PHILIPPE DE COMMINES
Il est né en 1445, à Ypres, d'une riche famille bourgeoise. Il s'attacha de bonne heure au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, et devint son chambellan; son confident et son diplomate. En 1472, il trahit son maitre et passa au service de Loui XI qui le combla de faveurs et d'argent. Il dirigea jusqu'à la mort du roi la diplomatie de la France. Tenu à l'écart par les successeurs de Louis XI, sauf au moment de la guerre d'Italie, il eut à soutenir de nombreux procès qu'il perdit. Il se consola de ces revers en écrivant ses Mémoires; il mourut en 1511.
Les Mémoires de Commines se composent de deux parties très différentes. Les six premiers livres racontent l'histoire de 1466 à 1483 et en particulier, la rivalité de Loui sXI et de Charles le Téméraire. Les deux derniers livres, écrits par Commines à la fin de sa vie, racontent la guerre d'Italie.
Commines est un véritable historien. Doué d'une intelligence sagace d'homme d'affaires, il excelle à voir clair dans les consciences et à débrouiller les événements compliqués. Il prend la peine de s'informer copieusement, exactement, et il cite ses sources. Au reste, tempérament équilibré parce qu'il est froid, il est incapable de se laisser égarer par la passion. Aussi, son histoire est en général exacte dans ce qu'elle dit. Mais elle ne dit pas tout. Commines nous cache bien des choses concernant son rôle personnel; diplomate de profession, il est resté diplomate avec ses lecteurs, et il se garde de leur dire ce qui pourrait les indisposer contre lui.
Commines conçoit l'histoire comme une oeuvre morale: il veut tirer du récit des événements des leçons pour les princes et les chefs d'Etat. Il leur recommande la défiance d'eux-mêmes, de leurs amis, de leurs proches et de la fortune; la ruse qui arrive à ses fins plus sûrement que la violence; l'usage de l'argent pour gagner les coeurs. Sa morale politique ressemble fort à celle de Machievel, avec quelque chose de plus mesuré et de plus cauteleux. Avec cela, Commines est très sincèrement chrétien; il voit dans tous les événements du monde la main de la Providence et sa foi l'incline à les accepter et à les justifier.
Commines n'a pas l'agrément de Froissart; il est sec, dédaigneux de tout ornement de style, uniquement préoccupé de dire ce qui est, comme un chologue à outrance, d'une manière fatiguante par sa minutie. Quand il a expliqué, il enseigne: le moraliste n'en finit pas de considérations profondes, d'exhortations et de sermons. Mais la pensée est solide; c'est celle d'un homme supérieur qui a vécu et qui a réfléchi. L'expression est claire; ça et là elle brille d'une trouvaille colorée et vigoureuse, ou elle s'éclaire plus discrètement d'une lueur d'ironie. Les portraits ramassés et concentrés ont beaucoup de relief et de force. "Commines est le premier en date des écrivains français modernes".
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