JOSÉ MARIA DE HÉRÉDIA
Né à Santiago de Santiago de Cuba, de père cubain et de mère française, José Maria de Heredia étudia à La Havane puis à Paris. Dès 1861, il s'installa définitivement en France et commença à composer des poèmes très influencés par la toute récente école parnassienne qui prônait le réalisme exact et la perfection absolue de la forme. Il publia ses premières œuvres dans diverses revues, puis Leconte de Lisle lui permit de collaborer au Parnasse contemporain (1866). Il fut reconnu très vite comme poète de talent, malgré la rareté de ses publications. En 1893, il regroupa dans "les Trophées" quelque cent dix-huit sonnets.
Les quatre premières parties de ce recueil traitent de l'histoire mondiale depuis les temps helléniques jusqu'à la Renaissance, et la dernière, de la nature et des rêves. Fidèle à la doctrine parnassienne, Heredia avait ciselé à la perfection la forme de ces sonnets, et la thématique «!obligée!» - histoire, légendes et nature - est propice à des descriptions qui sont autant d'exercices de style. Dans tous ses poèmes, Heredia présente en outre les événements dramatiques avec exactitude, évitant tout commentaire personnel et toute implication philosophique. Maître incontesté du sonnet français, il fut élu à l'Académie française en 1894, mais ne produisit plus d'œuvre importante.
ANTOINE ET CLEOPATRE
Tous deux ils regardaient, de la haute terrasse,
L'Égypte s'endormir sous un ciel étouffant
Et le Fleuve, à travers le Delta noir qu'il fend,
Vers Bubaste ou Saïs rouler son onde grasse.
Et le Romain sentait sous la lourde cuirasse,
Soldat captif berçant le sommeil d'un enfant,
Ployer et défaillir sur son cœur triomphant
Le corps voluptueux que son étreinte embrasse.
Tournant sa tête pâle entre ses cheveux bruns
Vers celui qu'enivraient d'invincibles parfums,
Elle tendit sa bouche et ses prunelles claires ;
Et sur elle courbé, l'ardent Imperator
Vit dans ses larges yeux étoilés de points d'or
Toute une mer immense où fuyaient des galères.
(LES TROPHEES)
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