Évêque MaurIce de SULLY
(1120 – 1196)
Né en 1120 à Sully, d’une famille de serfs des bords de Loire, le jeune Maurice bénéficia de l’enseignement des moines bénédictins de l’abbaye de Fleury. Devant ses aptitudes et sa foi ardente, les moines l’envoyèrent poursuivre ses études ecclésiastiques dans ces écoles parisiennes renommées dans toute la chrétienté d’Occident; c’est là qu’il fut étudiant en compagnie du futur roi Louis VII avec qui il devint ami. Clerc puis professeur, maître en théologie, il devint bientôt l’un des prédicateurs les plus réputés de la capitale. En 1160 il fut élu par le Chapitre métropolitain évêque de Paris, ainsi chargé de conduire et de rassembler les fidèles du diocèse de Paris. Durant les trente-six ans de son épiscopat, il gouverna cette Église de Paris avec un zèle d’apôtre, y donnant l’exemple des plus hautes vertus sacerdotales.
Lorsqu’il fut élu sur le siège épiscopal, la cathédrale de Paris, placée sous le vocable de Saint Étienne, était alors un édifice à cinq vaisseaux, large de 35 mètres, long de près de 70 mètres (dimensions exceptionnelles pour une construction du VIe siècle puisqu’elles dépassaient celles des basiliques de Rome, de Jérusalem et de Bethléem). Émerveillé par la construction dans un style nouveau d’autres églises comme celle de Saint Denys et des cathédrales de Sens, Noyon, Laon et Senlis, Maurice de Sully décide que Paris doit se doter d’une cathédrale à nulle autre pareille. En 1163, tout juste trois ans après son élection, il entreprendra le chef-d’œuvre monumental qui immortalisera son nom: la construction de la cathédrale Notre-Dame dont le pape, Alexandre III, en posera la première pierre cette même année. Son ami, le Roi Louis VII, non seulement encourage, mais soutiendra le projet. Pour cette entreprise gigantesque, tous collaboreront: les Chanoines du chapitre cathédral, le clergé, le roi, les nobles, les bourgeois et les manants, les riches et les pauvres, l’architecte, les maîtres, compagnons et apprentis. Maurice de Sully saura fédérer, souhaitant que la grandeur et la beauté du nouvel édifice soient un chemin vers Celui qui est la source de toute beauté et la lumière du monde. Parallèlement à l’édification de la nouvelle cathédrale, de nombreuses églises, abbayes, hospices, léproseries, verront le jour dans le diocèse sous l’impulsion du génie créateur de l’évêque.
Maurice de Sully, de par son prestige, sera le conseiller, le confident de la famille royale. C’est lui qui baptisera le futur Philippe-Auguste. Louis VII, gravement malade, l’appellera à son chevet pour lui dicter ses dernières volontés. Et lorsque le jeune Philippe-Auguste partira pour la troisième Croisade, c’est à Maurice de Sully qu’il confiera la garde du Trésor royal.
En 1196, le grand évêque se retira à l’abbaye de Saint-Victor sur les bords de la Seine, proche du chœur alors terminé de la nouvelle cathédrale. Le chroniqueur d’Achin rapporte l’avoir vu dans l’église de l’abbaye, non assis sur un trône d’évêque, mais dans le chœur, entonnant les psaumes comme les autres clercs. Il mourra à Saint-Victor, le 11 septembre 1196 en récitant le Credo, ayant distribué une partie de ses biens aux pauvres, l’autre pour l’achèvement de la cathédrale chère à son cœur, le reste aux fondations de son épiscopat.
Le Recueil de Maurice de Sully
Maurice de Sully est l'auteur d'un receuil de sermons. Rédigés en latin probablement vers 1170 et diffusés sous cette forme en une trentaine de manuscrits dispersés aujourd'hui dans toute l'Europe occidentale, ces sermons ont été très vite traduits en différents dialectes romans; ils ont été prononcés en langue vulgaire, le peuple ne comprenant plus, depuis des siècles le latin. Ils attestent qu'au millieu de ses tâches multiples de construction, de réorganisation et de représentation Maurice de Sully a gardé un sens pastoral vigilant et attentif. Le recueil est conçu comme un manuel proposant pour les dimanches et les fêtes de l'année liturgique un commentaire de l'évangile. Aux prêtres, ses destinataires, d'en proposer ensuite à leurs fidèles une simple lecture ou une adaptation. L'auteur privilégie le sens historique et surtout moral de l'écriture, il invite à célébrer le mystère du jour et chaque fois à en tirer les conséquences pratiques, par exemple à l'Epiphanie: "admirons la foi des trois païens et imitons la". Pour la rédaction de ses homélies Maurice de Sully s'est inspiré de Richard de Saint-Victor, lui-même tributaire de Grégoire le Grand. Ainsi près de sept siècles après avoir été donné, l'enseignement papal monnayé par un chanoine victorin continue à exercer son influence et à nourrir, le dimanche la foi des fidèles.
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