« Le contraste n'est pas un noir et un blanc, un contraire, une dissemblance. Le contraste est une ressemblance ». "Blaise Cendrars"
Le poète, offre ici une nouvelle définition au titre du troisième poème de son recueil « Dix-neuf poèmes élastiques ». Rédigé en majeure partie de 1912 à 1914, ce recueil s'inscrit dans un climat d'avant-guerre. Cendrars est un poète aux antipodes de la convention littéraire, poètique. Il fait de la poèsie une manière de vivre. Le monde est un tout. Au début du XX ème siècle, les arts se mêlent. Ainsi son écriture est-elle intimement liée avec la peinture. Le bouleversement fulgurant des arts et notamment de la poèsie, accompagne celui de la société française. La question qui se pose alors est la suivante: comment Cendrars définit-il sa poèsie dans «Contrastes »? Et en quoi est-elle, selon la description de Léger (peintre français du début du XXe siècle) d'une oeuvre d'art, « significative de son époque » ?
I. La poésie de Cendrars apparaît dans ce poème comme une peinture par les mots
II. Un art qui dépeint l'instant présent et éphémère
III. Une esthétique nouvelle est proposée : une vision kaléidoscopique
Cendrars se moque des conventions morales et de monuments nationaux, voire républicains. La religion elle aussi intervient dans le poème. La « Sorbonne » (v.28), représentation du monde des érudits, s'oppose à celui des Prolétaires. Cendrars prend parti pour ce dernier dans la mesure où la vitalité, la joie exprimées par les couleurs, ne se retrouvent pas dans la prestigieuse école du quartier Latin.
Le fleuve s'assimile au temps. Pour reprendre la célèbre maxime du philosophe grec Héraclite (vers 550 - vers 480) : « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». Le temps qui s 'écoule sans cesse flotte sur le poème. Cette thématique s'exprime premièrement au travers des réformes temporelles que sont « soir » (v.7), « horloges » (v.10), « maintenant » (v.10 et 38), « 24 heures » (v.10), « aprés » (v.10), « retardées » (v.10), « 10 minutes » (v.10), « temps » (v.11), « tous les samedis » (v.17), « de temps en temps » (v.20), « aujourd'hui » (v.23), « jamais » (v.28), et « quand » (v.39).
Le thème de la lumière est omniprésent dans le poème avec: « brillent » (v.2), « lumière » (v.3), « ciel » (v.5), « couleur » (v.6), « incendie » (v.7), « bleue » (v.16), « rouge » (v16), « coquelicot » (v.27), « fleuries » (v.28), « halo » (v.34), « embrasé » (v.37), et « noirs » (v.41). Cette lumière est une richesse. Le troisième vers, « les pierreries de la lumière », confirme l'idée. Le poète associe l'image des pierres précieuses reflètant, assez lourdement, l'aisance économique, à la luminosité. Par ailleurs, les couleurs sont isolées. À la manière de Léger qui influe pour un usage franc et brutal des couleurs, sans brassage, Cendrars les fait s'opposer.
La scène a pour décors le « bistro » (v.15), pour comédiens « les ouvriers » (v.16) portant un costume analogue, une « blouse bleue » (v.16). C'est au plus profond du commun des mortels que se situe l'attraction. Le poète va s'inspirer sur le boulevard empli de vie, de passage, comme le montre le mouvement, au premier vers, des « fenêtres » vers « les boulevards ». Un travail d'observation s'effectue. Les « vitrines » (v.1) connotent l'expostion, soit quelque chose qui s'offre au regard. Le thème de la ville est omniprésent.
Hiç yorum yok:
Yorum Gönder