ALFRED de VIGNY (1797-1863)
On lui a souvent reproché d’être un poète hautin, de s’être isolé dans un tour d’ivoire. On a souvent dit qu’il a composé rarement de beaux vers. En effet, il n’est pas aussi doué et fécond que Lamartine et Hugo mais il est surtout préoccupé de la densité de la pensée et de la forme (dimension philosophique), il existe en lui un critique qui se juge et se contrôle. On a souvent parlé de l’inactualité de Vigny. Il a repoussé toute forme d’engagement. Il a voulu préserver sa solitude, son indépendance, il veut rester à l’écart des mêlées politiques et sociales. Cependant il est actuel, par sa peinture de la condition morale et métaphysique de l’homme, par sa vision de l’être et du monde. Il a débuté comme romantique, il éprouve le mal du siècle. Chateaubriand est son maitre par la mélancolie. Il a donné des ouvrages du genre romanesque, poétique et dramatique. Il a traduit Shakespear.
Les poèmes de Vigny sont rangés en trois livres:
Livre mystique (Moise, Eloa, Le Déluge)
Livre antique
Livre moderne
La révolution de 1830 est une date grave pour Vigny, Lamartine et beaucoup d’autres. Sous les problèmes politiques et sociaux, il éprouve une crise de conscience. Il est hanté par la misère sociale. Les critiques voient en lui un poète philosophe. Il réfléchit sur la condition humaine, à partir de 1840 il s’enferme au Chateau du Maine Giraud dans un silence définitif. Il adopte un système moral. C’est un pessimiste janséniste et stoicien. L’homme lui apparait comme la victime d’une condamnation mystérieuse dont il ne saura jamais les motifs. Il ne peut pas s’échapper au destin, ni être consolé ou soutenu dans cette misère par quelque force. (Dieu ne le réconforte pas).
Dieu reste sourd à ses appels. La nature est une marâtre, l’amour un mensonge. Les philosophes ignorent tout. L’homme se résigne donc à vivre dans la solitude et le silence.
Vigny a rêvé d’une poésie pure. Il est l’initiateur du symbolisme. Le symbole est nécessaire pour mettre la pensée dans le langage.
LES DESTINEES de VIGNY►
Le recueil commence par le poème “Les Destinées” qui donne son nom à l’ouvrage et où Vigny pose le problème de la condition humaine: avec ses misères et son ignorance, l’humanité est-elle soumise à une fatalité qui nous interdit toute espérance et rend vains nos efforts?
Vigny commencera par envisager “LE MAL SOCIAL” dans les problèmes de la politique, des races, de la civilisation, de l’amour et du devoir.
Puis Vigny envisagera “LE MAL PHILOSOPHIQUE”► l’homme vit dans l’incertitude de son avenir, dans l’ignorance de son destin. L’homme est abandonné à lui-même par la divinité.
Après le pessimisme des premiers poèmes qui se révoltent contre “LE MAL SOCIAL et PHILOSOPHIQUE”, Vigny trouvera une solution à la misère et à l’ignorance de l’homme► un avenir brillant attend l’homme, c’est la route lumineuse de la science, de la pensée et du progrès. Le poète fait donc confiance à la civilisation qui permettra à l’homme de vaincre la misère de sa condition. De ce point de vue, on peut dire que Vigny suit la voie des philosophes du XVIIIème siècle.
Ce sont les angoisses et les espérances de Vigny qui donnent naissance au message philosophique des DESTINEES. Son oeuvre exprime à la fois un pessimisme stoique et la volonté de croire à un possible progrès de l’humanité.