(Enfermée dans un couvent, Marianne, une religieuse portugaise, écrit à son amant, un officier français qui l’a abandonnée.)
Cependant je ne me repens point de vous avoir adoré, je suis bien aise que vous m'ayez séduite; votre absence rigoureuse, et peut-être éternelle, ne diminue en rien l'emportement de mon amour: je veux que tout le monde le sache, je n'en fais point un mystère, et je suis ravie d'avoir fait tout ce que j'ai fait pour vous contre toute sorte de bienséance; je ne mets plus mon honneur et ma religion qu'à vous aimer éperdument toute ma vie, puisque j'ai commencé à vous aimer.
Je ne vous dis point toutes ces choses pour vous obliger à m'écrire. Ah! ne vous contraignez point, je ne veux de vous que ce qui viendra de votre mouvement, et je refuse tous les témoignages de votre amour, dont vous pourriez vous empêcher: j'aurai du plaisir à vous excuser, parce que vous aurez, peut-être, du plaisir à ne pas prendre la peine de m'écrire; et je sens une profonde disposition à vous pardonner toutes vos fautes. Un officier français a eu la charité de me parler ce matin plus de trois heures de vous, il m'a dit que la paix de France était faite: si cela est, ne pourriez-vous pas me venir voir, et m'emmener en France? Mais je ne le mérite pas, faites tout ce qu'il vous plaira, mon amour ne dépend plus de la manière dont vous me traiterez.
Depuis que vous êtes parti, je n'ai pas eu un seul moment de santé, et je n'ai aucun plaisir qu'en nommant votre nom mille fois le jour; quelques religieuses, qui savent l'état déplorable où vous m'avez plongée, me parlent de vous fort souvent; je sors le moins qu'il m'est possible de ma chambre, où vous êtes venu tant de fois, et je regarde sans cesse votre portrait, qui m'est mille fois plus cher que ma vie. Il me donne quelque plaisir: mais il me donne aussi bien de la douleur, lorsque je pense que je ne vous reverrai peut-être jamais; pourquoi faut-il qu'il soit possible que je ne vous verrai peut-être jamais? M'avez-vous pour toujours abandonnée? Je suis au désespoir, votre pauvre Mariane n'en peut plus, elle s'évanouit en finissant cette lettre. Adieu, adieu, ayez pitié de moi.
Gabriel de Guilleragues Lettres de la religieuse portugaise, « Seconde lettre » (1169)
LETTRES DE NAPOLEON & JOSEPHINE
Le 21 avril 1795, le général Bonaparte se fiance à Désirée Clary future reine de Suède. Mais en octobre 1795, il croise dans un salon parisien Joséphine de Beauharnais. La femme de 32 ans, que l'on dit belle et à l'aise en société, charme l'officier. Napoléon rompt alors ses fiançailles, non sans quelque remord, et épouse civilement Joséphine, alors veuve et mère de deux enfants, le 9 mars 1796. Les premières années d’amour entre Joséphine et le général le plus puissant de France ont été marquées par une passion pratiquement inégalée. "Mon mari ne m'aime pas, il m'adore, je crois qu'il deviendra fou". Voilà les quelques mots qu'écrit Joséphine en 1796 à propos de Bonaparte. Adressée à son amie Madame Tallien, cette lettre a été écrite par l'impératrice quelques mois après son mariage avec Bonaparte. Couronnée impératrice le 2 décembre 1804 lorsque Napoléon devient Napoléon 1er Empereur des Français, Joséphine n'en reste pas moins peu attachée à son mari. Elle multiplie les amants et les conquêtes, surtout lors des campagnes de Napoléon. En 1809, Napoléon, qui a atteint sa quarantième année se dit lassé de ne pas avoir de descendance. Apprenant qu'il n'est finalement pas stérile, il décide de contraindre sa femme au divorce le 15 décembre. Le 2 avril 1810, il épouse en secondes noces Marie-Louise d'Autriche qui lui donne un héritier moins d'un an après. Toutefois, la nombreuse correspondance entre Napoléon et Joséphine témoigne de son affection et continue bien après leur séparation. Joséphine se retire au château de la Malmaison. Elle meurt de pneumonie le 29 mai 1814.
Lettre de Napoléon à Joséphine
7 heures du matin
Je me réveille plein de toi. Ton portrait et le souvenir de l'énivrante soirée d'hiers n'ont point laissé de repos à mes sens. Douce et incomparable Joséphine, quelle effet bizzare faite vous sur mon coeur ! Vous fâchez-vous ? Vous vois-je triste ? Êtes-vous inquiète ? mon âme est brisé de douleur, et il n'est point de repos pour votre ami... Mais en est-il donc davantage pour moi, lorsque, me livrant au sentiment profond qui me maîtrise, je puise sur vos lèvres, sur votre coeur, une flame qui me brûle. Ah ! c'est cette nuit que je me suis bien aperçu que votre portrait n'est pas vous ! Tu pars à midi, je te verai dans 3 heures. En attendant, mio dolce amor, reçois un millier de baisé ; mais ne m'en donne pas, car il brûle mon sang. Chanceaux, le 24 ventôse, en route pour l'armée d'Italie
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