Dans un livre choc, le journaliste anglais Peter Grumbel dénonce le système français d’éducation, élitiste et passéiste, formidable machine à broyer les élèves et à saper leur confiance en eux.
12 millions d'élèves viennent de faire leur rentrée et, si l'on en croit la lecture du livre de Peter Grumbel, grand reporter pour Time Magazine à Paris et professeur à Sciences Po, les parents ont du souci à se faire. Dans On achève bien les écoliers, l'auteur part d'un constat implacable: 15% des élèves entrant en classe de sixième ne savent pas correctement lire et écrire. 130 000 jeunes quittent l’école chaque année sans diplôme ni qualification. Les jeunes Français n’obtiennent que des scores médiocres lors de tests comparatifs internationaux, et l'égalité des chances en fonction du milieu d'origine n'est absolument pas assurée.
Peur de l'échec, stress, rien ne va plus
Si le diagnostic n'est pas nouveau, Peter Grumbel apporte un regard neuf sur les causes de ces échecs. Selon lui, la "caractéristique qui saute aux yeux de n’importe quel étranger qui découvre les écoles françaises" est "la dictature de la salle de classe". "Les enfants français sont dans l’ensemble plus anxieux et intimidés dans une salle de classe et davantage angoissés par la peur de l’échec. Ils manquent de confiance en eux, même lorsqu’ils connaissent leurs leçons, et éprouvent le sentiment que leurs professeurs ne les aident pas". Peter Grumbel déplore aussi les ravages de la notation, "une culture qui n’hésite pas à mettre 0 à une mauvaise copie, mais ne mettra jamais 20 sur 20 à une excellente. Qui sanctionne chaque individu s’éloignant de la norme commune, plutôt que de valoriser le talent individuel." Passivité des classes, stress des élèves, manie du classement et de la sélection, fréquence des redoublements… "Pourquoi la France est-elle le seul pays au monde à décourager ses enfants au nom de ce qu’ils ne sont pas, plutôt qu’à les encourager en vertu de ce qu’ils sont ?"
Contre la "culture de la nullité"
Pour se débarrasser de cette "culture de la nullité", l'auteur propose 3 axes :
-Changer totalement le système de formation des enseignants. Il est primordial de les former aux "méthodes considérées comme efficaces à l'échelle internationale avec beaucoup d'heures de pratique et de simulation des cours"
-Plus d'autonomie pour les écoles et les enseignants
-Introduction de programmes d'échange des enseignants avec d'autres pays européens pour leur faire prendre conscience d'autres méthodes et d'autres cultures.
Pourquoi en effet ne pas s'inspirer des modèles qui marchent, et faire enfin à l'école sa révolution culturelle ? La Finlande a réussi à transformer son système éducatif avec succès. Selon l'auteur, elle "a utilisé des méthodes intelligentes se concentrant sur le bien-être individuel des élèves, en mettant l’accent sur le professionnalisme des enseignants, fortement encouragé, et en changeant radicalement la relation entre les écoles et les responsables des politiques éducatives". Alors, faut-il accorder toujours autant d'importance aux performances académiques ou faut-il laisser plus de place à l’épanouissement individuel, le développement de la créativité ou le renforcement de la confiance en soi ? Le débat est lancé.
Extrait de http://www.lepetitjournal.com/ vendredi 10 septembre 2010
(Peter Grumbel, On achève bien les écoliers, Grasset)
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