DIVERS POEMES DE CHRISTINE DE PISAN
SEULETTE SUIS…
Seulette suis et seulette veux être,
Seulette m’a mon doux ami laissée,
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis en langueur mésaisée,
Seulette suis plus que nulle égarée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis à huis ou à fenêtre,
Seulette suis en un anglet muchée,
Seulette suis pour moi de pleurs repaître,
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien n’est qui tant me siée,
Seulette suis en ma chambre enserrée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis partout et en tout être,
Seulette suis, où je vais où je siée,
Seulette suis plus qu’autre rien terrestre,
Seulette suis, de chacun délaissée,
Seulette suis, durement abaissée,
Seulette suis souvent toute épleurée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Princes, or est ma douleur commencée:
Seulette suis de tout deuil menacée,
Seulette suis plus tainte que morée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette m’a mon doux ami laissée,
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis en langueur mésaisée,
Seulette suis plus que nulle égarée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis à huis ou à fenêtre,
Seulette suis en un anglet muchée,
Seulette suis pour moi de pleurs repaître,
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien n’est qui tant me siée,
Seulette suis en ma chambre enserrée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis partout et en tout être,
Seulette suis, où je vais où je siée,
Seulette suis plus qu’autre rien terrestre,
Seulette suis, de chacun délaissée,
Seulette suis, durement abaissée,
Seulette suis souvent toute épleurée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Princes, or est ma douleur commencée:
Seulette suis de tout deuil menacée,
Seulette suis plus tainte que morée,
Seulette suis sans ami demeurée.
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JE NE SAIS COMMENT JE DURE
Je ne sais comment je dure,
Car mon dolent coeur fond d'ire
Et plaindre n'ose, ni dire
Ma douloureuse aventure,
Ma dolente vie obscure.
Rien, hos la mort ne désire;
Je ne sais comment je dure.
Et me faut, par couverture,
Chanter que mon coeur soupire
Et faire semblant de rire;
Mais Dieu sait ce que j'endure.
Je ne sais comment je dure
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POUR LE DESIR QUE J'AY DE VOUS VEOIR
Mon doulz ami, vueilliez moy pardonner,
Se je ne puis, si tost com je vouldroye,
Parler a vous, car ainçois ordener
Me fault comment sera, ne par quel voye.
Car mesdisans me vont gaitant
Qui du meschief et du mal me font tant,
Que je ne puis joye ne bien avoir,
Pour le desir que j'ay de vous veoir.
Si pry a Dieu qu'il leur vueille donner
La mort briefment; car leur vie m'anoye,
Pour ce qu'en dueil me font mes jours finer
Sanz vous veoir, ou est toute ma joye
Car ilz se vont entremettant
De moy gaitier nuit et jour, mais pourtant
Ne vous oubli, ce pouez vous savoir,
Pour le desir que j'ay de vous veoir.
Mais ne sçaront ja eulx si fort pener,
Que, maugré tous, bien briefment ne vous voie.
Car tant feray, se g'y puis assener,
Que vous verray, quoy qu'avenir m'en doye,
Et vous feray savoir quant.
Mon doulz ami, deportez vous atant.
Car g'y mettray peine, sachiez de voir,
Pour le desir que j'ay de vous veoir.
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