du fait non factuel, d’un impalpable situé entre le néant et l’être. Ce que Lévinas appellera, un "Il y a", impersonnel et autoritaire (vivant dans l’insomnie, la paresse, etc.), dont l’individu pourra se soustraire grâce à l’apparition des choses du monde ou de la présence d’autrui.
L’hétérogénéité de la culture de Lévinas n’est pas anecdotique. Elle dérive, en réalité, d’un processus propre à une démarche authentiquement philosophique et basé sur ce qui est "autre", sur l’extériorité. Sortir d’un espace connu, pour investir un lieu, une discipline, un univers étranger afin de produire, de créer le concept. "Déterritorialisation" et "re-territorialisation", aurait dit Deleuze, pour arracher à "l’ailleurs" les éléments d’un agencement indispensable au caractère composite du concept. Mais au-delà des limites fixées par un plan d’immanence, le domaine de Lévinas se réalise dans la transcendance. En 1963, paraît ‘Totalité et infini’, livre remarquable dans lequel se concrétise la longue maturation intellectuelle du philosophe. Le désir devient "désir métaphysique", sans satisfaction ni possibilité de réduction de l’objet désiré. Désir d’un "ce qui est Autre" singulier, puisqu’il est infini. Dans le réel, cette altérité persistante prend la forme de la rencontre avec autrui. Lorsque j’identifie, que je m’empare de ce qui est "Autre", extérieur à moi, pour l’assimiler, je le dépouille de son altérité. Or, il existe une extériorité irréductible, insaisissable dans sa plénitude: "autrui". Le visage d’autrui me révèle l’infini, par mon incapacité à le saisir dans sa totalité. De cette épiphanie (révélation de quelque chose de caché), l’infini que dévoile le visage d’autrui, naît l’espace éthique si cher à Lévinas. Une éthique d’une modernité surprenante. Comment faire d’autrui mon ennemi si je ne peux le réduire dans une différence précise, identifiable? Contre la totalité, la réduction de l’individu à une identité culturelle, à tout ce qui pourrait le figer, l’enchaîner, le philosophe condamnera la tentation essentialiste au profit d’une altérité irréversible. Ce sera l’objet de son dernier livre ‘Autrement qu’être ou au-delà de l’essence’, qui dévoilera avec moins d’obscurité le caractère sacré de la transcendance.
L’universalisme de la pensée et la souveraineté de l’Esprit             
Cette altérité n’est pas abstraite. La vie de Lévinas en est un témoignage concret. Du désir métaphysique d’altérité se déploie une universalité des fins, ayant pour unique exigence l’autonomie de l’esprit. Il participe, ainsi, aux colloques du ‘Collège philosophique’ animés par son ami Jean Wahl où il s’imprègne de l’existentialisme chrétien de Gabriel Marcel, de l’hégélianisme de Koyré, de Sartre et Jankélévitch. Lui-même fera une série de conférences qui donneront lieu à la publication de ‘Le Temps et l’Autre’. Ses amitiés philosophiques avec Derrida, Ricoeur s’établiront à partir des similitudes et des différences dans la perspective d’un questionnement perpétuel. Véritable pont entre les cultures, entre les cultes, il sera un interlocuteur rigoureux avec le monde chrétien : relation privilégiée avec le pape Jean-Paul II symbolisée par les rencontres successives au Castel Gandolfo (résidence d’été du pape, près de Rome), présence du philosophe aux colloques de Enrico Castelli autour de la religion et de l’exégèse, etc. Il gardera contact avec la communauté intellectuelle juive, participant au côté de André Neher ou Edmond Fleg à de nombreux colloques consacrés, par exemple, à Franz Rosenzweig. Lévinas commence aussi à dépasser les frontières à partir de la Belgique ou des Pays-Bas.
Leçon pour l’avenir, la voix de Lévinas résonne ainsi comme un appel à refuser le confort indolent de l’être, la suffisance d’une identité rivée aux structures, au corps, aux différences. S’élever au-delà de l’essence, c’est assumer la responsabilité active de mon existence individuelle et de celle des autres, mais surtout, concevoir l’infini comme une caution éthique originelle et supérieure.


Loin de l’histoire, des faits ou de la finitude, Lévinas l’apatride erre, tel un nomade volontaire et exalté, dans un lieu dépourvu de terre et de drapeau : celui du livre. Répondant, ainsi, à une modalité inhérente au judaïsme,il tend l’oreille à cette voix fraternelle qui répète insatiablement que: "Le texte est un foyer; chaque commentaire,un retour."

27 Eylül 2010 Pazartesi

ALBERT CAMUS (1913-1960)
Albert Camus naît à Mondovi (Algérie) le 7 Novembre 1913. Il est le second enfant de Lucien Camus, ouvrier agricole et de Catherine Sintes, une jeune servante d'origine espagnole qui ne sait pas écrire et qui s'exprime difficilement. Lucien Camus est mobilisé pendant la première guerre mondiale et meurt lors de la Bataille de la Marne. Le jeune Albert ne connaîtra pas son père. Sa mère s'installe alors dans un des quartiers pauvres d'Alger, Belcourt. Grâce à l'aide de l'un de ses instituteurs, M. Germain, Albert Camus obtient une bourse et peut ainsi poursuivre ses études au lycée Bugeaud d'Alger. Il y découvre à la fois les joies du football (il devient le gardien de but du lycée) et de la philosophie, grâce à son professeur Jean Grenier. Il est alors atteint de la tuberculose, une maladie qui plus tard, l'empêchera de passer son agrégation de philosophie.

Il obtient son bac en 1932 et commence des études de philosophie. Cette année-là il publie ses premiers articles dans une revue étudiante. Il épouse en 1934, Simone Hié et doit exercer divers petits boulots pour financer ses études et subvenir aux besoins du couple. En 1935, il adhère au parti communiste, parti qu'il quittera en 1937. En 1936, alors qu'il est diplômé d'Etudes Supérieures de philosophie, il fonde le Théâtre du Travail et il écrit avec 3 amis Révolte dans les Asturies, une pièce qui sera interdite. Il joue et adpate de nombreuses pièces : Le temps du mépris d'André Malraux, Les Bas-Fonds de Gorki, Les frères Karamazov de Dostoïevski. En 1938, il devient journaliste à Alger-Républicain où il est notamment chargé de rendre compte des procès politiques algériens.

La situation internationale se tend. Alger-Républicain cesse sa parution et Albert Camus part pour Paris où il est engagé à Paris-Soir. C'est le divorce d'avec Simone Hié, et il épouse Francine Faure.


L'ETRANGER
En 1942 il milite dans un mouvement de résistance et publie des articles dans Combats qui deviendra un journal à la libération. Cette année-là il publie "l'Etranger" et "le Mythe de Sisyphe" chez Gallimard . Ces deux livres enflamment les jeunes lecteurs et valent à Albert Camus d'accéder, dès cette année-là, à la notoriété.

En 1944 il fait la rencontre de Jean-Paul Sartre. Ce dernier souhaiterait qu'il mette en scène sa pièce Huis Clos. C'est l'époque où les deux philosophes entretiennent des rapports amicaux : "l'admirable conjonction d'une personne et d'une œuvre" écrit Sartre de Camus. Leurs relations vont pourtant s'envenimer jusqu'au point de non retour.

En 1945, c'est la création de "Caligula", qui révélera Gérard Philippe. Deux ans après, il publie "La Peste" qui connaît un immense succès. C'est cette année-là qu'il quitte le journal Combat.


En 1951, publication de "l'Homme Révolté" qui vaut à Camus à la fois les foudres des surréalistes et des existentialistes. Des surréalistes tout d'abord: André Breton est furieux des propos de Camus sur Lautréamont et Rimbaud. Les existentialistes se déchaînent quant à eux, en publiant un article très critique dans Les temps Modernes, revue dont le directeur n'est autre que Jean-Paul Sartre. L'année suivante ce sera la rupture définitive entre Camus et Sartre.

Albert Camus subit alors avec une grande douleur la situation algérienne. Il prend position, dans l'Express, au travers de plusieurs articles où il montre qu'il vit ce drame comme un "malheur personnel". Il ira même à Alger pour y lancer un appel à la réconciliation. En vain.

En 1956, il publie "La Chute"; une œuvre qui dérange et déroute par son cynisme et son pessimisme.

Albert Camus obtient le prix Nobel en octobre 1957 "pour l'ensemble d'une œuvre qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes". Il a alors 44 ans et est le neuvième français à l'obtenir. Il dédie quant à lui son discours à Louis germain, l'instituteur qui en CM2 lui a permis de poursuivre ses études. Il est félicité par ses pairs, notamment Roger Martin du Gard, François Mauriac, William Faulkner. Lui pourtant regrette: il aurait souhaité que cette distinction revienne à André Malraux, son aîné, qu'il considère aussi comme un maître. 3 ans après, le 4 janvier 1960, il se tue dans un accident de voiture. Le destin. Alors qu'il avait prévu de se rendre à Paris par le train, Michel Gallimard lui propose de profiter de sa voiture. Près de Sens, pour une raison indéterminée, le chauffeur perd le contrôle du véhicule. Albert Camus meurt sur le coup. On retrouve dans la voiture le manuscrit inachevé du Premier Homme. Dans l'une de ses poches, il y avait également un billet de chemin de fer.
Résumé de l'Etranger

Première Partie►

Meursault, le narrateur, est un jeune et modeste employé de bureau habitant Alger. Le récit commence le jour de la mort de sa mère. Au petit matin, il reçoit un télégramme de l'asile de vieillards de Marengo, situé à quatre-vingt kilomètres d'Alger lui annonçant son décès. Elle y séjournait depuis trois ans.


Meursault demande et obtient un congé de quarante huit heures et va déjeuner chez Céleste, un restaurant où il a l'habitude d'aller.

Vers deux heures de l'après-midi, il prend l'autobus. Il fait chaud, Meursault dort pendant presque tout le voyage. L'asile étant à deux kilomètres du village, Meursault termine le trajet à pied. Après les formalités, il a une entrevue avec le directeur de l'asile, qu'il écoute d'une oreille distraite. Ce dernier lui indique que sa mère n'était pas malheureuse à l'asile. Il lui annonce également que l'enterrement religieux est fixé au lendemain matin.


Puis Meursault se rend dans une salle blanchie à la chaux où se trouve entreposé le corps de sa mère mais il refuse de voir le corps . Il a une conversation avec le concierge. Cet homme bavard lui raconte sa vie et lui propose de dîner au réfectoire. Meursault, décline l'invitation. Le concierge lui offre alors un café au lait que Meursault accepte.

Puis a lieu la veillée, interminable: les amis de sa mère, tous semblables, y assistent. Ils s'installent autour du cercueil et laissent échapper des bruits bizarres de leurs bouches édentées. Une vieille femme pleure sans cesse. Meursault a la désagréable impression que ces vieillards sont là pour le juger.



Le jour se lève. Meursault admire la beauté de ce nouveau matin. Après une toilette rapide et un nouveau café au lait que lui a préparé le concierge, le narrateur se rend chez le directeur où il accomplit de nouvelles formalités administratives. Puis le cortège funèbre se rend vers l'église du village, située à trois quarts d'heure de marche. Un vieillard suit péniblement le cortège, il s'agit de Thomas Pérez, un compagnon d'asile de la mère de Meursault. les voisins se moquaient d'eux en les appelant "les fiancés". La chaleur est insoutenable. L'enterrement défile comme un songe dans l'esprit de Meursault : l'église, le cimetière, l'évanouissement du vieux Pérez, l'attente, puis la joie quand l'autobus le ramène enfin à Alger.


Meursault a enterré sa mère sans larmes et n'a pas voulu simuler un chagrin qu’il n’éprouvait pas.


A son réveil , le samedi, Meursault essaye de comprendre le mécontentement de son patron: deux jours de congé pour l'enterrement de sa mère, puis les deux jours de week-end, cela fait quatre jours d'absence. Désœuvré, il décide d'aller se baigner au port. Il y rencontre par hasard Marie Cardona, une ancienne dactylo de son bureau dont il avait "eu envie à l'époque". Ils nagent, s'amusent dans l'eau. Leurs corps s'effleurent. Puis ils s'endorment ensemble sur une bouée, Meursault posant sa tête sur le ventre de Marie. Quand ils se rhabillent, Marie découvre , en voyant sa cravate noire, que Meursault est en deuil. Elle montre sa surprise lorsqu'elle apprend qu'il a perdu sa mère la veille. Le soir, ils vont au cinéma voir un film de Fernandel. Pendant la séance il lui caresse les seins et l'embrasse. Ils passent la nuit ensemble. Le dimanche matin elle part avant son réveil. Meursault reste au lit toute la matinée à fumer des cigarettes. Le midi il fait cuire des œufs et les mange à même le plat. Désœuvré, il passe tout l’après-midi à son balcon, et observe les allées et venues des gens de son quartier. Le soir, "j'ai pensé que c'était toujours un dimanche de tiré, que maman était maintenant enterrée, que j'allais reprendre mon travail et que, somme toute, il n'y avait rien de changé".

Le lundi, Meursault retourne au bureau. Après une matinée banale, il déjeune comme d'habitude chez Céleste avec son collègue Emmanuel. Puis sieste chez lui, et retour au bureau en tram, où il travaille "tout l'après-midi"; le soir, le plaisir simple de rentrer chez lui en marchant le long des quais.


Dans l'escalier de son immeuble, Meursault rencontre le vieux Salamano, son voisin de palier, accompagné de son chien, un épagneul couvert de croûtes, qui ne le quitte pas, et qu'il injurie; cela fait huit ans que Meursault assiste quotidiennement à cette scène immuable. Puis dès qu'il a quitté Salamano, son autre voisin de palier, Raymond Sintès, l'invite à venir "manger un morceau" avec lui; soupçonné d'être un souteneur, ce voisin a mauvaise réputation. Il porte ce soir-là un pansement à la main: il s'est fait blesser au cours d'une rixe dont il fait le récit. Raymond Sintès se confie à Meursault: l'homme avec qui il s'est battu est le frère d'une femme qu'il "entretient", et qu'il veut punir parce qu'il s'est aperçu" qu'il y avait de la "tromperie". Il veut lui écrire une lettre, pour la faire revenir, et ensuite l'humilier. Il demande à Meursault de rédiger cette lettre et ainsi l'aider à réaliser sa vengeance. Meursault l'écrit. Raymond est satisfait et reconnaissant: "Maintenant, tu es un vrai copain".


La semaine s'achève. Meursault a bien travaillé. C'est samedi, il retrouve Marie. Ils prennent le bus pour aller à la plage située à quelques kilomètres d'Alger. Le soleil; l'eau, le goût du sel, et les jeux amoureux dans les vague: "Sa langue rafraîchissait mes lèvres et nous nous sommes roulés dans les vagues pendant un moment." Tous deux reviennent chez Meursault : "J'avais laissé ma fenêtre ouverte et c'était bon de sentir la nuit d'été couler sur nos corps bruns".



Le dimanche matin, Marie est restée. Elle souhaite savoir si Meursault l'aime ? Il lui a répondu que cela ne voulait rien dire, mais qu'il (lui) semblait que non. Marie a eu l'air triste, puis la bonne humeur est revenue. C'est à ce moment-là, qu'ils entendent les bruits d'une dispute chez Raymond; celui-ci frappe une femme en l'injuriant. Meursault et marie sortent sur le palier. L'arrivée d'un agent met fin à la dispute. La fille accuse Raymond d'être un souteneur, ce qui lui vaut d'être convoqué au commissariat.


Après le départ de Marie, vers 13 heures, Meursault dort une peu. Puis Raymond vient le voir. Il est heureux de sa vengeance et lui demande de venir témoigner. Meursault accepte. Ils sortent ensemble l'après-midi. Meursault trouve que "c'est un bon moment". À leur retour, ils trouvent Salamano sans son chien. Le vieil homme est complètement désemparé et leur explique comment celui-ci s'est sauvé. Les deux hommes le rassurent et lui indiquent que le chien a pu s'égarer, mais qu'il allait revenir.



Le soir, Salamano vient rendre visite à Meursault,. "Puis il m'a dit : "Bonsoir". Il a formé sa porte et je l'ai entendu aller et venir. Son lit a craqué. Et au bizarre petit bruit qui a traversé la cloison, j'ai compris qu'il pleurait. Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à maman".


Meursault est au bureau et Raymond l'appelle pour les inviter lui et Marie à passer le dimanche suivant chez un ami, dans un cabanon au bord de mer, près d'Alger. Raymond lui indique aussi que toute la journée un groupe d'Arabes l'a suivi, parmi lesquels se trouvait le frère de son ancienne maîtresse.


Peu après le patron de Meursault le convoque. Il propose de l'envoyer à Paris où il envisage de créer une agence. Meursault montre peu d'enthousiasme et son patron lui reproche son indifférence et son manque d'ambition.


Le soir Marie vient chercher Meursault et lui demande s'il veut se marier avec elle. Meursault lui explique que cela n'a aucune importance et que si elle désire ils peuvent très bien se marier. Puis les deux amants se séparent car Marie "avait à faire".



Dîner chez Céleste, à la même table qu'une petite femme affairée qui a un comportement d'automate. De retour chez lui, sur le pas de la porte, Meursault retrouve Salamano, qui lui annonce que son chien est définitivement perdu. Ils évoquent le chien, puis Salamano parle de sa jeunesse, de son ambition d'alors, de sa femme et de chien qu'il avait acquis à la mort de celle-ci. Puis il évoque la mère de Meursault: dans le quartier, on l'a mal jugé quand il l'a mise à l'asile, mais lui, Salamano, connaissait bien Meursault et il savait qu'il aimait beaucoup sa mère. Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, les deux hommes échangent une poignée de main.

Le dimanche. Marie appelle Meursault et le réveille. Ils frappent ensuite à la porte de Raymond. La veille, Meursault a témoigné au commissariat que la fille avait "manqué" à Raymond. Marie est heureuse de passer la journée au bord de la mer avec Meursault. Au moment où ils vont prendre l'autobus, Raymond aperçoit sur le trottoir d'en face un groupe d'Arabes ( dont le "type" de Raymond) qui les regardent. Ils prennent l'autobus pour se rendre chez l'ami de Raymond, Masson, un grand gaillard sympathique. C'est en plaisantant qu'ils arrivent au cabanon de Masson, situé à l'extrémité de la plage. Il attend ses invités en compagnie de sa femme, une "petite femme ronde à l'accent parisien". Masson , Meursault et Marie partent se baigner. Meursault et Marie nagent ensemble ("nous nous sentions d'accord dans nos gestes et dans notre consentement") puis s'allongent au soleil. Le déjeuner est arrosé, il est encore tôt et l'éclat du soleil sur la mer est insoutenable. Pendant que Marie aide Mme Masson à faire la vaisselle, Meursault, Raymond et Masson vont se promener sur la plage. Tout au bout, ils aperçoivent soudain deux Arabes. "C'est lui", dit Raymond reconnaissant son adversaire. Raymond frappe "son type" et Masson s'occupe de l'autre. Meursault ne prend pas part à la bagarre. L'un des Arabes a tiré un couteau, Raymond est blessé, sans gravité. Il part se faire soigner chez un médecin. Meursault, lui , reste avec les femmes. A son retour, vers une heure et demie, Raymond retourne sur la plage, Meursault l'accompagne. Les deux Arabes sont encore là, allongés près d'une source. Raymond provoque son adversaire mais Meursault, par précaution, l'oblige à lui remettre son revolver. Les deux Arabes se retirent tranquillement. La chaleur est insoutenable.
A peine de retour au cabanon, Meursault éprouve le besoin de revenir se promener sur la plage, et il se dirige vers le coin ombragé de la source pour y trouver un peu de fraîcheur. Le "type" de Raymond est revenu. Du fait du soleil écrasant, Meursault va vivre la suite des événements dans une espèce de semi-conscience; il serre le revolver de Raymond dans sa poche, envisage de faire demi-tour, mais sent la plage "vibrante de soleil" qui se presse derrière lui ; l'Arabe tire son couteau, la lumière gicle sur l'acier ; les yeux aveuglés de sueur, la main de Meursault se crispe sur le revolver, le coup part. "C'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur".

Deuxième Partie►
Meursault est arrêté et subit plusieurs interrogatoires au commissariat, puis chez le juge d'instruction. Trouvant son affaire "très simple" Meursault ne juge pas utile de prendre un avocat. On lui en désigne un d'office. Il questionne Meursault sur sa mère et les sentiments qu'il avait pour elle. Les propos à la fois sincères et naïfs de Meursault gênent son avocat. Nouvel interrogatoire chez le juge. Il lui demande lui aussi s'il aimait sa mère. Il souhaiterait également comprendre pourquoi il a attendu entre le premier et les quatre autres coups de feu. Meursault ne manifeste aucun regret, et reste muet. Le juge, lui, est fébrile. Il invoque Dieu et le Christ et brandit un crucifix. L'instruction, va durer onze mois. Maintenant que l'avocat y assiste, Meursault a l'impression d'en être un peu exclus "Le juge discutait des charges avec mon avocat. Mais en vérité, ils ne s'occupaient jamais de moi en ces moments-là".



Le jour de son arrestation, Meursault se retrouve enfermé avec d'autres prisonniers. Puis très vite, il se retrouve seul dans une cellule. De sa fenêtre, il peut voir la mer. Visite de Marie au parloir. Le bruit des autres conversations de prisonniers couvre les paroles de Marie. Meursault a du mal à se concentrer. Il ne lui répond que par des monosyllabes. Pourtant, il aimerait tant la prendre dans ses bras.
Puis Marie lui envoie une lettre, ce sera l'unique. Meursault souffre au début de cette privation de liberté. La mer lui manque, il a envie de cigarettes, il a des désirs de femme. Puis il s'habitue peu à peu aux privations et ne se trouve "pas trop malheureux". Pour tuer le temps dans sa cellule: il dort, il lit, il songe à ses souvenirs, et lit et relit un fait divers trouvé par hasard sur un vieux morceau de journal sous son matelas. Un soir il se regarde dans le miroir de sa gamelle: "Il m'a semblé que mon image restait sérieuse, alors même que j'essayais de lui sourire."


Le procès aux assises a lieu en juin. "Les débats se sont ouverts avec, au dehors, tout le plein de soleil". Le matin, Meursault se confie à un gendarme et lui avoue l'intérêt qu'il éprouve à assister à un procès. Il n'a jamais eu l'occasion d'y participer. La salle du tribunal est bondée. On se presse pour le voir. Meursault découvre l'assistance depuis son box d'accusé. il y a les jurés alignés comme sur une banquette de tramway, les journalistes, la cour, les témoins. Les rires, la fébrilité qui règne dans cette salle, et les conversations semblent l'exclure : il se sent de trop.



Entrée de la cour. La séance débute par des questions administratives, puis c'est l'énoncé des faits. Le président interroge Meursault sur sa mère, sur le meurtre de l'Arabe. Les témoins défilent les uns après les autres: le directeur de l'asile, le concierge, Thomas Perez. Le tribunal apprend que Meursault n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère, qu'il a refusé de la voir une dernière fois, et qu'il a fumé dans la morgue. La salle est déconcertée, le procureur, lui, savoure sa victoire. Céleste, vient à la barre et peut juste confier que ce qui arrive à Meursault est un "malheur"; il ne peut en dire plus. Harcelée par le procureur, Marie avoue que sa "liaison irrégulière" avec Meursault date du lendemain de l'enterrement, et qu'ils sont allés le soir même de leur rencontre voir un film de Fernandel. Puis elle craque, parce qu'on la forçait à dire le contraire de ce qu'elle pensait. "Le procureur en conclut" que le lendemain de la mort de sa mère, cet homme prenait des bains, commençait une liaison irrégulière et allait rire devant un film comique. Le tribunal accorde ensuite peu d'attention aux témoignages de Masson et de Salamano. Puis l'avocat général révèle à la cour que Raymond est un "souteneur"; Meursault a écrit la lettre qui est à l'origine du drame, il a fourni un témoignage de complaisance en faveur de Raymond: ces deux hommes sont complices, et le crime de Meursault est évidemment un crime crapuleux. Les derniers propos du procureur sont accablants: "J'accuse cet homme d'avoir enterré sa mère avec un cœur de criminel". L'avocat proteste. A la réaction de son avocat, Meursault comprend que le procès tourne mal. Puis l'audience est levée, Meursault regagne sa cellule.


Meursault se sent exclu de ce procès, aussi bien des plaidoiries de son avocat que celles du procureur. Il assiste au procès comme s'il y était étranger. On parle de lui, mais sans jamais lui demander son avis. Quelques points cependant éveillent son intérêt. Ainsi le procureur qui l'accuse d'avoir prémédité son crime: l'indifférence qu'il a manifesté à la mort de sa mère prouve son "insensibilité" . Le procureur va même jusqu'à assimiler son crime à celui du parricide qui sera jugé le lendemain: Meursault est un monstre, qui n'a "rien à faire avec une société" dont il méconnaît "les règles les plus essentielles". Emporté par sa démonstration, le procureur réclame la tête de l'accusé. Le président demande ensuite à Meursault s'il souhaite apporter un commentaire. Pour la première fois, l'accusé demande la parole. Il indique qu'il n'avait pas l'intention de tuer l'arabe et que ce crime a eu lieu à cause du soleil. Il prend conscience du ridicule de la situation: la salle éclate de rire.



L'avocat plaide les circonstances atténuantes. Il vante les qualités morales de Meursault. Mais celui-ci est ailleurs, il ne l'écoute plus; sa vie lui revient en mémoire. Il éprouve une grande lassitude. Puis on s'empresse autour de son avocat pour le féliciter. Pendant les délibérations ce dernier se montre confiant, il croit en un verdict favorable. Une longue attente, un brouhaha, le silence de la salle, enfin le président fait lecture de la condamnation: Meursault aura "la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français".


Meursault refuse pour la troisième fois de voir l'aumônier. Il pense au "mécanisme implacable" qui le conduira à la mort, à ses chances de s'y soustraire. Apprendre qu'une seule fois, la roue s'est arrêtée, que le condamné à mort est parvenu à s'échapper, lui suffirait : "mon cœur aurait fait le reste". Il se souvient de son père qui avait assisté à une exécution capitale. Lui s'il était libre, il irait assister à toutes. Il pense à tous éléments de la mise en scène: la guillotine, l'aube ... Meursault sait que c'est à l'aube que les bourreaux viendront le chercher. Lorsque le matin arrive, il sait qu'il a gagné un jour de sursis supplémentaire. Il lui arrive même de songer à l'éventualité d'une grâce. Cette pensée le remplit d'une joie insensée.



Meursault pense à Marie, qui a cessé de lui écrire, quand l'aumônier pénètre dans sa cellule. La conversation s'engage entre les deux hommes. Les paroles de douceur et d’espoir de l'aumônier mettent Meursault hors de lui. L'aumônier insiste pour que Meursault se repente, mais le condamné à mort lui répond qu'il ne sait même pas ce qu'est le péché. En le quittant l'aumônier indique à Meursault son intention de prier pour lui. Meursault se précipite sur l’aumônier, le saisit au collet et l’insulte. Après son départ, Meursault retrouve le calme et se laisse transporter par la nuit estivale: "Devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine".

AUTEURS et LEURS OEUVRES

  • Louis Aragon (20ème siècle)
  • Samuel Beckett - "En Attendant Godot" (20ème siècle - Théâtre)
  • Eugène Ionesco - "La Cantatrice Chauve", "Rhinocéros" (20ème siècle - Théâtre)
  • Aimé Césaire - "Cahier du Retour au Pays Natal" (20ème siècle)
  • Jacques Prévert - "Paroles" (20ème siècle)
  • Marguerite Yourcenar - "Alexis ou Le traité du Vain Combat" (20ème siècle)
  • André Breton - "Nadja" (20ème siècle)
  • Jean Cocteau - "Les Enfants Terribles" (20ème siècle)
  • Jean-Paul Sartre - "Huis Clos", "Les Mouches", "La Nausée", "Le Mur" (20ème siècle)
  • Albert Camus - "L'Etranger", "La Peste" (20ème siècle)
  • Colette - "Les Séries de "Claudine" (20ème siècle)
  • Guillaume Apollinaire - "Calligrammes" (20ème siècle - Poésie)
  • André Gide - "Les Nourritures Terrestres", "La Symphonie Pastorale", "Les Caves du Vatican", "Les Faux Monnayeurs" (20ème siècle)
  • Paul Verlaine - "Romances Sans Paroles" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Arthur Rimbaud - "Le Dormeur du Val" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Mallarmé - "Poésies" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Charles Baudelaire - "Les Fleurs du Mal", "L'Etranger" (19ème siècle - Symbolisme)
  • Emile Zola - "Germinal", "L'Assommoir", "Thérèse Raquin", La Bête humaine" (19ème siècle, Naturalisme)
  • Guy de Maupassant - "Papa de Simon", "L'Auberge", "Aux Champs", "La Ficelle", "Pierrot", "Toine", "La Bête du Maitre Belhomme", "La Parrure", "La Dot", "La Rempailleuse" (19ème siècle - Réalisme)
  • Alexandre Dumas - "Les Trois Mousquetaires", "Le Comte de Monte Cristo", "La Reine Margot" (19ème siècle)
  • George Sand - "La Petite Fadette", "La Mare au Diable" (19ème siècle)
  • Gustave Flaubert - "Madame Bovary", "Salammbô", "L'Education Sentimentale" (19ème siècle - Réalisme)
  • Honoré de Balzac - "Le Père Goriot", "Eugénie Grandet", La Peau de Chagrin", "Le Colonel Chabert", "Le Lys dans La Vallée", "Illusions Perdues", "Le médecin de Campagne", "Les Chouans" (19ème siècle - Romantisme et Réalisme)
  • Stendhal - "Le Rouge et Le Noir", "La Chartreuse de Parme", "Vie de Rossini" (19ème siècle - Romantisme et Réalisme)
  • Victor Hugo - "Notre Dame de Paris", "Les Misérables", "Le Dernier Jour d'Un Condamné", "Les Orientales", "Hernani", "Cromwell", "William Shakespeare" (19ème siècle - Romantisme)
  • Gérard de Nerval - "Odelettes" (19ème siècle - Romantisme, poésie)
  • Alfred de Vigny - "La mort du Loup" (19ème siècle - Romantisme, poésie)
  • Alfred de Musset - "Les Caprices de Marianne" (19ème siècle - Romantisme, théâtre)
  • Alphonse de Lamartine - "Méditations Poétiques" (19ème siècle - Romantisme, poésie)
  • Bernardin de Saint-Pierre - "Paul et Virginie" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Madame de Staël - "Colline et Delphine", "De l’Allemagne" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Senancour - "Oberman" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Benjamin Constant - "Adolphe" (19ème siècle - Préromantisme)
  • François René de Chateaubriand - "Mémoires d'Outre-Tombe", "René" (19ème siècle - Préromantisme)
  • Le Sage - "Gil Blas de Sentillane" (18ème siècle)
  • Marquis de Sade - "Justine ou Les Malheurs de la vertu", "Les 120 jours de Sodome" (18ème siècle)
  • Choderlos de Laclos - "Les Liaisons Dangereuses" (18ème siècle - Roman Epistolaire)
  • Jean-Jacques Rouseau - "Emile ou de L'Education", "Les Confessions", "Julie ou La Nouvelle Héloïse" (18ème siècle)
  • Voltaire - "Candide", "Zadig", "Micromégas" (18ème siècle)
  • Diderot - "Le Neveu de Rameau" (18ème siècle)
  • Beaumarchais - "Le Barbier de Séville", "Le Mariage de Figaro" (18ème siècle - Théâtre)
  • Marivaux - "Le Jeu de L'Amour et du Hasard" (18ème siècle - Théâtre)
  • Montesquieu - "L'Esprit des Lois", "Les Lettres Persanes" (18ème siècle)
  • Jean Racine - "Andromaque", "Bérénice", "Britannicus", "Phèdre", "Iphigénie" (17ème siècle - Tragédie)
  • Pierre de Corneille - "Le Cid" (17ème siècle - Tragédie)
  • Molière - "L'Avare", "Le Bourgeois Gentilhomme", "Les Précieuses Ridicules", "Dom Juan", "Le Malade Imaginaire", "Tartuffe", "L'Ecole des Femmes", "Amphitryon", "Les Fourberies de Scapin", "Les Femmes Savantes" (17ème siècle - Comédie)
  • Madame de la Fayette - "La Princesse de Clèves" (17ème siècle)
  • Jean de La Fontaine - "Les Fables" (17ème siècle)
  • Joachim du Bellay - "Regrets" (16ème siècle)
  • Pierre de Ronsard - "Sonnets pour Hélène", "Sonnets pour Marie", "Sonnets pour Cassandre" (16ème siècle)
  • Michel de Montaigne - "Les Essais" (16ème siècle)
  • Thomas More - "L'Utopie" (16ème siècle)
  • Erasmes de Rottherdam - "L'Eloge de la Folie", "Les Antibarbares" (16ème siècle)
  • François Rabelais - "Gargantua" , "Pantagruel" (16ème siècle)