OEUVRES DE CLEMENT MAROT
L'ADOLESCENCE CLEMENTINE
Ce premier recueil de ses oeuvres (poésies de circonstances, épitres) a un succès tel que Marot le fait suivre en 1534 d'une suite de l'adolescence. Parmi les oeuvres majeures qu'il contient, il faut citer: Le temple de Cupidon, poème inspiré de Roman de la Rose. L'influence de son père et des rhétoriqueurs y est sensible.
Les épitres sont les pièces les plus remarquables de ce recueil, car Marot a su renouveler ce genre totalement conventionnel: les Epitres Au roi pour sa délivrance et Au roi pour avoir été dérobé sont les plus réussies.
EPITRE A SON AMI LYON
Elle a été écrite en 1526 sous forme de fable et n'a pas été publiée dans l'adolescence clémentine. Marot y demande à son ami Jamet Léon (= Lyon) d'intervenir auprès de François Ier pour le faire libérer (il a mangé du lard malgré le jeûne de Carême).
L'ENFER
C'est un poème de près de 500 vers qui n'a pas non plus été publié dans le recueil général parce qu'il était trop critique envers l'autorité, l'organisation des prisons et les gens d'église.
PSAUMES
Dès son retour à Paris, après son exil de Ferrare, Marot traduit 30 psaumes de David mis en rimes françaises. La Sorbonne ne réagit qu'un peu plus tard, après une rédaction de l'Enfer: Marot s'exile à Genève où il publie, avec l'aide de Calvin, 20 nouveaux psaumes.
RONDEAU PARFAIT A SES AMIS APRES SA DELIVRANCE
En liberté maintenant me promène,
Mais en prison pourtant je fus cloué :
Voilà comment Fortune me démène.
C’est bien, et mal. Dieu soit de tout loué.
Les Envieux ont dit que de Noé
N’en sortirais : que la Mort les emmène !
Malgré leurs dents le nœud est dénoué.
En liberté maintenant je me promène.
Pourtant, si j’ai fâché la Cour romaine,
Entre méchants ne fus oncq alloué.
Des biens famés j’ai hanté le domaine ;
Mais en prison pourtant je fus cloué.
Car aussitôt que fus désavoué
De celle-là qui me fut tant humaine,
Bientôt après à saint Pris fus voué :
Voilà comment Fortune me démène.
J’eus à Paris prison fort inhumaine,
A Chartres fus doucement encloué ;
Maintenant vais où mon plaisir me mène.
C’est bien, et mal. Dieu soit de tout loué.
Au fort, Amis, c’est à vous bien joué,
Quand votre main hors du parc me ramène.
Ecrit et fait d’un cœur bien enjoué,
Le premier jour de la verte Semaine,
En liberté.
Le poème ci-dessus est intéressant dans la mesure où il est très révélateur de la place qu'occupe Marot dans la littérature du XVIème siècle: restant fidèle à des formes poétiques difficiles, il y apparait comme un intermédiaire entre les Rhétoriqueurs du XVème siècle et une poésie plus légère, plus classique. Rappelons que le rondeau apparait vers 1250 au nord de la Loire et que son nom vient de la danse, plus exactement de la ronde. C'est un poème à l'architecture très stricte, composé de plusieurs strophes de quatre vers. Ce rondeau a été écrit en 1526; Marot avait "mangé du lard en carême" et il avait été emprisonné pour cela à Paris puis à Chartes, où il avait été libéré le 1er mai sur ordre de François Ier. Il s'agit d'un rondeau redoublé, forme particulièrement difficile.
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