« LES PHILOSOPHES » DE CHARLES PALISSOT
Cydalise►
J'avais des préjugés qui dégradaient mon être ;
vainement ma raison voulait s' en dégager,
l' habitude bientôt venait m' y replonger.
Les plus vaines terreurs me déclaraient la guerre,
je croyais aux esprits, j' avais peur du tonnerre,
je rougis devant vous de ces absurdités,
mais on nous berce enfin de ces frivolités,
et leur impression n' en est que plus durable.
Notre éducation, frivole, méprisable,
loin de nous eclairer sur le vrai, ni le faux,
n' est que l' art dangereux de masquer nos défauts.
Mes yeux se sont ouverts, hélas ! Trop tard peut-être !
à ces hommes divins, je dois un nouvel être.
Le hazard présidait à mes attachemens,
j' étais aux petits soins avec tous mes parens,
et les dégrés entre eux réglaient les préférences.
Cet ordre s' étendait jusqu' à mes connoissances.
J' avais tous ces travers, beaucoup d' autres encor ;
enfin mes sentimens ont pris un autre essor.
Mon esprit épuré par la philosophie
vit l' univers en grand, l' adopta pour patrie,
et mettant à profit ma sensibilité,
je ne m' attendris plus que sur l' humanité.
Damis►
Je ne sais, mais enfin dussé-je vous déplaire,
ce mot d'humanité ne m' en impose guére,
et par tant de fripons je l'entens répéter,
que je les crois d' accord pour le faire adopter.
Ils ont quelque intérêt à le mettre à la mode.
C' est un voile à la fois honorable et commode,
qui de leurs sentimens masque la nullité,
et prête un beau dehors à leur aridité.
J'ai peu vû de ces gens qui le prônent sans cesse,
pour les infortunés avoir plus de tendresse,
se montrer, au besoin des amis, plus fervens,
être plus généreux, ou plus compatissans,
attacher aux bienfaits un peu moins d' importance,
pour les défauts d' autrui marquer plus d' indulgence,
consoler le mérite, en chercher les moyens,
devenir, en un mot, de meilleurs citoyens;
et pour en parler vrai, ma foi, je les soupçonne
d' aimer le genre humain, mais pour n' aimer personne.
ACTE II, SCÈNE 5
UN PHILOSOPHE FICHÉ PAR LA POLICE
Nom: Diderot
Profession: auteur
Âge: 36 ans (en 1749)
Natif de: Langres
Signalement: taille moyenne, visage agréable
Demeure: place de l’Estrapade (Paris) chez un tapissier
Origine: fils d’un coutelier de Langres
C’est un garçon plein d’esprit mais extrêmement dangereux. Il a fait les “Pensées Philosophique” et d’autres livres de genre. Il travaille à un dictionnaire encyclopédique. Le 24 juillet 1749, il a été arrêté et conduit à la prison de Vincennes comme auteur de livres contre la religion, dont il parle avec mépris, et contre les bonnes moeurs.
D’après François Moureau,
le roman vrai de l’Encyclopédie
LE «POISON DES PHILOSOPHES»
Les philosophes se sont élevés en précepteurs du genre humain. Liberté de penser, voilà leur cri, et c ecri s’est fait entendre d’une extrémité du monde à l’autre. D’une main, ils ont tenté d’ébranler le Trône; de l’autre, ils ont voulu renverser les Autels. La révolution s’est pour ainsi dire opérée… Histoire, romans, jusqu’aux dictionnaires, tout a été infecté par le venin philosophique. A peine ces écrits sont-ils devenus publics dans la capitale, qu’ils se répandent et comme un torrent dans les provinces; la contagion a pénétré dans les ateliers et sous les chaumiers.
D’après un discours de Séguier,
avocat général au Parlement de Paris, 1770.
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