LA MORALE DANS LA LITTERATURE DU 17EME SIECLE
Le 17ème siècle, soucieux des bons usages, des règles et des codifications, définit un art, un idéal de vie en société fait de souplesse et d'intelligence, de mesure et d'adaptation, qui s'incarne dans le personnage de "l'honnête homme". Un "honnête homme" au siècle de Louis XIV est un homme du monde qui fréquente la bonne société, les salons où l'on brille par la conversation, la cour où l'on fait bonne figure en toutes circonstances. C'est un homme raffiné, cultivé, élégant, sociable. Un homme comme on en rencontre rarement. Et les moralistes le savent et le font savoir en montrant et en dénonçant, à l'inverse, tous les comportements lâches, serviles, hypocrites, empruntés, raides et ridicules qui semblent caractériser la nature humaine quand la littérature fait la morale.
JEAN DE LA BRUYERE
Jean de La Bruyère, issu de la bourgeoisie parisienne, est le protégé d'une famille de la haute noblesse, les Condé. Observateur de la cour, admirateur des auteurs antiques, imitateur et traducteur du Grec Théophraste, il est l'auteur des Caractères de Théophraste traduits du grec avec les Caractères ou Moeurs de ce siècle. Cet ouvrage, publié anonymement, rencontre immédiatement un très grand succès. Observateur de la Cour, de La Bruyère en propose une vision tantôt amusée critique qu'il présente sous forme de saynètes de la vie à Versailles et de portrait de courtisans, ou comme ici par le biais d'un genre à la mode: la maxime...
► L'on est petit à la cour, en quelque vanité que l'on ait, on s'y trouve tel; mais le mal est commun, et les grands mêmes y sont petits.
► La province est l'endroit d'où la cour, comme dans son point de vue, parait une chose admirable: si l'on s'en approche, ses agréments diminuent, comme ceux d'une perspective que l'on voit de trop près.
► Il faut qu'un honnête homme ait tâté de la cour: il découvre en y entrant comme un nouveau monde qui lui était inconnu, où il voit régner également le vice et la politesse, et où tout lui est utile, le bon et le mauvais.
► La cour est comme un édifice bâti de marbre: je veux dire qu'elle est composée d'hommes fort durs, mais fort polis.
FRANÇOIS DE LA ROCHEFOUCAULD
Le duc de La Rochefoucauld appartient à la haute noblesse. Il fait une carrière militaire et fréquente la Cour. "Frondeur", il complote avec l'aristocratie jalouse de ses privilèges, contre le pouvoir monarchique. F. de La Rochefoucauld est l'une des victimes de la répression, son château est rasé. Ses maximes, amères et pessimistes, sont d'abord diffusées dans les salons puis elles paraissent précédées de cet avertissement: "L'auteur expose au jour toutes les misères de l'homme, mais c'est de l'homme abandonné à sa conduite qu'il parle et non pas du chrétien".
► On n'aime point à louer et on ne loue jamais personne sans intérêt. La louange est une flatterie habile, cachée et délicate qui satisfait différemment celui qui la donne et celui qui la reçoit: l'un la prend comme une récompense de son mérite; l'autre la donne pour faire remarquer son équité et son discernement.
► Nous choisissons souvent des louanges empoisonnées qui font voir par contrecoup, en ceux que nous louons, des défauts que nous n'osons découvrir d'une autre sorte.
► On ne loue d'ordinaire que pour être loué.
► Peu de gens sont assez sages pour préférer le blâme qui leur est utile à la louange qui les trahit.
► Il y a des reproches qui louent et des louanges qui médisent.
► Le refus de louanges est un désir d'être loué deux fois.
► La flatterie est une fausse monnaie qui n'a de cours que par notre vanité.
► L'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu.
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