LA SECONDE REPUBLIQUE EN FRANCE
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Louis-Napoléon Bonaparte |
Le 20 décembre 1848 commence donc la phase de fonctionnement régulier de
"La Seconde République", puisqu'un exécutif conforme à la Constitution se met en place. Son titulaire,
Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de l'empereur, devient le principal personnage de cette histoire. Avec d'abord quelque discrétion ; aussi nous réservons-nous de le présenter plus complètement lorsqu'il commencera à jouer un jeu politique personnel. Un élément pourtant, et même l'élément principal, de son portrait moral est déjà présent : cet homme qui s'est toujours donné, en parole et en acte, comme l'héritier d'un Empire, se plie à la cérémonie solennelle du serment, et jure fidélité à une Constitution formellement contraire à son « destin ». La scène se passe au sein de l'Assemblée constituante et Victor Hugo nous en a laissé le récit et l'atmosphère : les représentants, troublés, ne savent trop s'ils enregistrent là une conversion ou un parjure. Ils applaudissent peu le nouveau président, préférant acclamer Cavaignac, qui dépose dignement le pouvoir, et crier à nouveau « Vive la République ». Lamartine est absent, s'épargnant un affront : quand son nombre de voix, dérisoire, a été proclamé, il y a eu un éclat de rire vengeur sur les bancs de la droite. Marrast préside la séance. On note qu'il appelle; au serment « le citoyen Louis Bonaparte »... mais huit jours plus tard, invité à dîner à l'Élysée, Victor Hugo notera que ce citoyen-président est appelé par ses commensaux « Monseigneur ». et parfois « Votre Altesse ». Tant les rites républicains sont déjà en discordance avec les mœurs de la société redevenue dominante.
Source: "
Maurice Agulhon, 1848 ou l'apprentissage de la République"
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