CLEMENT MAROT 1496 - 1544)
Marot est le premier en date des poètes du XVIème siècle. C'est une figure charnière: s'il s'inspire encore parfois des modèles rhétoriques de la fin du Moyan-Age, son oeuvre, plus simple, plus classique, plus élégante, marque pourtant un tournant décisif dans la poésie française, vers la modernité.
Clément Marot est né en 1496 à Cahors dans le Quercy. Son père, Jehan Marot, est un poète célébre appartenant à une école de Rhétoriqueurs fidèles aux modèles du Moyen-Age. Il l'emmenera à la cour d'Anne de Bretagne et de Louis XII. Clément Marot commence avec peu de conviction et de sérieux des études de droit. Il compose quelques oeuvres conventionnelles mais aussi des épitres, remarquées par le nouveau roi, François I.
En 1518, il devient secrétaire de Marguerite de Navarre, la soeur de François Ier. Il dédie à une certaine Anne (sans doute Anne d'Alençon, nièce de Marguerite) des poèmes inspirés d'un amour platonique. C'est à cette époque aussi que Marot s'ouvre et s'influence de la Renaissance italienne.
La culture humaniste qu'il découvre ainsi le séduit: il s'exerce à traduire Virgile et Ovide. Comme les humanistes, Marot essaie de retrouver dans leur version originale les textes littéraires, mais aussi les textes sacrés. Ce dernier point explique son intérêt pour la Réforme. Il finit donc par avoir des ennuis avec la Sorbonne, qui est la faculté de la théologie de Paris.
En 1526 et en 1527, il est emprisonné pour avoir brisé le jeûne. Le roi le fait chaque fois libérer. Marot fait publier en 1532 un recueil de ses oeuvres, L'adolescence clémentine, qui connait un vif succès.
En 1534, il est compromis, sans doute à tort, dans l'Affaire des placards: des écrits anti-religieux sont affichés (placardés) jusque sur la porte de la chambre de François Ier, à Amboise. Le roi réagit violemment et Marot doit s'exiler. Il part en Province d'abord, puis fuit à Ferrare, en Italie. Il ne peut rentrer en France qu'après avoir abjuré ses tendances réformistes en 1536. Sa traduction des Pasaumes le rend à nouveau suspect; par crainte, il s'exile à Genève, déjà dominée par l'austère Calvin. Le mode de vie de Marot choque à Genève aussi, et il passe en Italie. Il meurt à Turin en 1544.
Pour ses débuts poétiques, Marot n'est pas l'imitateur du style très conventionnel des Grands Rhétoriqueurs. Sa vie à la cour le contraint également à rédiger un bon nombre de poèmes de circonstances et d'oeuvres de commande. Mais il s'empare très vite du genre de l'épitre, pour le marquer de sa personnalité. Il y brille par son humour, élément jusque-là absent de ce genre et obtient les faveurs du roi.
Lorsqu'il est emprisonné, au lieu de faire appel à la pitié du roi et de se lamenter sur son sort, il présente sa captivité comme un séjour un peu particulier dans un lieu particulier. Cet humour et sa passion pour les jeux de mots (sur son propre nom par exemple) ont fait de Marot un poète spirituel et apprécié, de Rabelais par exemple.
Mais ce poète badin, léger pouvait également être très sérieux comme le montre sa traduction des Psaumes: Marot a transposé ceux-ci pour qu'ils puissent être chantés. Il a inventé des structures rhytmiques qui constitueront un répertoire pour ses successeurs. Pour ses épitres Marot a choisi le vers de dix pieds, ou décasyllabe.
Clément Marot est à la fois un héritier du Moyen-Age qui ne veut pas rompre avec tout ce que lui ont légué ses pères et un humaniste qui cultive les lettres antiques. Autour du poète s'est créée une école marotique contre laquelle s'est trop vite insurgée la Pléiade, qui n'y voyait qu'un culte de la tradition. L'oeuvre de Marot a longtemps souffert d'être à la jonction entre deux époques, mais on y reconnait maintenant le talent d'un précurseur.
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