MARTIAL
Poète latin d'origine espagnole, Martial (vers 40- vers 104) vint achever ses études à Rome où il demeura, menant une vie de flatteur et de quémandeur pour subsister. Par ses épigrammes, il obtint la célébrité et fut l'ami de tous les écrivains de son temps.
Avec l'oeuvre de Martial, le sens du mot "épigramme", va changer: désignant d'abord tout poésie brève, il deviendra synonyme de raillerie satirique. L'oevre de Martial se compose de courtes pièces en vers, qui célèbrent ou, plus fréquemment, attaquent des personnages dont l'évocation prend l'aspect de caricatures.
La seule obligation de l'épigramme est de lâcher le trait mordant à la fin, pour que rien n'en affaiblisse l'effet; le plus souvent aussi le mot de la fin est inattendu ou déguisé, pour piquer la curiosité. Mais en dehors de ces deux règles, Martial s'est appliqué à diversifier le plus possible les dimensions et les procédés de ses petites pièces. Quand le poète se donne plus d'espace, il développe un portrait, une scène, qui s'achève sur une brusque antithèse. Il s'adresse à un ami supposé, à un contradicteur feint; ou fait la leçon à un original.
Quelques épigrammes de Martial (traduction de Pierre Richard)
Contre Vacerra
Tu n'admires, Vacerra, que les anciens et ne loues que les poètes morts. Je t'en demande bien pardon, Vacerra: te plaire be vaut pas de mourir.
En latin, l'épigramme Contre Vacerra:
In Vacerram
Miraris veteres, Vacerra, solos
Nec laudos, nisi mortuos, poetas
Ignoscas petimus, Vacerra: tanti
Non est, ut placeam tibi, perire.
(Livre VIII, 69)
Contre un ami sans humanité
Pour que tes blêmes arbres fruitiers transplantés de Cilicie n'aient pas à craindre la gelée et qu'un vent trop vif ne morde pas ce tendre verger, une serre fait obstacle à la brise et laisse entrer un soleil pur, une lumière sans mélange. Mais à moi on me donne une chambre dont la fenêtre ne ferme pas et dans laquelle Borée lui-même ne voudrait pas rester. C'est ainsi, cruel, que tu installes un vieil ami? Mieux vaudrait pour moi être l'hôte d'un de tes arbres.
(Livre VIII, 14)
A Sparsus
Pourquoi je gagne souvent le petit fond de ma sèche Nomente et le lare modeste de ma maison des champs? Tu me le demandes? Pour le pauvre, Sparsus, par moyen à la Ville, de méditer ni de dormir. Comment tenir, dis-moi, avec les maitres d'école le matin, les boulangers la nuit, et le marteau des chaudronniers tout le jour? Ici, c'est le changeur qui passe son temps à faire sonner sur son sale comptoir de la monnaie au coin de Néron. Là, c'est le batteur de lin d'Espagne qui, de son fléau brillant, l'écrase sur sa pierre usée. C'est sans arrêt, la troupe fanatique des prêtres de Bellone, le naufragé bavard portant, suspendu au cou, sa tirelire, et le juif instruit par sa mère à mendier, et le chassieux débitant d'alllumettes soufrées. Qui peut compter le temps perdu à Rome pour le sommeil dira le nombre de mains qui frappent sur des bassins de cuivre, quand l'éclipse de lune est conjurée par le fuseau de Colchide.
Toi, Sparsus, tu ne connais pas ces misères, tu ne peux pas les connaitre, bien douillet dans le domaine de Pétilius, un vrai royaume, d'où une terrasse domine les sommets à l'entour. Tu as la campagne en pleine ville, ton vigneron est Romain et l'automne n'est pas plus fécond sur les coteaux de Falerne. A l'intérieur de tes portes, tu peux faire des courses en char. Au fond de ton palais, le sommeil et le repos, que ne trouble aucune voix humaine. Et le jour n'y entre qu'avec ta permission.
Moi, les rires des nombreux passants me réveillent et Rome est à mon chevet. Dégoûté, fatigué, quand je veux dormir, je vais à ma campagne.
(Livre XII, 57)
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