LE ROI ARTHUR
L’ORIGINE DU ROI ARTHUR
La Bretagne -actuelle Grande Bretagne- est, comme le reste de l'Europe, occupée depuis des siècles par les romains: cette conquête a débuté en 43 après JC. Une partie de la population autochtone devient " romano-bretonne ": elle est très bien romanisée tant au niveau de la culture que de la religion, et l'armée comprend de nombreux mercenaires bretons. Seules les tribus celtes vivant dans des contrées difficiles d'accès restent à dominante païenne. La situation est donc comparable à celle de la Gaule avec ses gallo-romains.
Mais, comme en Gaule avec ses goths, francs ou burgondes, cette province est victime d'invasions de la part:
►de tribus barbares germaniques; angles, jutes, saxons et frisons attaquent l'est du pays,
►de tribus venant d'Irlande ou du nord du pays; pictes, irlandais et scots assaillent le nord et l'ouest de la province.
Ces tribus mènent des raids de plus en plus fréquents, et les légions romaines sont débordées.
Face aux invasions généralisées sur tout l'empire romain, l'empereur Honorius décide dès le début du Ve siècle d'abandonner la Bretagne qui est trop difficile à protéger; les " romano-bretons " sont donc appelés à se défendre seuls. Les anciennes structures héritées de la société romaine sont malmenées par ces invasions. Une résistance de la population "romano-bretonne" s'organise progressivement; elle souffre au début d'un manque d'union, et c'est dans ce contexte que des chefs de guerre émergent. Ces derniers sont souvent issus de l'ancienne aristocratie romaine, et sont donc de grands propriétaires fonciers, base originelle de la future classe féodale.
Parmi ces chefs, un certain Artus ou Artorius aurait existé durant la seconde moitié du Ve siècle et le début du VIe: celui-ci serait parvenu à unifier provisoirement les romano-bretons dans leur lutte contre les barbares irlandais, pictes et saxons. Les sources qui le mentionnent sont rares, mais laissent apparaître les éléments suivants;
il aurait été nanti du titre d'Imperator (commandant en chef), il aurait remporté environ 12 batailles, il aurait combattu avec des cavaliers, contre des forces barbares comportant une majorité de fantassins. La légende idéalisera plus tard cette chevalerie médiévale avec ses "chevaliers de la table ronde ".
Selon la légende, il serait mort dans l'Ile d'Avalon (Abbaye de Glastonbury) ou il s'est réfugié chez sa soeur Morgane après son combat contre son neveu Mordred.
LE MYTHE D'ARTHUR
La légende arthurienne est alimentée dès le VIème siècle par des récits populaires en Pays de Galle et en Irlande, puis les allusions à ce mythe se multiplient dans les textes latins dès le IXème siècle.
Le roi d'Angleterre Henri I (1100 - 1135) désirant rallier les Celtes de son royaume et pacifier ses nouvelles conquêtes en Pays de Galle utilise à son profit la légende arthurienne. L'épopée arthurienne circule alors dans tout le pays sous forme de lais, puis en Europe: Chrétien de Troyes y fait allusion en France en 1120 dans "Conte del Graal". Le Plantagenêt exploite donc la légende du roi Arthur pour se constituer une ascendance glorieuse, dans un but de légitimisation politique.
Entre 1170 et 1180, la littérature arthurienne connaît une immense ferveur. C'est l'époque des grands romans évoquant Tristan. Les gens d'église se plaignent d'ailleurs de l'intérêt que les moines portent à ces sujets profanes. La légende arthurienne s'organise alors en oeuvres cycliques; elles ont pour ambition de relater en prose la chronique totale de la Bretagne depuis les temps évangéliques jusqu'à la mort d'Arthur. Le 1er romancier cyclique est Robert de Boron (vers 1190). C'est lui qui introduit le Graal comme étant le récipient qui a recueilli le sang du Christ, puis associe le saint sang à une sainte lance.
LA LITTERATURE ARTHURIENNE
La littérature arthurienne cultive les mystères de la féerie celtique, elle fait une large part à l'amour courtois, elle met en valeur le prestige du cérémonial courtois, elle glorifie la loyauté et le dévouement du roi Arthur et introduit les valeurs de code de la Chevalerie. Le Roi Arthur est présenté comme un souverain idéal qui entretient avec ses chevaliers (Yvain, Lancelot, Perceval, ...) des relations parfaites en siégeant autour de la "Table Ronde".
LA LEGENDE DU GRAAL
La coupe du Graal aurait été taillée par les anges dans une émeraude tombée du front de Lucifer lors de sa chute. Elle aurait ensuite été confiée à Adam, qui l'aurait perdu après le péché originel, puis Seth l'aurait retrouvé, et de là elle serait parvenue jusqu'au Christ. Joseph d'Arimathie aurait récupéré le calice de la Cène (le dernier repas du Christ) et l'aurait amené jusqu'en Bretagne, en passant, entre autres, par la forteresse de MontSégur, dernier fief cathare. A partir de la Bretagne, serait partie la Quête du Graal (Arthur et ses amis) qui aurait aboutie entre autres en Armorique.