MARGUREITE DE NAVARRE
(1492-1549)
Marguerite d'Angoulême, duchesse d'Alençon puis reine de Navarre, soeur de François 1er, joue un rôle important dans l'histoire de la poésie de la Rensaissance. Poète elle-même, elle exerce un grand rayonnement sur les humanistes de son temps. Protectrice de Clément Marot, celui-ci la décrit en ces termes: "Corps féminin, coeur d'homme et tête d'ange".
Très cultivée, elle connait parfaitement l'italien et s'est impregnée de Boccace, Pétrarque et Dante; comme ces deux derniers, elle utilise dans plusieurs de ses pièces la terza rima, succession de tercets dont les rimes s'enchainent ainsi: ABA BCB CDC, etc... Elle est surtout connue aujourd'hui comme l'auteur d'un recueil de contes où l'influence du Decameron de Boccace est évidente. Ces 72 histoires furent réunies après sa mort et publiées en 1558-1559 sous le titre d'Heptaméron; décomposées en sept journées comportant chacune dix nouvelles et une huitième journée, inachevée, comportant deux nouvelles.
Margureitte de Navarre y met en scène un groupe de dix personnes, retenues à la campagne par la crue d'un fleuve et qui décident de se raconter des histoires, à la condition qu'il n'y ait "nulle nouvelle qui ne soit véritable histoire". Ne sachant pas si toutes les nouvelles sont tirées de la réalité, on peut néanmoins se rendre compte qu'elles se situent toutes dans des décors familiers vrais ou vraisemblables. On y parle beaucoup d'amour, sur tous les tons; on y parle beaucoup de religion aussi; Marguerite est protestante et n'épargne pas les traits satiriques contre le clergé catholique. A la fin de chaque histoire, elle place dans la bouche des conteurs des commentaires souvent nourris de citations de l'Evangile. La diversité du ton de l'Heptaméron illustre les contradictions d'une époque qui se cherche: la gaillardise gauloise se mêle au raffinement italien, l'enthousiasme humaniste à la ferveur évangélique.